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09H37 - mercredi 6 avril 2016

Israël : La justice, rempart contre la folie

 

Jeudi 24 mars, un soldat israélien abattait d’une balle dans la tête un terroriste blessé, à terre. Selon B’Tselem, ONG israélienne de protection des droits humains, il s’agit d’une « exécution dans la rue, sans loi et sans procès ».

 

Capture d'écran de film de l'exposition Open door to Israel

Capture d’écran de film de l’exposition Open door to Israel


L’opinion publique déchirée

Jeudi 24 mars, à Hébron, deux terroristes attaquent à l’arme blanche des soldats israéliens, touchant l’un d’eux au bras et à l’épaule. Dans le feu de l’action, un des agresseurs est tué, l’autre grièvement blessé. Jusque-là, rien d’exceptionnel. Depuis le mois d’octobre, des faits de ce genre se produisent quotidiennement en Israël. Mais ce jour-là, tout dérape. Un soldat israélien vise de son arme l’homme à terre, presque inerte, et le tue. La vidéo de cette scène, largement diffusée par les télévisions et retransmise sur les réseaux sociaux, a provoqué une onde de choc dans la société israélienne, la divisant entre ceux qui voudraient excuser l’acte du jeune soldat et ceux qui le condamnent. Selon une pétition en ligne, qui a recueilli plus de 56 000 signatures, « un terroriste […] doit savoir qu’il ne rentrera pas vivant à la maison ni dans une prison ». Tandis que les défenseurs des droits humains expriment, eux, leur indignation.

Au sommet de l’État aussi, les camps s’affrontent. Lors du conseil des ministres, de vifs échanges auraient même opposé le chef du gouvernement, Benjamin Netanyahu, et son ministre de l’Éducation, Naftali Bennett. Ce dernier soutenant publiquement « que ce soldat n’est pas un meurtrier » alors que le Premier ministre avait déclaré le jour des faits qu’ils « ne représentaient pas les valeurs de l’armée israélienne ». Le ministre de la Défense, Moshe Yalon, a pour sa part promis que le coupable serait puni « avec la plus grande sévérité ».

Du côté de l’armée, la réaction, sans ambigüité, a été immédiate. La police militaire a arrêté le soldat, aussitôt ouvert une enquête et le procureur révélait, dès le lendemain, qu’il envisageait une inculpation de meurtre. Le chef d’état-major des armées, le général Eizenkot, a déclaré qu’il ne renoncerait pas « à dénoncer la responsabilité des soldats contrevenant aux normes opérationnelles et morales » défendues par Tsahal, ajoutant que « le respect de l’esprit de l’armée israélienne et de ses valeurs n’est pas un droit, mais un devoir ».

Quant à la presse, elle évoque les diverses versions et interprétations – des avocats de la défense, des dirigeants palestiniens, des militants des droits humains, des extrémistes de droite… – et participe au débat sur la question centrale : dans quelles circonstances un soldat doit-il, peut-il, tirer, et comment ?

Que dit la loi à ce sujet ? Pour le professeur Amichai Cohen, chercheur à l’Institut pour la démocratie d’Israël, deux régulations existent selon qu’on est en temps de guerre ou dans le cadre d’application de la loi. Si dans le premier cas, il s’agit de tirer pour tuer l’ennemi, dans le second, tirer n’est autorisé que lorsqu’il y a menace. La règle étant « d’utiliser le minimum de force nécessaire » pour la neutraliser. Ici, il s’agirait clairement du cadre d’application de la loi…

Pendant ce temps, sur fond de débats véhéments, la justice mène son combat : déterminer les faits afin de pouvoir juger en toute impartialité. Samedi, l’un de ces faits a été établi de manière incontestable par l’équipe des médecins légistes qui ont autopsié la victime : Abed Fattah al-Sharif, bien que blessé en divers endroits au cours de l’attaque, est mort de la balle tirée dans sa tête par le soldat inculpé.

 

La peine de mort en question

Si la peine de mort pour meurtre est abolie en Israël depuis 1954, les tribunaux militaires sont, eux, encore autorisés à prononcer cette sentence, mais sous deux conditions restrictives : l’unanimité des juges et la possibilité de commutation de la peine. Ainsi, depuis la pendaison d’Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi, en 1962, personne n’a jamais été exécuté en Israël. Pourtant aujourd’hui, un projet de loi visant à en faciliter l’application a été présenté par Israel Beytenou, parti d’extrême droite. Selon son leader, Avigdor Lieberman, il s’agirait d’empêcher l’échange de terroristes condamnés pour des « attaques des plus horribles » contre des otages israéliens. Cette situation s’est produite plusieurs fois provoquant une forte émotion dans l’opinion publique. Selon Lieberman, « face à la réalité à laquelle Israël est confrontée, la peine de mort pour les terroristes est une arme de dissuasion ».

Ce projet déjà présenté en juillet dernier avait été rejeté grâce à l’opposition du Premier ministre, Benjamin Netanyahou.

 

Réduire les inégalités, le Parlement passe à l’acte

Une nouvelle loi, selon certains une des plus restrictives en la matière dans un pays à économie libre, a été adoptée mardi dernier par les 56 députés présents à la Knesset la nuit du vote. Désormais, en Israël, aucun patron de banque ne pourra gagner au-delà de la limite incompressible de 2,5 millions de shekels annuels, soit l’équivalent de 578 000 euros ( à ce jour), et, dans une même entreprise financière, le plus haut salaire ne devra jamais excéder 35 fois le plus bas.

Selon le président de la commission parlementaire des Finances, membre d’un parti religieux ultra-orthodoxe, il s’agit de répondre ici à un problème éthique. Et sans doute aussi à la colère des citoyens devant les inégalités qui règnent dans le pays.

À l’issue du vote, Moshe Kahlon, ministre des Finances, a remercié les députés pour le vote à l’unanimité de « cette loi à la portée morale significative [qui] va bien au-delà de son importance économique. Elle symbolise la réduction des disparités, la solidarité et la prise en considération des faibles. »

Connu pour être favorable au monde des affaires, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, n’en a pas moins par la voix de son directeur de cabinet soutenu cette réforme.

Certains craignent les influences néfastes de ces nouvelles mesures sur l’économie du pays, comme le départ à la retraite de certains dirigeants financiers par exemple. Pour l’instant, la chute des index bancaires à Tel Aviv depuis la promulgation de cette loi semble vouloir donner raison aux plus inquiets.

Selon la rumeur, l’Association des banques d’Israël envisagerait de saisir la Cour suprême.

 

Open a door to Israel

Le Carrousel du Louvre accueille jusqu’au 10 avril une exposition sur le thème du quotidien en Israël. L’objectif déclaré de l’événement, organisé par le ministère des Affaires étrangères israélien, est de présenter virtuellement le pays, au-delà des apriori, à ceux qui n’ont pas l’occasion de le visiter réellement.

Le concept est original. Dans une pièce, plongée dans l’obscurité, sont installées neuf portes fermées de couleurs différentes. Derrière chacune, se cache une facette de la vie des Israéliens. Il ne reste qu’à l’ouvrir. Une plage de Tel Aviv est un des lieux où « atterrit » le visiteur. Il pourra même, à l’aide d’un système de reconnaissance gestuelle, y jouer avec un Israélien de l’autre côté de l’écran à un jeu de raquettes, matkot, très populaire dans le pays. Ailleurs, le touriste virtuel participe à une soirée de Shabbat ou à une fête d’anniversaire.

L’exposition, déjà présentée à Rome et à Varsovie, est programmée prochainement en Chine et aux États-Unis. Il serait même question qu’elle le soit à Rio pendant les Jeux olympiques.

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