Edito
09H17 - samedi 27 septembre 2025

Lecornu ajoute déjà la chienlit sociale à l’impasse politique avant même d’avoir son gouvernement. L’édito de Michel Taube

 

Sébastien Lecornu à Matignon : la Nouvelle-Calédonie n’a pas oublié

À peine nommé, Sébastien Lecornu se retrouve déjà piégé par sa propre stratégie. En ayant décidé, contre tout bon sens économique et politique, de tendre la main à une gauche en apparence modérée mais profondément hostile à toute logique de responsabilité budgétaire, le nouveau Premier ministre a fragilisé sa position avant même d’avoir constitué son gouvernement.

En multipliant les rencontres avec les socialistes, les communistes et les forces syndicales, dans l’espoir d’obtenir un accord de non-censure, en feignant de tendre la main, il ne pouvait que décevoir. Et à quel prix ? Celui de perdre d’emblée son crédit auprès d’une droite républicaine qui ne se reconnaît pas dans ces négociations (Bruno Retailleau acceptera-t-il seulement d’entrer au gouvernement ?), et celui d’alimenter l’illusion d’une entente impossible avec des partenaires dont l’agenda est en réalité celui de l’opposition systématique.

Résultat : la rue s’invite déjà dans le jeu politique. Le 2 octobre prochain, un front syndical unifié, élargi à l’essentiel des partis de gauche, appelle à une seconde journée de mobilisation nationale. En clair, la chienlit sociale s’installe avant même que le Premier ministre ait présenté son équipe ministérielle, signe d’un pouvoir qui court derrière les événements au lieu de les maîtriser.

La probabilité que Sébastien Lecornu échoue à faire voter le budget 2026, faute de majorité et faute de vision, devient chaque jour plus forte. Le risque est immense : voir un Premier ministre s’effondrer politiquement avant même d’avoir gouverné, réduisant l’autorité de l’État à une peau de chagrin.

Seule issue ? Redonner la parole aux Français par de nouvelles élections législatives. Car à défaut d’un véritable mandat populaire, aucun Premier ministre ne pourra durablement gouverner dans le chaos politique et social qui s’annonce.

 

Michel Taube

Directeur de la publication