International
07H11 - dimanche 11 mars 2012

Violation des droits de l’Homme au Guatemala : l’armée récidive et la situation des libertés empire

 

Tout le monde parle de la fin du monde prédite par les Mayas pour le 21 décembre 2012. A cette occasion, le président du Guatémala, Otto Perez Molina, organise des festivités internationales qui risquent d’occulter la réalité d’un pays où les libertés sont de plus en plus bafouées. Ainsi, le 4 octobre dernier, huit manifestants ont été tués lors d’une opération conjointe des forces de police et de l’armée dans le département de Totonicapán, à environ 170 km à l’ouest de Guatemala City. Les victimes, d’origine k’ichés, réclamaient une baisse du prix de l’électricité dans les provinces. Les ONG parlent de massacre tandis que le gouvernement tente de minimiser sa responsabilité. Ce petit pays d’Amérique Centrale est en train de revivre les heures les plus noires de son histoire.

 

© Sandra Sebastian http://www.plazapublica.com.gt/

 

 

 

 

 

Un bilan lourd du côté des manifestants


Mais le rassemblement du 4 octobre devait surtout être l’expression de l’opposition populaire à la constante augmentation des tarifs de l’électricité pratiqués par Energuate, entreprise détenue par le fond d’investissement britannique Actis, face à laquelle le gouvernement est resté inactif. De plus, le prix de l’éclairage public – bien que rarement fonctionnel – vient s’additionner à la facture électrique de foyers déjà précaires et les pétitions envoyées précédemment au Palais Présidentiel n’avaient pas été entendues.

Le jour J, environ 15 000 manifestants se sont regroupés sur un tronçon de la route panaméricaine, à l’ouest de la capitale, empêchant toute circulation. La Police Nationale Civile et les Forces Armées sont intervenues, provoquant de violents affrontements. Le bilan est de 6 morts, et 34 blessés dont 14 par balle. Deux autres personnes sont décédées dans les jours suivants des suites de leurs blessures. La plus jeunes des victimes avait 19 ans. Aucun blessé grave n’est à déplorer du côté des forces de l’ordre, bien que © Sandra Sebastian http://www.plazapublica.com.gt/[/caption]

Il est difficile de déterminer le déroulement précis de la fusillade, mais selon plusieurs témoins, le premier tir proviendrait d’un garde de sécurité privé, suivi vraisemblablement par des tirs de l’armée et de la police. « Nous manifestions de manière pacifique, quand l’armée et la police sont arrivés ils nous ont tiré dessus » a déclaré à l’AFP © Sandra Sebastian http://www.plazapublica.com.gt/[/caption]

L’Archevêque Oscar Julio Van qui officiait une messe le 7 octobre dans la Capitale, a également demandé la présence du délégué du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, ce qui illustre le peu de crédit attribué aux enquêtes nationales. Quatre jours après les faits, © Sandra Sebastian http://www.plazapublica.com.gt/[/caption]

La justification principale donnée par les autorités à cette intervention de l’armée était celle du sous-effectif et du manque d’expérience des policiers. Les événements survenus à Totonicapán ont cependant conduit une partie de la population à remettre en cause fortement le rôle de l’armée dans la « sécurité » intérieure, et sa présence ininterrompue dans les rues. Cette contestation a conduit le président Otto Pérez Molina, après examen du protocole de sécurité, à reconsidérer l’utilisation des forces armées pour encadrer les mouvements sociaux.

 

Un drame politisé

 

Par ailleurs, © Sandra Sebastian http://www.plazapublica.com.gt/[/caption]

Cette affaire montre l’absence de mécanismes de dialogue social efficaces au Guatemala, et comment le gouvernement coupe court à toute négociation. Frank La Rue Lewy, rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’expression illustre bien ce retour à une forme d’autoritarisme : « Il était inévitable que l’application de cette politique nous mène, tôt ou tard, à des faits qui rappellent le massacre de Xamán en 1995 et de nombreuses autres atrocités commisses dans les années antérieures. » Il fait référence aux 36 années de guerre civile qui ont asphyxié le pays de 1960 à 1996, et à ses 250 000 victimes et disparus.

L’histoire de lutte au Guatemala serait elle en train de se répéter ? C’est la première fois depuis la guerre qu’un général revient au pouvoir et Otto Perez Molina est fortement soupçonné d’avoir dirigé des opérations de génocide durant le conflit armé. Certains secteurs de la société guatémaltèque craignent que les tensions sous-jacentes entre gouvernement de type militaire et communautés indiennes aient rejailli dans cet affrontement du 4 octobre. Le 7 novembre, un violent séisme a secoué le pays, tuant une quarantaine de personnes. Les conséquences politiques de cette catastrophe naturelle ont été le détournement de l’opinion publique des sujets de violations aux droits de l’homme, et ont permis au président Otto Perez Molina de montrer son soutien à l’ensemble du peuple Guatemaltèque. Allant même jusqu’à se rendre dans le département sinistré de Totonicapan pour constater les dégâts.

 

Perla Escalon

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