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11H03 - vendredi 6 janvier 2012

Japon : l’inexorable dépeuplement

 

La population japonaise poursuit son implacable déclin à une vitesse supérieure aux attentes. Le recul, pour l’année 2011, constitue la plus forte baisse démographique enregistrée dans le pays depuis 1947, date des premières mesures officielles.

 

Le ministère japonais de la Santé a publié samedi les résultats des indices démographiques pour 2011. Ceux-ci indiquent que la population japonaise aurait diminué de 204 000 personnes. Un chiffre 60 % plus élevé qu’en 2010 où la baisse n’avait été « que » de 125 000 personnes.

 

2011 : une année pire que les prévisions

Landaux vides à Tokyo - le nombre de naissances a été historiquement bas en 2011. DR

Il s’agit de la 5e année de baisse consécutive depuis que le Japon a mathématiquement amorcé son déclin démographique en 2007. Il ne faisait aucun doute que cette année encore la population déclinerait, comme elle le fera encore avec certitude dans les années à venir, mais l’ampleur surprend même les démographes.

 

La très grande majorité du problème vient du déséquilibre structurel, qui existe au Japon, entre natalité et mortalité. En 2011, le nombre de naissances est tombé à un plancher record de 1 057 000 bébés (14 000 de moins que l’année précédente).

Dans le même temps, la mortalité, elle, atteignait aussi un record avec 1 261 000 décès, soit une hausse de 64 000 disparitions en un an. Les causes de mortalité ne diffèrent pourtant guère au Japon du reste des pays développés : le ministère de la Santé annonce 358 000 décès pour cause de cancer, 198 000 par infarctus et 126 000 accidents vasculaires cérébraux.

Triste nouveauté pour 2011, le tsunami du 11 mars qui a fait environ 20 000 victimes, a eu un impact certes secondaire, mais non négligeable sur le taux de mortalité de cette année. Enfin, il ne faut pas occulter, la grande faiblesse de l’immigration ; avec moins de 20 000 naturalisations par an, le Japon ne peut compter que sur ses propres naissances pour renouveler ses générations. Avec un taux de natalité de 7,4 pour 1 000 habitants –un des plus faible de la planète– la conséquence est implacable : la diminution de la population est maintenant bien entamée et semble inexorable.

 

Le plus jeune pays développé en 1950

Le Japon compte 40 000 centenaires. Ils pourraient être 20 fois plus dans 40 ans. © ifrc / flickr

Le Japon est sans aucun doute le cas le plus spectaculaire de retournement démographique de l’ère moderne. En effet, en 1950, l’archipel était le plus jeune des pays industrialisés. Un quart de sa population avait alors moins de 15 ans et l’âge médian se situait à 22,3 ans. Une autre époque… Aujourd’hui 25 % de la population nippone a plus de 60 ans et, si la spirale ne s’arrête pas, ce chiffre devrait rapidement atteindre un tiers et l’âge médian dépasser largement les 50 ans d’ici le milieu du siècle.

 

Le rapide développement économique du pays mis en parallèle avec une augmentation spectaculaire de la qualité du système de santé, permet aux gens d‘arriver en grande majorité à un âge avancé, tout en éradiquant quasiment la mortalité infantile.

Manifestation spectaculaire de ce progrès collectif : le nombre de centenaires. En 1960, le Japon comptait officiellement 144 centenaires. Cinquante ans plus tard, ils sont environ 40 000. Mais plus impressionnant encore, avec l’arrivée dans le « troisième âge » des baby-boomers nés après-guerre et ayant toujours vécu dans de bonnes conditions d’hygiène, il est tout à fait plausible que, d’ici 2050, ce nombre dépasse… les 900 000 !

Une situation intenable économiquement, dans un pays qui doit faire face à des coûts de prise en charge croissants et où la dette publique atteint déjà 160 % du PIB.

Autre problème témoignant de l’impuissance publique à enrayer le phénomène : face au refus, majoritaire dans l’opinion publique, de s’ouvrir à l’immigration et devant l’échec des politiques à faire repartir la natalité, l’effondrement de la population est inévitable. Jusqu’où ?

Le Japon devrait repasser sous la barre des 100 millions d’habitants entre 2045 et 2050. Les plus pessimistes annoncent même que, dans le pire des scénarios, le pays qui compte aujourd’hui 126,24 millions d’habitants pourrait, en 2100, descendre à 50 millions d’individus. Il retrouverait ainsi sa population de 1910. La France, quant à elle, pourrait compter à cette date 74 millions d’habitants.

 

Damien Durand

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