Edito
17H43 - vendredi 22 août 2025

Émeutes à Aurillac : le Cantal reflète la montée en puissance du désordre national. Tribune de Thierry Gibert

 
Émeutes à Aurillac : le Cantal reflète la  montée en puissance du désordre national. Tribune de Thierry Gibert

Émeutes à Aurillac : le Cantal reflète la montée en puissance du désordre national. Tribune de Thierry Gibert

La nuit du 20 au 21 août 2025, Aurillac, petite ville du Cantal, s’est transformée en théâtre d’une violence urbaine aussi soudaine que révélatrice. Trois cents individus, dont une soixantaine de cagoulés, ont semé le chaos en marge du Festival International de Théâtre de Rue, brisant vitrines, dégradant le mobilier urbain et s’en prenant aux forces de l’ordre. Le maire, Pierre Mathonier, parle aujourd’hui de « traumatisme » et de « guérilla urbaine », feignant la surprise face à un désordre qu’il a lui-même, par complaisance, contribué à installer. Cette nuit d’émeutes n’est pas un accident : elle est le symptôme d’une dérive idéologique orchestrée par une gauche aveugle, qui, sous couvert de culture, a transformé un festival populaire en tribune militante. Ce phénomène ne se limite pas à Aurillac : Avignon et Saint-Cloud, récemment sous les feux de l’actualité, illustrent la même politisation rampante des espaces culturels, centrée sur la cause palestinienne.

 

Un festival détourné de sa vocation

Le Festival d’Aurillac, qui devait être une célébration de l’art et de la liberté, s’est mué en vitrine d’un militantisme radical. La programmation de 2025, avec en tête d’affiche le metteur en scène suisse Milo Rau, illustre cette politisation assumée. Rau, connu pour ses prises de position controversées, qualifie la politique israélienne d’« apartheid » et de « génocide », tout en soutenant des initiatives comme Land of Hope – Future for Palestine, qui flattent une posture pro-palestinienne occidentale, simpliste et univoque. En 2024, aux Wiener Festwochen qu’il dirigeait, il invitait Annie Ernaux, soutien affiché du mouvement BDS et de figures comme Georges Ibrahim Abdallah, condamné pour terrorisme. Ce choix n’est pas artistique : il est éminemment politique.

Dès l’ouverture du festival, les symboles ont parlé d’eux-mêmes. Un drapeau palestinien déployé sur la façade de la mairie, un keffieh brandi sur scène, une pastèque – symbole codé de la cause palestinienne depuis 1967 – exhibée en présence du maire. Ces gestes, loin d’être anodins, ont été validés par la municipalité et promus par le compte officiel du festival. Ce n’est plus du théâtre de rue : c’est une prise d’otage idéologique de l’espace public, financée par l’argent des contribuables.

Cette dérive n’est pas isolée. À Avignon, lors du Festival 2025, une centaine de personnalités du théâtre, incluant d’anciens directeurs et artistes comme Samuel Achache, ont signé une tribune dans Télérama dénonçant un « génocide » à Gaza et réclamant la reconnaissance de l’État palestinien, tandis qu’une manifestation pro-palestinienne a marqué l’ouverture du festival avec des slogans accusateurs. Une banderole « Stop au génocide » a même été déployée sur les remparts, avant d’être arrachée, suscitant l’indignation de La France Insoumise. À Saint-Cloud, bien que moins documenté, des rassemblements pro-palestiniens récents ont également fait écho à cette politisation, avec des collectifs locaux brandissant des drapeaux et des slogans similaires, transformant des espaces publics en tribunes idéologiques. Ces événements montrent que la culture, loin d’unir, devient un champ de bataille militant.

 

Une gauche complaisante face à la montée du désordre

Depuis des années, la majorité municipale d’Aurillac, alliée à une gauche et un centre, complaisants, ferme les yeux sur cette dérive. Les alertes sur la politisation croissante du festival ont été balayées sous prétexte d’« audace artistique ». Pierre Mathonier, qui niait il y a peu le sentiment d’insécurité des Aurillacois, se pose aujourd’hui en victime d’un chaos qu’il a laissé prospérer. À coups de subventions publiques – 3 millions d’euros pour le festival (plusieurs centaines de milliers d’euros pour la remise en état complète de la ville) – la mairie a cautionné des compagnies plus militantes qu’artistiques, comme Bonheur Désordre ou Les Arts Oseurs, qui brandissent des slogans altermondialistes et pro-palestiniens, transformant les rues en tribunes politiques. Cette complaisance s’étend aux instances nationales du Parti socialiste (PS), qui, dans le cadre du Nouveau Front Populaire (NFP), ont validé des candidatures controversées comme celle de Zoé Pébay, représentante de La France Insoumise (LFI) dans la deuxième circonscription du Cantal lors des législatives de 2024. Pébay, qui a obtenu 13.5% des voix, aurait, selon des témoignages, arraché des affiches d’otages israéliens à Sciences Po, un geste symbolique d’une radicalité tolérée par une gauche incapable de condamner ces dérives. Mathonier lui-même, candidat PS dans la première circonscription pour le NFP, incarne cette alliance qui ferme les yeux sur de tels actes au nom de l’unité politique. Cette tolérance envers des discours militants, souvent financés par des fonds publics, reflète une gauche nationale qui, par dogmatisme, refuse de voir la réalité du désordre qu’elle alimente. À Avignon, le directeur du festival, Tiago Rodrigues, a lui-même donné le ton en publiant un édito dénonçant le « massacre » à Gaza, tandis que des manifestations pro-palestiniennes ont rythmé la ville, certaines accusant la France de « complicité » avec Israël. À Saint-Cloud, des mobilisations similaires, bien que plus discrètes, ont vu des collectifs locaux instrumentaliser des événements publics pour promouvoir la cause palestinienne, souvent avec des slogans simplistes ignorant la complexité du conflit. En valorisant des collectifs prônant la « désobéissance » ou la « résistance » – termes chers à LFI – sous couvert de culture, elle ouvre la porte à des groupuscules anarchistes, prêts à « casser la France et ses institutions ». La nuit du 20 août à Aurillac n’est pas un dérapage isolé : elle est la conséquence logique d’une idéologie qui préfère flatter les réseaux militants plutôt que protéger les citoyens.

 

Glob productions

 

La colère des commerçants et l’exode des habitants

À cette dérive idéologique s’ajoute une réalité sociale brutale : la colère des commerçants. Chaque année, leurs vitrines sont souillées de tags, leurs devantures envahies de groupes marginaux, leurs terrasses occupées par des attroupements bruyants. Plusieurs d’entre eux dénoncent un public « punks à chiens », dont la présence massive ternit l’image de la ville et effraie la clientèle locale. Loin d’être un moteur économique, le festival devient pour certains une charge, un moment redouté plus que célébré.

Et pour les habitants, la fracture est tout aussi nette. Nombreux sont ceux qui, chaque mois d’août, choisissent de fuir la ville pour échapper au vacarme, aux nuisances et à l’insécurité. Ceux qui en ont les moyens s’exilent quelques jours à la campagne ou en vacances. Les autres, contraints de rester, subissent une double peine : voir leurs rues transformées en terrains de jeux pour militants et marginaux et devoir subventionner tout cela avec leurs impôts.

 

Une responsabilité écrasante

Le maire et sa majorité ne peuvent se défausser sur les seuls activistes. En offrant une tribune à des figures comme Milo Rau, en cautionnant des symboles politiques explicites, ils ont fait le choix de l’idéologie au détriment de la neutralité républicaine. Frédéric Remy, directeur du festival, peut bien clamer sur France Inter que « les arts de la rue sont là pour rassembler » : ses choix de programmation contredisent ce discours. En mettant en avant des artistes qui dénoncent à sens unique, sans jamais questionner les exactions du Hamas ou la complexité du conflit israélo-palestinien, il participe à une caricature qui divise plus qu’elle n’unit.

Cette responsabilité s’étend aux autorités nationales. La ministre de la Culture, Rachida Dati, semble avoir réagi sans bien mesurer les responsabilités que porte l’ancienne ministre Françoise Nyssen, présidente du festival. En laissant ce festival dériver vers une foire militante, cette figure politique a abandonné Aurillac à un chaos prévisible. À Avignon, la « Nouvelle Déclaration d’Avignon », lue le 12 juillet 2025 sur la place du Palais des Papes, dénonçait en cinq langues les « massacres orchestrés par l’État israélien », amplifiant la politisation du festival. À Saint-Cloud, des initiatives similaires, bien que moins médiatisées, montrent que ce phénomène gangrène d’autres espaces culturels. La culture, financée par l’argent public, ne devrait pas être un vecteur de propagande, mais un espace de création et de rencontre.

 

Aurillac : Un symptôme de la dérive de la gauche

Aurillac, comme Avignon et Saint-Cloud, est devenue l’emblème d’une gauche française qui, par aveuglement idéologique, sacrifie la cohésion sociale au profit d’un militantisme radical. En laissant des festivals culturels devenir des tribunes pour des causes unilatérales, comme la cause pro-palestinienne portée par des symboles provocateurs et des discours simplistes, les élus locaux et nationaux trahissent leur devoir de neutralité. Cette dérive, financée par 3 millions d’euros de subventions à Aurillac – sans compter les centaines de milliers d’euros nécessaires pour réparer les dégâts – alimente un désordre qui dépasse le Cantal. La gauche, en tolérant ces excès sous prétexte de liberté artistique, a semé les graines du chaos qui éclate dans nos rues, transformant des célébrations culturelles en champs de bataille idéologiques. Aurillac mérite un festival qui honore l’art et unit ses habitants, non un miroir des dérives d’une gauche déconnectée, prête à flatter les extrêmes plutôt que de défendre l’ordre et la République.

 

Thierry Gibert

Responsable du collectif citoyen En Avant Aurillac