Edito
17H26 - dimanche 21 septembre 2025

Drapeau palestinien : le symbole de l’islamisme pavoise sur nos mairies. La chronique de Thierry Gibert

 

Drapeau palestinien : le symbole de l'islamisme pavoise sur nos mairies

En ce jour où le Président de la République française s’apprête à reconnaître l’État de Palestine, à l’heure où les luttes de certains occultent la réalité sociale et culturelle de nos existences, il est des évidences que nombre d’entre nous peinent à croire. Il convient alors d’éclairer nos lanternes.

Dans nos rues, dans nos universités, sur le fronton de mairies aussi, le drapeau palestinien flotte de plus en plus souvent. Les municipalités qui choisissent d’arborer cet étendard ne peuvent pas prétendre à la neutralité : elles se rendent complices d’un récit qui, consciemment ou non, encourage l’islamisme, que ce soit par militantisme, par clientélisme électoral ou par calcul politique. Il est accompagné du keffieh noir et blanc, devenu accessoire identitaire et parfois même de la pastèque, simple fruit transformé en emblème graphique jusque dans nos festivals d’art et de culture.

Ces images paraissent anodines mais elles ne le sont pas. Elles racontent une histoire complexe et, en France, elles sont devenues l’objet d’une bataille politique et idéologique.

Le drapeau palestinien reprend les quatre couleurs panarabes de la Révolte arabe de 1916. Le noir vient du califat abbasside (Bagdad, 750-1258), symbole de puissance et de continuité. Le blanc rappelle le califat omeyyade (Damas, 661-750), signe de victoire et de prestige. Le vert est associé au califat fatimide (Le Caire, 909-1171), couleur de l’islam et du paradis. Le rouge renvoie aux Hachémites, descendants du Prophète et gardiens de La Mecque, symbole de courage et de sacrifice.

Ce drapeau est donc né du panarabisme, ce grand mouvement d’unité des peuples arabes.

En 1964, l’OLP l’a adopté pour incarner la cause palestinienne mais au fil du temps et notamment à partir de la fin des années 1980, il est devenu un support où se croisent nationalisme et islamisme.

Pour s’en faire raison, il faut avoir à l’esprit que l’islam n’est pas seulement une religion, il est aussi une matrice politique.

Né au VIIe siècle en Arabie, il a donné naissance aux grands califats qui ont structuré le Proche et le Moyen-Orient pendant plus d’un millénaire. Après la chute de l’Empire ottoman et l’abolition du califat en 1924, deux courants se sont affirmés : le nationalisme arabe et le panislamisme. L’islamisme n’est pas une greffe tardive ou étrangère ; il fait partie intégrante de la construction empirique du Moyen-Orient.

En Palestine, il y a bien eu une séquence où le nationalisme se voulait laïque, notamment sous l’OLP dans les années 1960-80, mais cette laïcité est restée relative. Le statut personnel des Palestiniens est toujours régi par le droit religieux et les institutions islamiques ont toujours été influentes. La Déclaration d’indépendance de 1988 proclamait l’égalité des citoyens sans distinction de religion mais dès 1987, le Hamas apparaissait comme la branche palestinienne des Frères musulmans. Sa charte inscrivait la cause palestinienne dans le registre religieux, en décrivant la Palestine comme un waqf, un bien inaliénable de l’islam.

Aujourd’hui, la dualité est nette. Le Fatah incarne un nationalisme séculier dominant en Cisjordanie, tandis que le Hamas impose une logique islamiste à Gaza.

En France, le drapeau, le keffieh et la pastèque restent des symboles légitimes pour exprimer la solidarité avec un peuple mais ils sont devenus l’objet d’une bataille idéologique. Les islamistes s’en emparent pour importer un récit politico-religieux. Dans les cortèges, ces symboles ne sont plus neutres : ils deviennent le terrain où s’expriment slogans djihadistes, appels à l’intifada, parfois même apologie du Hamas, devenu le néologisme du terrorisme contemporain. Le symbole ne fait pas la preuve de l’islamisme mais il faut être lucide : il est désormais un champ disputé où l’islamisme progresse.

Cette confusion génère des contradictions flagrantes. On a vu des militants LGBTQIA+ défiler avec ces symboles aux côtés de groupes islamistes. Or à Gaza, ils seraient persécutés voire exécutés. C’est l’illustration d’alliances tactiques instables où des luttes radicalement incompatibles se retrouvent sous les mêmes bannières, face aux ennemis désignés que sont l’Etat français (« colonialiste », « raciste », « islamophobe », « la police tue »), le capitalisme et la laïcité.

La France n’est pas condamnée à subir cette dérive. Elle a des armes juridiques solides. La loi de 1905 fonde la laïcité dans la séparation des Églises et de l’État. La loi CRPR de 2021, dite « de lutte contre les séparatismes », a renforcé les contrôles : transparence des financements, dissolution des associations qui relaient l’islamisme, encadrement du respect des principes républicains. Il faut appliquer ces lois sans faiblesse. Sanctionner les appels à la haine et à l’antisémitisme. Interdire les appels à l’intifada dans nos rues. Dissoudre les structures qui propagent l’idéologie islamiste sous couvert de solidarité.

Il faut aussi rappeler un principe simple : aucun drapeau étranger ne doit remplacer le drapeau tricolore, symbole de notre République, sur le sol français.

Incontestablement, la République ne peut tolérer que la haine, l’antisémitisme ou le séparatisme islamiste s’abritent derrière le drapeau palestinien. Il ne suffit pas d’opposer un récit alternatif ; il faut empêcher ces dérives idéologiques de prospérer dans notre pays.

La France, c’est la laïcité, l’égalité, la liberté. Rien ne doit les supplanter.

 

Thierry Gibert

Agé de 53 ans, Thierry Gibert vit à Aurillac dans le Cantal. Délégué Départemental de l’Éducation Nationale du Cantal, il est formateur « Valeurs de la République et Laïcité » en région Auvergne-Rhône-Alpes, responsable syndical départemental, président de l’association Union des famille laïques du pays d’Aurillac, fondateur du collectif citoyen En Avant Aurillac. Il s’exprime à titre personnel dans les colonnes d’Opinion Internationale.

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