
Le nouveau secrétaire général de l’Enseignement catholique, Guillaume Prévost, s’est dit en faveur de la prière en classe (et d’une éducation à la sexualité spécifique), dans les établissements privés sous contrat. Daniel Keller rappelle le cadre juridique qui s’impose en France à tous les acteurs de l’éducation.
La loi Debré du 31 Décembre 1959 dans son article Premier, reconnaît le caractère propre de l’enseignement délivré dans les établissements privés sous contrat avec l’Etat, tout en rappelant que cet enseignement reste placé sous le contrôle de celui-ci. Il est également précisé que cet enseignement doit être donné « dans le respect total de la liberté de conscience » de chacun des élèves.
Le caractère propre dudit enseignement ne permet pas de s’affranchir du respect des programmes scolaires qui doivent s’appliquer aussi bien dans l’enseignement public que dans l’enseignement privé sous contrat. Le temps d’instruction correspond donc bien à un temps sanctuarisé et, de ce point de vue, inviter à la prière durant les heures de cours contrevient à cette règle. Cette invitation porterait d’autant plus à confusion qu’elle pourrait constituer une pression sur les élèves présents, contredisant de fait le principe de liberté de conscience des élèves qui ne partagent pas tous nécessairement la même foi, voire n’en partagent aucune.
Dans le prolongement de cette analyse, les discussions autour du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, appellent également quelques précisions. On peut trouver regrettable que cette sensibilisation se fasse par le biais d’associations, qu’elles soient agréées ou non par l’Etat. Il serait en effet préférable de préserver l’Ecole de toute forme de militantisme sur le sujet et que cet enseignement soit placé sous l’égide d’une distanciation et d’une neutralité dénuée de tout prosélytisme.
Bien entendu, compte tenu caractère propre de l’enseignement privé sous contrat, rien n’interdit, en dehors des heures de cours, à ces établissements, de proposer un projet de vie qui ne soit pas en parfaite adéquation avec cette sensibilisation, quoi qu’on pense de ce projet, y compris si on ne le partage pas.
En miroir, l’enseignement public est tout aussi légitime à proposer un projet éducatif qui lui soit spécifique. On pourrait le faire reposer sur la volonté d’élever intellectuellement l’élève afin de lui donner les moyens au contact des Oeuvres d’apprendre à pleinement penser par lui-même et d’être capable de se forger une opinion qui lui soit propre.
Dans un monde passablement tiraillé de toutes parts, savoir exercer un jugement distancié sur les religions transcendantes et séculières qui jalonnent le quotidien de l’humanité, serait sans conteste le sésame du chemin vers la liberté.
Daniel Keller
Directeur dans un groupe de protection sociale, président des Anciens Elèves de l’ENA en entreprise, ex-président de l’association des Anciens Elèves de l’ENA, Ancien membre du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).

















