Il est donc largement innocenté, mais il devait être condamné lourdement ! Il doit croupir en prison au plus vite alors même qu’aucune preuve, aucun fait n’est venu étayer les accusations qui l’accablaient depuis plus de dix ans et que, surtout, il est toujours parfaitement innocent tant que la justice n’aura pas tranché en appel.
Nicolas Sarkozy va donc certainement passer Noël en prison, à moins qu’Emmanuel Macron ne le gracie.
Depuis le début de cette sale affaire des financements libyens de la campagne présidentielle de 2007 – et nous le dénonçons depuis quinze ans –, le fait que des juges français aient prêté ne serait-ce que l’oreille à des accusateurs étrangers, émanant d’un État voyou, pour condamner un autre Français, ancien chef d’État de surcroît, est un crime de lèse-patriotisme. Tel est le crime initial de cette affaire, commis donc par des juges, soupçon corroboré par la reconnaissance du faux constitué par la lettre publiée par Mediapart en 2012. Le scandale d’État, c’est la justice qui en est l’auteur !
La justice, « un pouvoir si terrible parmi les hommes »
Montesquieu mérite d’être relu : l’auteur de L’Esprit des lois, l’un des principaux inspirateurs de la séparation des pouvoirs, veilla à la limitation effective de tout pouvoir. « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. » Tocqueville également, et tous les vrais libéraux, ont promu des édifices institutionnels dotés de pouvoirs et de contre-pouvoirs pour éviter justement la tentation de la tyrannie de l’un sur tous les hommes.
Mais que faire lorsque les abus de pouvoir et la tyrannie proviennent de l’autorité judiciaire ?
« La justice est non seulement un vrai pouvoir mais sans doute le plus redoutable, car de lui dépendent nos biens, notre liberté et, à l’époque de Montesquieu, notre vie même : c’est bien pourquoi elle est “si terrible parmi les hommes”. » Ces mots de l’historien Christophe de Voogd, dans une note pour la Fondapol en 2014, nous alertent sur les dégâts qu’une autorité judiciaire en roue libre, irresponsable et ne répondant jamais de ses erreurs ou de ses fautes intentionnelles, peut occasionner dans un pays.
Montesquieu n’a jamais entendu l’indépendance de la justice comme celle des juges. Nullement. Il alertait du risque d’un « juge oppresseur » que la séparation des pouvoirs doit prévenir. Tout haut magistrat qu’il fût lui-même – ou plutôt parce qu’il connaissait de l’intérieur un milieu qui, comme tout autre, est naturellement porté à « abuser de son pouvoir » –, Montesquieu ne cesse de mettre des garde-fous à la puissance des juges, au profit du justiciable : tribunaux non permanents, jury populaire, droit de récusation des juges par l’accusé.
Car ce que le citoyen doit craindre, c’est « la magistrature et non les magistrats » et, en aucun cas, il ne doit pouvoir « se mettre dans l’esprit qu’il soit tombé entre les mains de gens portés à lui faire violence »… Le corps de la magistrature devait condamner Sarkozy !
L’historien ajoute : « S’il advenait que les juges partageaient les mêmes options que le pouvoir politique (à savoir une connivence de gauche dans leur majorité), une même confusion se produirait et tout serait perdu. »
Pire, le le crime de Nicolas Sarkozy est à chercher ailleurs : le Conseil Supérieur de la Magistrature a été profondément refondu par la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, orchestrée par Nicolas Sarkozy. S’il n’est plus désormais présidé par le chef de l’État, mais par les deux plus hauts magistrats français, la « réforme Sarkozy » a rendu les magistrats minoritaires dans le CSM et permis aux citoyens de le saisir en cas de dysfonctionnement de la justice, alors qu’il fallait jusqu’ici une intervention du garde des Sceaux ou d’un parlementaire.
La faute impardonnable de Nicolas Sarkozy, en rendant les magistrats minoritaires dans le CSM et en créant le droit de saisine des justiciables (certes, largement théorique), est d’avoir voulu renforcer le contrôle extérieur d’un « pouvoir si terrible parmi les hommes ».
Justice en roue libre
Les excès de pouvoir des juges ne s’arrêtent pas à la personne de Nicolas Sarkozy : le sort fait à l’ancien président de la République devrait en inquiéter plus d’un !
Car en France, de jour en jour, par de multiples décisions de justice souvent prises en première instance (de la relaxe de délinquants ayant agressé des policiers à la faiblesse des poursuites pénales contre des insurrectionnels en Martinique et en Nouvelle-Calédonie, en passant donc par le harcèlement judiciaire contre Sarkozy), la justice détruit l’État, tue l’autorité de la société et affaiblit la France à petit feu.
La bulle autoritaire d’une magistrature toute puissante, politisée (les nouvelles recrues à l’ENM doivent être plus LFI que PS) et irresponsable doit exploser.
Selon nous, il est urgent de supprimer l’ENM, de recruter les juges – surtout en première instance, parmi des Français qui ont déjà vécu et exercé des métiers et des fonctions dans la société. Et pourquoi ne pas les élire ? Ils rendent bien la justice au nom du peuple français.
Sarkozy est le jugement de trop ! Les juges veulent prendre le pouvoir sur les politiques. Au nom du peuple français, il faut rétablir l’équilibre au sein de la séparation des pouvoirs.
Michel Taube




















