#JeSuisCharlie
09H47 - vendredi 9 janvier 2015

Non Madame Le Pen, rétablir la peine de mort ne servira à rien !

 

 

Madame Le Pen, 

Effectivement, je suis de ceux qui pensent que la présidente d’un parti politique représentant aujourd’hui de 20 à 25% de l’électorat de mon pays, peut-être plus, a sa place dans un Rassemblement d’unité nationale. Non pour vous mais par respect pour mes concitoyens qui croient en vous.

Dessin paru dans Charlie Hebdo

Dessin paru dans Charlie Hebdo

Ceci dit, en rappelant, dès le lendemain du crime commis contre Charlie Hebdo, que vous êtes favorable à un référendum sur la peine de mort, c’est vous qui avez commencé à rompre le pacte républicain. 

C’est quoi être républicain ? En ces jours tragiques, cela impose deux exigences : défendre la liberté d’expression, coûte que coûte. Y êtes-vous favorable ? C’est œuvrer à la paix civile et à la concorde entre tous les citoyens. Y contribuez-vous en voulant jouer sur les peurs et les passions de nos concitoyens ?

Rappelons-le avec force : la peine de mort n’a jamais été dissuasive, surtout pas contre les auteurs d’attentats terroristes. Ces barbares veulent mourir, soit avec leurs victimes (ce sont des kamikazes) soit sous le feu de la société, soit en se faisant juger, condamner et exécuter. Une telle condamnation soit disant exemplaire en ferait des martyrs de leurs causes eschatologiques ! N’offrons pas à ces criminels cette victoire ultime ! 

Si au moins l’exécution d’un terroriste dissuadait d’autres vocations, mais ce n’est jamais le cas, bien au contraire !

Pas plus tard que le matin de l’exécution de nos amis de Charlie Hebdo et de deux policiers, je publiais une tribune : La peine de mort n’est jamais dissuasive… surtout contre le terrorisme. Que ce soit au Pakistan ou aux Etats-Unis… Et j’ajoute aujourd’hui : en France évidemment !

Seuls des régimes autoritaires, à l’exception de quelques rares démocraties comme les Etats-Unis ou le Japon, recourent aujourd’hui à la peine capitale dans leur arsenal de justice pénale. Certains pays cèdent à l’air ambiant et aux peurs collectives suscitées par le terrorisme mondial en revenant sur des moratoires trop fragiles comme l’Inde récemment et le Pakistan ces dernières semaines.

Mais la vérité est qu’une majorité de pays dans le monde, l’Europe en tête, ont cessé de recourir à la peine capitale ou aboli définitivement cette peine qui consistait, en France jusqu’en 1981, à « couper un homme en deux », comme le clama un jour, dans un prétoire, Robert Badinter. 

Madame Le Pen, comme à votre habitude, en voulant rétablir une peine barbare pour réprimer ces crimes barbares, vous voulez sortir la France de l’Europe et du mouvement de l’histoire, vous mettez de l’huile sur le feu qui couve, vous réveillez les peurs et voulez dresser les Français les uns contre les autres.

Je reprendrai donc ce que, le 21 avril 2002, nous fûmes certains à clamer sur les Marches de la Bastille, en ce jour funeste qui permit à votre père de se qualifier pour le deuxième tour de l’élection présidentielle : 

« Ensemble contre LE PEN de mort ».

C’est d’ailleurs ce que pourrait titrer le n° 1178 de Charlie Hebdo, à paraître mercredi 14 janvier : « Attention, LE PEN DE MORT revient ! »

Directeur de la publication

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