Edito
10H36 - dimanche 24 novembre 2013

Un véhicule pour prendre sa vie en main. Edito

 

Opinion Internationale s’engage pour le droit des femmes saoudiennes de conduire leur véhicule.

Pour la première fois depuis des années, les médias du monde entier ont fait la Une sur les droits de l’homme en Arabie saoudite autrement que pour parler d’Al-Qaïda ou du pétrole. L’opinion internationale s’est émue le 26 octobre dernier de l’interdiction faite à des femmes de manifester pour le droit de conduire leur véhicule.

A quelques jours d’une deuxième tentative de ces femmes – courage de manifester samedi 30 novembre, Opinion Internationale lance la campagne « Let them drive » avec Ari Vatanen, ancien champion du monde des rallyes et ancien député européen, Hend Chaouch, seule femme pilote professionnelle de rallye du monde arabe et l’association « Toutes en moto ».

Ce qui est fascinant dans cette histoire, c’est que la liberté n’est pas toujours qu’une question de grands principes. Ou plutôt, c’est dans notre quotidien que se jouent les valeurs fondamentales, et nous qui en vivons tous les jours, l’oublions trop souvent. En Arabie saoudite, des femmes réclament une liberté banale mais fondamentale : le droit de conduire sa voiture est évidemment une question de liberté, mais elle est surtout un enjeu d’autonomie. L’égalité entre hommes et femmes n’est pas dans la culture saoudienne, c’est certain. Mais l’autonomie pratique que réclament ces femmes pour leur permettre de faire leurs courses librement, d’aller voir leurs copines sans être contrôlées, de rentrer de leur boulot est une question fondamentale pour elles. C’est aussi une manière pour ces femmes de dire à leurs hommes : faites nous confiance et laissez-nous respirer.

En anglais, une expression résume tout l’enjeu de cette campagne : « let them take the driver seat ». Laissez-les prendre la place du « conducteur ». Laissez prendre leur vie en main.

L’Arabie saoudite n’échappe pas aux vents de la mondialisation : un film de cinéma, Wadjda, leur a permis de conquérir le droit (partiel et toujours encadré) de conduire leur vélo. Alors, en signant par milliers pour « Let them drive », nous leur donnerons peut-être ce petit coup de pouce qui fera céder les autorités saoudiennes.

Directeur de la publication