International
15H20 - lundi 10 août 2015

Chronique des droits humains n°13

 

PAKISTAN : Un jeune homme pendu

Prison centrale de Karachi - © Farhan / Wikimedia Commons

Prison centrale de Karachi – © Farhan / Wikimedia Commons

Shafqat Hussain a été pendu mardi 4 août à Karachi après 11 ans de détention. Agé de 28 ans au moment de l’exécution de la sentence, le jeune homme avait été condamné à mort en 2004 pour enlèvement et homicide involontaire d’un enfant de sept ans. Le tribunal antiterroriste l’avait condamné alors qu’il n’avait que 17 ans. Les organisations et militants des droits humains s’étaient alors soulevé, rappelant que les traités internationaux signés par Islamabad lui interdisaient d’exécuter des personnes jugées coupables avant 18 ans. Si l’accusé avait fait des aveux dans un premier temps, il avait aussi clamé son innocence un peu plus tard dénonçant les tortures policières qui l’avaient amené à confesser un crime non commis.

Dans un communiqué, Amnesty International s’indigne et déclare que «le gouvernement a fait preuve d’une indifférence impitoyable non seulement envers la vie humaine, mais aussi le droit international», en condamnant «un homme dont l’âge est contesté et dont la condamnation repose sur l’usage de la torture». L’Union Européenne ainsi que l’Organisation des Nations Unies se sont également mobilisé, en vain.

 

BURUNDI : arrestations arbitraires et violences contre des défenseurs des droits humains

Soldats burundais - © US Army / Wikimedia Commons

Soldats burundais – © US Army / Wikimedia Commons

Président de l’Association pour la protection des prisonniers et des droits humains (Aprodh), Pierre-Claver Mbonimpa a été blessé par balles à Bujumbura alors qu’il rentrait à son domicile le lundi 3 août.

Un motard se serait approché de son véhicule et aurait tiré à 4 reprises, atteignant le défenseur des droits de l’homme dans le cou et au visage. Après avoir bénéficié des premiers soins dans un hôpital local, le procureur lui a accordé le droit de quitter le pays afin qu’il reçoive les soins nécessaires à son état de santé.

Une collecte de fonds est organisée pour permettre au défenseur des droits de quitter le pays. Jeune Afrique (lien), le ministre des Affaires étrangères belge aurait proposé d’accueillir Pierre-Claver Mbonimpa.

Figure de proue de la défense des libertés au Burundi, Pierre-Claver Mbonimpa était jusque-là sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire burundais suite à ses prises de position contre le président Pierre Nkurunziza. Son agression fait suite au meurtre, dimanche 2 août, du général Adolphe, ancien chef du renseignement et proche du président. Ces événements accroissent les tensions au Burundi.

Ainsi, depuis les manifestations du mois d’avril contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, les arrestations et les exils se sont multipliés, tout particulièrement dans les provinces du pays. Selon l’ONG Human Rights Watch, plus de 140.000 Burundais auraient déjà fui le pays pour aller chercher refuge au Rwanda, en Tanzanie ou en République Démocratique du Congo. De nombreuses radios privées ont été fermées.

« Des agents des services de renseignement, des policiers et des jeunes du parti au pouvoir au Burundi ont arrêté arbitrairement et maltraité des dizaines d’opposants présumés », a déclaré Human Rights Watch le 6 août. Ces hommes appartiennent au Comité national pour la Défense de la Démocratie (CNDD) et aux Forces de Défense de la Démocratie (FDD), appelés Imbonerakure (« ceux qui voient loin » en kirundi).

« Les Imbonerakure n’ont aucun droit légal d’arrêter des individus. Cependant, ils ont arrêté des personnes arbitrairement, les ont battues et les ont remises aux services de renseignement, qui ont torturé certaines d’entre elles », a indiqué Daniel Bekele, directeur de la division Afrique de Human Rights Watch.

 

BRESIL : Amnesty International dénonce une vague de crimes policiers

Police municipale de Rio de Janeiro - © André Gustavo Stumpf / Flickr

Police municipale de Rio de Janeiro – © André Gustavo Stumpf / Flickr

 

Dans un rapport publié le lundi 3 août et intitulé « Tu as tué mon fils ! : assassinats commis par la police militaire dans la ville de Rio de Janeiro », Amnesty International entend dénoncer les meurtres dont la police serait responsable à la suite d’interventions au cours des cinq dernières années.

Selon l’ONG internationale, 1.519 personnes auraient été abattues dans les favelas, ce qui représente 16% des morts qualifiées de « violentes » au sein de Rio de Janeiro. Dans la ville qui accueillera en 2016 les Jeux Olympiques, la police aurait fait le ménage avec pour mot d’ordre : «  tirer d’abord, demander ensuite », selon Amnesty Intenational. L’objectif : présenter aux futurs touristes une ville sûre et ainsi tordre le coup à une réputation peu glorieuse qui fait de Rio de Janeiro une des villes les plus violentes du monde avec 56.337 homicides pour la seule année 2012.

 

YEMEN : Le CICR aide à la libération de détenus

Peter Maurer, président du CICR - © ICRC / Ibrahim Malla / www.icrc.org

Peter Maurer, président du CICR – © ICRC / Ibrahim Malla / www.icrc.org

Dans un communiqué le jeudi 6 août, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé avoir facilité la libération de détenus à Aden, Yémen. En conformité avec son règlement interne, le CICR n’a pas participé aux négociations pour la libération des sept prisonniers mais a apporté son soutien logistique pour le transfert par avion des détenus de la ville d’Aden vers la capitale yéménite, Sanaa. « Des représentants d’Ansarullah (le mouvement Houthi) et de la Résistance du Sud ont contacté directement le CICR et lui ont demandé de faciliter, conformément à son rôle d’intermédiaire neutre, le transfert des détenus libérés », a déclaré M. Antoine Grand, chef de la délégation du CICR au Yémen. A la suite de cette mission, le CICR a réaffirmé sa volonté d’aider les deux camps dans la mise en place d’autres libérations, à l’unique condition que sa neutralité soit respectée. Peter Maurer, président du CICR, s’est rendu sur place du 8 au 10 août pour évaluer la situation sur place.

Par ailleurs, cette même semaine, la Française Isabelle Prime a été libérée. Retenue en otage depuis le mois de février dernier, ses ravisseurs demeurent inconnus. Avec sa libération, la France ne compte plus aucun otage à l’étranger.

 

TUNISIE : Poursuites pénales contre un journaliste

Palais de justice de Tunis - © Dacoslett / Wikimedia Commons

Palais de justice de Tunis – © Dacoslett / Wikimedia Commons

Noureddine Mbarki, rédacteur en chef de Akher Khabar Online, a été mis en accusation le 8 juillet pour avoir publié une photo de Seifeddine Rezgui, terroriste qui a tué 38 personnes sur la plage de l’hôtel Imperial Marhaba à Sousse. Sur la photo publiée par le rédacteur en chef, l’auteur de l’attentat descend d’une voiture. Pour les autorités judiciaires tunisiennes, la publication du cliché constitue un acte illégal. En effet, en vertu de l’article 18 de la loi antiterroriste de 2003 : « quiconque procure un lieu de réunion aux membres d’une organisation, entente ou personnes en rapport avec des infractions terroristes, aide à les loger ou les cacher ou favoriser leur fuite, ou leur procurer refuge, ou assure leur impunité, ou bénéficie du produit de leurs méfaits. »

Ainsi cette publication pourrait « avoir favorisé la fuite de terroristes » en incitant les complices du terroriste à faire disparaître le véhicule. Selon l’ONG Human Rights Watch (HRW), s’il est condamné, Noureddine Mbarki encourt entre 5 et 12 ans de prison. Il devrait être entendu de nouveau par la juge d’instruction le 23 août.

Arrêtons de dénigrer notre chère Tunisie !

En cette ère où les images ont un pouvoir émotionnel puissant et peuvent fausser la réalité, Nous, enfants de la France et de la Tunisie, et amis de cette terre d’Afrique du…