Edito
07H13 - samedi 30 août 2025

La chute annoncée de François Bayrou est-elle le meilleur antidote contre un septembre social ? L’édito de Michel Taube

 

La chute annoncée de François Bayrou est-elle le meilleur antidote contre l’explosion sociale ? L’édito de Michel Taube

 François Bayrou, Premier ministre en sursis, compte ses jours à Matignon. Entre un budget d’austérité de 44 milliards d’euros et une opposition unanime des syndicats, des partis de gauche et même d’extrême droite, le gouvernement vacille. 

Les Nicolas qui refusent de payer, les gilets jaunes longtemps endormis, les entrepreneurs qui en ont marre de l’instabilité fiscale et les élus locaux épuisés, les Français ont la colère froide.

Bien entendu, les appels à tout bloquer le 10 septembre dans le pays, initiés par des réseaux de la droite nationaliste et récupérés, comme ce fut le cas avec les gilets jaunes en 2018, par LFI, sont tentants pour toutes les forces de contestation.

En Martinique, l’appel de Rodrigue Petitot à bloquer le territoire fera-t-il pshitt ? Ses consignes révolutionnaires et aux visées indépendantistes de « mettre le feu » dès le 1er septembre ne correspondent pas à l’attachement de l’immense majorité de la population à la France et à la sécurité.

De même dans les transports, où le politique n’ose pas restreindre le droit de grève alors que ce sont des secteurs stratégiques de la vie sociale, les syndicats de la RATP et les contrôleurs aériens annoncent des débrayages massifs mi-septembre.

Mais voilà que, réunis en intersyndicale ce vendredi 29 août, les syndicats représentatifs de salariés ont appelé à la mobilisation générale le jeudi 18 septembre, étant incapables de s’entendre sur la date du 10 septembre.

Autant dire que la dispersion des luttes sociales risque fort de faire échouer le grand soir attendu ou redouté

Pourquoi ce flop social annoncé ?

Paradoxalement, la chute programmée de François Bayrou pourrait-elle calmer la colère sociale qui monte dans le pays, ou ne fera-t-elle que la nourrir ?

La logique est simple : pourquoi mobiliser quand le gouvernement lui-même est aux abonnés absents ? Les taxis, qui devaient paralyser le pays le 5 septembre, ont déjà reporté leur mouvement. 

Parce que l’onde de choc que les opposant de tous poils espèrent provoquer se heurte à un vide : un exécutif sans vision ni autorité, un chef de l’Etat démonétisé, une opinion publique fatiguée, et une société qui n’a plus la force ni la patience de suivre des mots d’ordre flous.

La chute de Bayrou est paradoxalement la meilleure protection contre une explosion sociale. Sans un visage clair à viser, sans un pouvoir identifiable à contester, la colère, aussi vive soit-elle, se dilue dans l’incertitude. Les blocages planifiés, les slogans et les manifestations risquent de se transformer en vent perdu, incapables de trouver un adversaire tangible.

Alors, Bayrou doit-il tomber pour apaiser la colère ? Peut-être. Ou peut-être que rien ne pourra arrêter la tempête.

Dans la tête des Français, somme toute légitimistes, l’échéance de 2027 sonnera l’heure de la grande rupture. La France a-t-elle les moyens d’attendre presque deux ans ?

  

Michel Taube

Michel Taube

 

Directeur de la publication