Edito
12H36 - jeudi 2 octobre 2025

La génération Z nous refait-elle le coup de mai 68 ? L’édito de Michel Taube

 

La génération Z nous refait-elle le coup de mai 68 ? L’édito de Michel Taube

Dans le monde entier, la jeunesse est de retour dans la rue.

Après les gilets jaunes en France, après les colères sociales éparses et les mouvements syndicaux traditionnels, voici que la « génération Z », celle des 18-25 ans, s’affirme comme une force politique et culturelle, un peu partout dans le monde. La comparaison avec mai 68 n’est pas fortuite : comme leurs aînés d’hier, ces jeunes s’emparent de la contestation sociale et veulent réinventer le monde à leur manière.

Qui sont-ils, ces « Z » ? Ils sont nés avec Internet et les réseaux sociaux, vivent dans un univers globalisé, hyperconnecté, où l’immédiateté des informations et des mobilisations dépasse toutes les frontières. En France, en Allemagne, en Espagne, aux États-Unis, mais aussi au Chili, en Corée du Sud, à Madagascar, au Cambodge, au Népal, au Pérou, ou encore au Maroc ces derniers jours, la jeunesse manifeste pour dénoncer la corruption des élites, réclamer plus de justice sociale, plus d’égalité d’accès aux études, et un emploi digne. Le chômage massif des jeunes, les inégalités criantes et le sentiment d’être sacrifiés sur l’autel d’économies publiques nourrissent leur colère.

Ces revendications, il faut le dire, sont parfois légitimes. Quand un étudiant peine à se loger et à se nourrir dans une grande ville européenne, quand un jeune Libanais voit son avenir bloqué par la corruption et le clientélisme, quand un Américain croule sous la dette étudiante, il est normal que la jeunesse réclame un avenir meilleur. Comme en 68, l’étincelle sociale est réelle, et les gouvernements auraient tort de la mépriser.

Mais il y a aussi l’autre visage de cette génération : celui d’une idéologie « woke » qui entend réécrire l’histoire, déconstruire les identités nationales, imposer un puritanisme culturel qui confine à la censure. Derrière l’aspiration sincère à la justice sociale, se cache parfois une hostilité viscérale au capitalisme, à l’économie de marché, et plus largement à toute forme d’autorité. La génération Z, dans sa version militante, rêve d’un monde sans frontières, sans hiérarchie, sans contraintes, mais aussi – et surtout – sans croissance. Un rêve qui menace directement l’innovation, la création d’emplois et, in fine, le développement économique.

La question est donc posée : la génération Z sera-t-elle le moteur d’un renouveau démocratique, d’un sursaut social salutaire, ou bien le ferment d’un déclin économique et culturel que nos sociétés ne pourront pas se permettre ? Comme en mai 68, l’Histoire s’écrit dans la rue. Mais nul ne sait encore si elle débouchera sur un progrès réel, ou sur une illusion qui mettra le monde à feu et à sang.

 

Michel Taube

Directeur de la publication