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13H59 - jeudi 11 février 2016

Francine Néago, son combat pour sauver les orangs-outans

 

Francine Néago, médecin et primatologue âgée de quatre-vingt-six ans, engagée depuis plusieurs décennies dans la préservation des orangs-outans, mène depuis deux mois à Paris une bataille pour sa propre survie.

orang outan

En décembre dernier, Paris voit revenir une de ses éminentes citoyennes : Francine Néago. Elle rentre en France tous les dix ans pour quelques jours, mais cette fois sa venue est d’une autre nature. Elle doit régler un problème : un an s’est écoulé depuis qu’elle a perçu son dernier versement de l’Apsa (Allocation de solidarité aux personnes âgées). Ce minimum vieillesse, de 800 euros, était son unique revenu. Pensant qu’il s’agit d’une question administrative, elle n’imagine ni le temps, au-delà des quatre jours initialement prévus, qu’il lui faudra rester, ni les difficultés qu’elle devra bientôt affronter, ni la vague de soutien que son « affaire » va soulever.

En réalité, les conditions de l’attribution de l’Aspa ont changé : pour prétendre à ces 800 euros, il faut désormais résider six mois par an en France. Ainsi, à la veille des fêtes de fin d’année, après un bref séjour dans un hôtel parisien, la primatologue se retrouve sans le sou. Hébergée dans les locaux du Samu social Jean Rostand à Ivry-sur-Seine jusqu’au 3 février, elle enchaîne les interviews après un appel à l’aide entendu. En seulement quelques jours, une vaste chaîne de solidarité se crée autour d’elle et de ses projets. Bientôt, les soutiens en tout genre affluent, annonçant un dénouement heureux.

Logée depuis une semaine dans un hôtel du 14e arrondissement de Paris, à la charge de l’écrivain Daniel Pennac, Francine Néago a notamment touché le personnel du Musée d’histoire naturelle. Norin Chai, président de l’association pour la protection animale Yaboumba et responsable du service vétérinaire de la ménagerie du Jardin des Plantes et du Muséum d’histoire naturelle, se mobilise et appelle aux soutiens en faveur de la primatologue.

Francine Néago - Crédit photo : Noah and his ark

Crédit photo : Noah and his ark

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De ces innombrables réactions spontanées, un groupe de soutien fédérateur est né : Francine Néago. Née en 1930, Francine Néago décide de parcourir le monde après avoir obtenu son diplôme de médecine de la London University College. Dans un premier temps, elle exerce son métier sur un bateau, puis se retrouve en Indonésie dans les années 1960. «  La révolution a éclaté, je trouvais des blessés et des cadavres devant ma porte. En tant que médecin, je ne pouvais pas ne rien faire mais je ne parlais pas un mot d’indonésien » raconte-t-elle avec émotion.

En 1961, elle fait une rencontre qui changera sa vie. « Je suis tombée amoureuse pour la vie. À ce moment-là, j’étais médecin, j’étais bloquée par la révolution à Surabaya, la deuxième plus grande ville de Java » explique la primatologue. Un jour, elle aperçoit, un jeune orang-outan attaché par une laisse. Elle lui offre une banane. Il l’épluche et la lui rend. C’est la naissance d’un lien indéfectible entre la jeune femme et les primates.

Elle poursuit : « La révolution a duré trois ans, mais après je suis restée. Quand mon dernier malade est parti, j’ai ouvert une clinique pour m’occuper des femmes et des enfants et lutter contre la mortalité infantile. »

Les animaux, dans un premier temps dans son jardin puis ceux de la jungle, deviennent son quotidien. Les soigner, les nourrir, les protéger et mettre en œuvre leur préservation sont à présent ses objectifs.

À partir de 1965, elle se consacre à l’étude du comportement de ces animaux qui la fascinent tant. Elle ira même jusqu’à vivre six mois en cage avec près d’une vingtaine d’orangs-outans. De ces observations et expériences résultent une dizaine d’ouvrages scientifiques qui la font connaître dans le monde entier. Au début des années 1980, elle développe un programme informatique pour enseigner l’anglais à un orang-outan. Son premier élève, plutôt doué, s’appelle Bulan. Les orangs-outans selon la spécialiste « peuvent apprendre une langue en un mois et ne jamais l’oublier ». Sa méthode est utilisée par le Smithsonian National Zoo.

Ces dernières années, la primatologue résidait à Sumatra dans la province d’Aceh. Elle y a créé la fondation Noah and his ark pour secourir les animaux d’une jungle immense, victime de la déforestation par brûlis. Faune et flore sont détruits au profit de la culture de l’huile de palme sous contrat officiel indonésien.

Francine Néago devrait retourner en Indonésie au mois de mars. Elle souhaite créer un centre de sauvegarde des orangs-outans au sein de la concession de 1 000 hectares de jungle qu’elle a reçue oralement du gouverneur de la province d’Aceh. La primatologue prévoit également la création d’une école d’éthologie destinée à transmettre son savoir en communication des orangs-outans.

Journaliste

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