Edito
12H39 - jeudi 16 octobre 2025

Hommage à Samuel Paty, hussard noir de la République. La chronique de Daniel Keller

 

Triste jour que ce 16 octobre, marqué à jamais dans le silence des consciences par la mort tragique de Samuel Paty. Emilie Frèche dans le Professeur, ouvrage récemment paru, redonne vie aux derniers jours d’un condamné dont l’existence s’offrait aux autres parce qu’il était enseignant. Etablissant un parallèle avec le Chevalier de la Barre, elle lui fait dire que « les hommes, au nom de leur foi, sont capables de bâtir des cathédrales comme de monter des bûchers ». A se demander pourquoi la foi en certains lieux et certaines époques fait le lit de l’intolérance et du fanatisme ? C’est justement de cela que la laïcité cherche à prémunir. Elle ne dicte à personne la ligne de conduite à suivre mais elle invite chacun à faire un patient effort sur soi-même pour se détacher des divers dogmes et croyances qui peuvent l’entraîner à rejeter autrui, jusqu’à vouloir sa mort.

C’est assez logiquement que le cours d’instruction civique et morale fut le creuset de l’abomination. Car c’est dans ce cours que l’enseignant prépare l’avènement futur du citoyen éclairé. Ce jour-là, Samuel Paty consacrait la séance à la liberté d’expression, prolongement évident de la liberté de conscience que la laïcité doit garantir.

Comme le lui fait dire Emilie Frèche, pas de liberté d’expression sans droit à l’irrespect, ajoutant même que l’esprit humoristique est nécessaire à l’adoucissement des mœurs des hommes. Tels sont en effet les outils que la laïcité permet de déployer au nom de la liberté de l’esprit. Allant encore un peu plus loin l’auteur lui fait ajouter que la liberté d’expression serait aujourd’hui une matière radioactive. Comment ne pas acquiescer ?

Autant ajouter que la laïcité est devenue également une matière radioactive. C’est une raison supplémentaire pour que l’administration n’abandonne pas ses enseignants car ils devraient alors livrer un combat trop inégal et pour que les enseignants eux-mêmes sachent se montrer solidaires dans le combat civilisationnel du moment.

Honneur dans ces instants à Samuel Paty qui a eu le courage de ne pas quitter la place et de faire front, comme le Chevalier de la Barre.

 

Daniel Keller

Directeur dans un groupe de protection sociale, président des Anciens Elèves de l’ENA en entreprise, ex-président de l’association des Anciens Elèves de l’ENA, Ancien membre du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).