
Dommage pour Olivier Faure, la date du 7 octobre était déjà prise… Non seulement il propose d’instrumentaliser le conflit à Gaza en dressant des drapeaux palestiniens sur les mairies de France la veille du nouvel an juif, mais il ajoute à l’ignominie en écrivant : « Tant que vous penserez que vous ne pouvez fêter le Nouvel An juif et l’an 1 d’un Etat palestinien, vous ne sèmerez que la haine, le désespoir et la mort. »
Il est des mots qui pèsent lourd, surtout quand ils sortent de la bouche d’un haut responsable politique qui prétendait à Matignon. Parfois, derrière l’habillage rhétorique, se cachent de vieilles rengaines, de vieux amalgames, qui font frissonner quiconque connaît un tant soit peu l’Histoire.
Les propos récents d’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, en sont une triste illustration. Proposer que des mairies de France hissent le drapeau palestinien la veille de Roch Hachana, le nouvel an juif, et, plus encore, compléter sa pensée par le propos ignoble que je cite plus haut, ce n’est pas seulement une maladresse diplomatique : plus qu’une faute morale, c’est une insulte.
C’est mettre en opposition une fête religieuse, un moment de spiritualité, avec un conflit politique et militaire. C’est mélanger les Juifs et Israël, la religion et la géopolitique, comme si un enfant juif allumant les bougies du Shabbat dans une famille de Marseille ou de Strasbourg devenait comptable des décisions du gouvernement israélien.
Ce glissement rhétorique, cette confusion volontaire entre identité religieuse et appartenance nationale, a toujours été le terreau de l’antisémitisme. Faire peser sur les Juifs de France la responsabilité des choix de l’État d’Israël, c’est leur désigner une cible dans nos rues, dans nos écoles, sur nos réseaux sociaux. C’est dire, en creux : « Vous n’êtes pas vraiment Français, vous êtes d’abord juifs, vous êtes surtout Israéliens. » Ce discours, avant-hier porté par l’extrême droite, aujourd’hui repris par une partie de la gauche, est le poison le plus dangereux pour notre République.
Un geste symbolique… qui dit tout.
Hisser le drapeau palestinien sur les frontons des mairies n’est pas un acte neutre. Ce n’est pas un appel à la paix, mais un alignement clair sur l’un des belligérants, une manière de délégitimer Israël et, à travers lui, de stigmatiser tous les Juifs.
C’est nier que les barbares du hamas ont déclenché une tentative de génocide et ont toujours 48 otages dans leurs geôles. C’est oublier que le drapeau palestinien, dans les cortèges de nos rues depuis le 7 octobre 2023, a souvent été brandi non comme symbole de liberté, mais comme étendard de haine, accompagné de slogans appelant à la destruction d’Israël et à la mort des Juifs.
C’est soutenir, inconsciemment, le terrorisme et la barbarie déclenchée par le hamas le 7 octobre, une guerre amplifiée par le hezbollah, par les houthis, par l’Iran. Avec le Qatar qui continue de financer le hamas, à abriter ces chefs.
C’est nier l’histoire, ou la méconnaître. Mais là, sa faute, sa méconnaissance est partagée jusqu’au locataire actuel de l’Elysée, celui qui a ouvert la boite de Pandore !
Rappelons à ce triste sieur que le mandat britannique sur la Palestine comprenait Israël et la Jordanie, que les plans de partage initiaux, approuvés par les Britanniques comme par les Français prévoyaient d’un côté un foyer juif d’un côté du Jourdain, là où était le Royaume d’Israël, là où toute l’histoire de la Bible de Josué à Jésus, de David à Salomon, se déroule, là où le Temple de Jérusalem, si important pour le judaïsme comme pour l’histoire de Jésus, est central, et, de l’autre côté, un pays musulman.
Puis face au refus arabe, un refus violent, les occidentaux ont cédé et ont proposé de repartager en deux parties ce qui devait être Israël. Face encore au refus et au jusque-boutisme des terroristes de l’OLP et des dictatures arabes d’avant, et à celui de « l’autorité palestinienne », du hamas et des frères musulmans (de la Turquie au Qatar) aujourd’hui, doit-on encore céder, crier « free palestine » et nier le droit à l’existence du seul état juif au monde ? le seul état de la région où l’on peut être croyant comme non-croyant, juifs, chrétiens ou musulmans, gay ou hétéro, sans craindre pour sa vie !
Olivier Faure sait-il au moins comment vivent les LGBT+, les athées, les Druzes, les Kurdes, les Yazedis, les juifs, les chrétiens,…, en terre musulmane ?
Et choisir la veille de Roch Hachana pour une telle provocation, c’est pire encore.
Ce n’est pas un hasard. C’est une manière d’envoyer un message subliminal : « Nous ne respectons pas vos fêtes. Nous ne respectons pas votre identité. » La République, qui devrait protéger la liberté de conscience et la neutralité religieuse, se retrouve ainsi instrumentalisée contre l’une de ses communautés.
La République ou le reniement
La France est la patrie de la laïcité, ce principe qui garantit à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer sa foi sans crainte, et qui assure l’égalité de tous devant la loi. En proposant d’accrocher des drapeaux palestiniens sur des bâtiments publics à une date symbolique pour les Juifs, Olivier Faure trahit ce principe. Il prend parti, non pas dans un conflit international – ce qui déjà ne relève pas de nos mairies – mais contre une partie de ses propres concitoyens.
Ce n’est pas d’« internationalisme » qu’il s’agit, mais bien d’un double manquement : manquement à la neutralité de l’État, et manquement à la fraternité républicaine. Quand un responsable politique confond volontairement Israéliens et Juifs, religion et politique, il ne parle plus de diplomatie, mais il souffle sur les braises de l’antisémitisme.
Une leçon à retenir
Il faut le dire avec force : l’antisémitisme ne se cache plus, et il se nourrit désormais d’une alliance malsaine entre islamisme politique et une gauche radicalisée qui a perdu tout repère. Ce qui hier était l’apanage des extrêmes devient le discours officiel de certains responsables. Nous devons sonner l’alarme.
Car derrière ces drapeaux palestiniens sur nos mairies, ce sont les mezouzot arrachées des portes, les kippas cachées sous les casquettes, les insultes dans les cours d’école, les professeurs menacés. N’oublions jamais les victimes de Merah, les Sandler, Sonigo, Chennouf, Ibn Ziaten, les Mireille Knoll, Sarah Halimi, Samuel Paty, Dominique Bernard et tant d’autres. Derrière les mots d’Olivier Faure, ce sont des vies mises en danger.
La République doit choisir : ou bien elle protège tous ses enfants, Juifs compris, ou bien elle se renie. Il n’y a pas de juste milieu.
Il est urgent que les responsables politiques retrouvent la clarté, qu’ils cessent les ambiguïtés et les amalgames. L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un crime. Et lorsque ce crime trouve des justifications au sommet de la vie politique, il faut avoir le courage de le dénoncer.
C’est cela, aujourd’hui, le devoir républicain.
Olivier Faure s’est mis par ses propos infâmes en dehors de l’arc républicain. Il doit démissionner, ou être démissionné, de la tête du Parti Socialiste. Il ne peut plus être le successeur de Léon Blum, de Guy Mollet, de François Mitterrand et de Lionel Jospin ! A lui ensuite de savoir s’il veut succéder à Déat, Doriot et Bousquet !
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).

















