Edito
20H22 - dimanche 21 septembre 2025

La pire décision des années Macron. L’édito de Michel Taube

 

La pire décision des années Macron. L’édito de Michel Taube

La politique, c’est l’art de prendre des décisions au bon moment. En la matière, et ce n’est pas la première fois*, Emmanuel Macron restera comme l’un des pires dirigeants politiques de notre pays.

La solution à deux États du conflit israélo-palestinien vient de prendre une décennie de retard. Au moment où le Hamas résiste à la riposte israélienne, détient toujours des otages et bénéficie d’un aura internationale inespérée, Emmanuel Macron et la France commettent une faute géopolitique majeure en décidant de prendre la tête d’un mouvement de reconnaissance internationale de l’État palestinien.

Au Proche-Orient, ce geste symbolique renforce le camp des jusqu’au-boutistes.

L’Arabie saoudite, qui hésitait depuis des années, s’éloigne à grands pas du camp des accords d’Abraham. Les islamistes qui pullulent dans la plupart des pays du Golfe pavoisent.

Si nous condamnons la violence et le style de Netanyahou, les bombardements sur des civils, la haine des Palestiniens proférée par certains ministres extrémistes (et d’autres fous de Dieu) dans son gouvernement, nous ne pouvons qu’approuver la mesure qu’a prise le leader israélien sur un point clé : le Hamas a déclaré une guerre totale contre Israël le 7 octobre 2023. Pire, la vague d’antisémitisme subséquente qui a déferlé sur l’Occident n’a fait que renforcer la détermination des Israéliens d’en découdre.

Bref, Israël a été contraint par le Hamas d’entrer dans une guerre totale, sans merci. Emmanuel Macron feint de l’ignorer et il aurait mieux fait de construire sa coalition internationale contre le Hamas – coalition qu’il avait promise en 2023 mais abandonnée aussitôt – plutôt que de reconnaître un État palestinien fantoche dont les seuls leaders influents sont le Hamas et ses affidés.

En violant les conditions mêmes d’une telle reconnaissance – à savoir la libération des otages, mais surtout le démantèlement militaire et la mise à terre définitive du Hamas, organisation terroriste islamiste, théocratique, antisémite, anti-occidentale et moyenâgeuse – le président de la République française offre aux organisations les plus radicalisées du Moyen-Orient une aura et une victoire politique qu’elles n’osaient espérer début juillet.

Si la reconnaissance d’un État palestinien est un objectif légitime pour toute diplomatie qui se veut équilibrée dans ce Moyen-Orient insondable, en l’espèce, elle prend dix ans de retard. Merci Macron !

L’échec du président de la République est également intérieur. Par une décision unilatérale et précipitée, il divise un peu plus les Français entre eux, notamment d’un côté les juifs et, de l’autre, les arabo-musulmans, poussant les uns et les autres dans des postures radicales qu’ils ne souhaitaient pas forcément adopter. Pour un président de la République censé assurer l’unité de la nation, l’échec est piteux et patent. Bruno Retailleau, qui a demandé aux préfets de refuser le déploiement de drapeaux palestiniens sur les frontons des mairies, cautionnera-t-il longtemps la politique du président de la République ?

Saluons au passage l’initiative du maire socialiste de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, qui a décidé de déployer sur sa mairie les drapeaux français, toujours en place bien entendu, palestinien, israélien, européen et onusien, histoire de rassembler ce qui est épars et de tenter de recoller les morceaux d’une nation profondément divisée. Belle initiative, Monsieur le Maire, qui ne manquera pas de déplaire aux enragés des deux camps !

À l’heure du bilan, la reconnaissance de l’État de Palestine restera comme une tache, une faute politique et géopolitique majeure des années Macron.

 

Michel Taube

*Parmi ces « moments » décisifs qui ont scellé les échecs des années Macron, citons son refus de s’exprimer pendant les trois premières semaines du mouvement des gilets jaunes fin 2018, l’annonce subite et non concertée du désengagement du Sahel en 2023 (qui a ouvert la boîte du Pandore du désengagement africain de la France) et, bien entendu, la folle dissolution de l’Assemblée Nationale en 2024.

 

Directeur de la publication