
François Bayrou le sait bien, il n’aura pas la confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain.
En décidant de provoquer un vote de confiance avant même l’ouverture des discussions parlementaires sur le désendettement de la France, François Bayrou avoue l’échec de sa stratégie : en bon démocrate-chrétien, le Béarnais a voulu, depuis des mois déjà, déplacer le débat public sur le terrain moral, moralisateur, culpabilisateur, presque christique. La réponse des Français, dans les études d’opinion comme parmi le personnel politique, est très claire : les Français, intoxiqués aux aides et à l’intervention publiques pléthoriques, ne veulent pas consentir à des efforts supplémentaires ni entrer dans cette logique de rédemption dépensière !
En fait, François Bayrou ne veut pas négocier : il ne veut pas, par exemple, échanger le renoncement à la suppression de deux jours fériés contre d’autres efforts à demander aux Français. Il veut sortir au plus vite d’une impasse politique dont il sait ne pas pouvoir s’extraire et prendre date avec les Français pour un éventuel rendez-vous en 2027. Nous en reparlerons.
Mais ne soyons pas dupes : l’ancien Haut-commissaire au Plan, pas plus que les autres dirigeants politiques actuels, n’a pas voulu proposer aux Français d’imposer une cure de dégraissage massif des dépenses publiques, seule à même de redresser durablement la France et de nous faire entrer enfin dans une modernité libérale et entrepreneuriale qui permet déjà à nos pays voisins de faire face aux défis du temps présent.
François Bayrou aurait dû s’adresser aux Français, aux artisans, petits commerçants, ceux des premiers gilets jaunes, aux Nicolas qui payent, à la jeune génération très remontée contre les boomers, tous ceux qui n’en peuvent plus de se serrer la ceinture ou de payer des taxes et des impôts lorsqu’ils se lèvent tôt le matin pour aller bosser : « c’est sur la dépense publique, sur le nombre et la gabegie des fonctionnaires, leur manque de productivité, leur manque de d’esprit civique (fait nouveau dans bon nombre de services publics) que nous allons mettre le paquet ! Toutes les dépenses publiques inutiles seront supprimées à la tronçonneuse, à la broyeuse. »
François Bayrou veut réduire l’endettement de la France mais en imposant encore plus d’efforts aux Français alors que les efforts devraient se concentrer exclusivement sur la baisse des dépenses publiques, la réduction du nombre et la productivité des fonctionnaires et, enfin, la guerre aux gaspillages des acteurs publics.
Ce cap libéral, François Bayrou n’en veut pas plus que les autres dirigeants politiques français qui, tous, de droite, du centre ou de gauche, de la droite nationaliste à l’extrême gauche, ne savent que voter des recettes et laisser filer des dépenses publiques souvent inutiles.
Le comportement de François Bayrou a l’allure d’un suicide politique. Mais ce n’est pas le sien ! C’est celui d’un personnel politique en dessous de tout qui, sur tous les dossiers stratégiques, n’est vraiment pas au rendez-vous de l’histoire et n’a cessé de faire semblant de régler nos problèmes. On le voit sur l’avenir des Outre-mer (dont la chute du gouvernement provoquera la suspension des travaux parlementaires sur la loi Valls contre la vie chère), sur notre influence en Afrique, sur les investissements massifs pourtant nécessaires dans l’IA… Et la liste des renoncements ou des faux-fuyants serait longue.
La démagogie et le populisme ont déjà pris le pouvoir en France mais les réalités se vengeront vite !
Michel Taube




















