International
17H03 - lundi 11 février 2013

Le prix Nobel vu par les Chinois

 

Fin 2012, le prix Nobel de la littérature a été accordé à Mo Yan, un écrivain chinois. Quelques semaines avant l’attribution, le prix Nobel était déjà un mot clé sur les forums chinois en ligne. Les internautes ont même fait un pari sur le gagnant du prix Nobel de littérature, parce que plusieurs personnalités étaient pressenties comme lauréats : Mo Yan, un écrivain chinois, et Haruki Murakami, un écrivain japonais.

Le prix Nobel est considéré comme une gloire suprême par les Chinois, et ils ont souvent étaient très déçus lorsque les nominés n’ont finalement pas reçu le prix Nobel. Malheureusement, peu de chinois ont finalement été lauréats, ce qui intensifie l’aspiration à recevoir ce prix. La remise du prix à Mo Yan a initié un grand retentissement dans toute la Chine. Partout dans la presse, à la une, « Mo Yan » était toujours présent, dont la fréquence d’apparition était même plus importante que celle du Président ou du Parti communiste, comme s’il s’agissait du premier chinois à recevoir ce prix, ce dont un certain nombre de chinois sont d’ailleurs persuadés.

 

En effet, avant Mo Yan, le dissident réformiste Liu Xiaobo a reçu le prix Nobel de la paix, mais pour des raisons politiques, on en a peu parlé en Chine. En 2008, quand le prix a été accordé à Liu Xiaobo, il était en prison, et il n’y a eu sur le podium à Oslo qu’une chaise vide. Cette fois-ci, dans une conférence de presse, Mo Yan a dit qu’il espérait que Liu Xiaobo récupérerait sa liberté au plus tôt. La mention de Liu Xiaobo par Mo Yan a fait ressurgir le sujet de

Prix Nobel a chaise vide de LIU Xiaobo

ce personnage chez les Chinois, un tabou de la presse et sur internet. Liu Xiaobo, ses activités et ses œuvres ont été bloqués en Chine. Le lendemain de la déclaration du prix Nobel en 2008, presque toute la presse chinoise se taisait sur ce sujet. Quelques journaux en ont parlé, mais principalement pour évoquer la protestation contre la remise du prix à Liu. Toutefois, intéressés par le prix Nobel et mécontents de la censure, beaucoup de Chinois ont essayé de trouver tous les moyens pour s’informer et en ont discuté sur le web en utilisant un langage codé.

 

Peuple toujours porteur d’une fierté nationale, le peuple chinois espère depuis longtemps que leur pays brille sur la scène internationale comme à l’époque de la route de soie ou celle de Zheng He, qui a fait la promotion de l’Empire du Milieu dans toute l’Asie et jusqu’en Afrique. Avec la croissance économique, la Chine cherche à développer son « soft power », et le prix Nobel en est un symbole remarquable. Les Chinois espèrent voir toujours plus de leurs compatriotes récompensés par ce prix, ce qui jusqu’à présent est resté très rare.  Bien entendu, à part le prix Nobel, il y a beaucoup d’autres moyens qui mesure le « soft power », mais étant donné que « le prix Nobel » est à la fois facile à comprendre pour tous et très connu, il est devenu représentatif du fort développement du « soft power » en Chine.

 

La censure de Liu Xiaobo par le gouvernement a suscité l’énervement d’un grand nombre de chinois. Ils se sentent empêchés d’assister de plus près à ce couronnement international, ce qui a élargi la divergence et la défiance entre le peuple et le gouvernement. Face à la propagande de la presse communiste, selon laquelle Liu Xiaobo voulait « renverser le régime et bouleverser l’Etat », c’est la première fois que la plupart des Chinois restent incrédules et commencent à réfléchir à la liberté de la presse.

 

Cette fois-ci, c’est Mo Yan, la première personne appréciée à la fois par le gouvernement et le peuple qui a gagné le prix Nobel. Sans doute est-ce le meilleur choix, parce que finalement, chacun peut exprimer librement ses félicitations.

Lyne Yuanxing

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