Edito
04H14 - mardi 18 avril 2023

Racisme entre Arabes et Noirs : quand RFI (et Alain Foka) met de l’huile sur le feu. L’édito de Michel Taube

 

En 2023, la Tunisie est un peuple raciste et encore esclavagiste contre les Noirs ! C’est en somme le discours incendiaire qu’a véhiculé à heure de très grande écoute Alain Foka, la star de RFI, Radio France Internationale, ce dimanche 16 avril dans son fameux « Débat africain ».

Les propos de cette émission sur un service public français, dont il faut prendre 49 mn pour en écouter le podcast, ont été d’une telle haine, d’une telle systématicité unilatérale, sans aucun esprit ni voix critique ou apaisante, qu’on peut craindre qu’Alain Foka prépare une suite à son émission : « représailles noires contre les Arabes ».

C’est qu’Alain Foka s’est pour le moins lâché…

C’est vrai, le président de la République tunisien Kaïs Saïed a commis une faute morale et politique en disant le 21 février 2023 : « Des hordes d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne déferlent sur la Tunisie. Ils sont à l’origine de violences, de crimes et d’actes inacceptables. […] dans le but de métamorphoser la composition démographique de la Tunisie et de la transformer seulement en un Etat africain qui n’appartienne plus au monde arabo-islamique. »

Et Alain Foka d’introduire son émission, deux mois après cette sortie de route du président Saïed, en dénonçant notamment « des ratonnades et violences anti-noires qui ont mis au grand jour le climat de racisme qui prévaut dans le pays et qui touche des minorités tunisiennes noires qui n’ont jamais été intégrées dans la communauté nationale ». Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux propos à l’emporte-pièces pendant son émission. Le racisme contre les personnes de couleur noire est certainement une réalité en Tunisie. Elle s’est aggravée avec le discours surréaliste de son Président. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tous les Tunisiens sont des racistes ni que le régime ou l’Etat est raciste.

Doit-on mettre les propos d’un homme, fût-il président de la République, sur le compte de tout un peuple ? Car c’est bien le message qu’ont diffusé Alain Foka et la seule invitée tunisienne de l’émission, sciemment présentée comme noire-Tunisienne (ah, toujours cette obsession wokiste de la couleur de peau), Saadia Mosbah, présidente de Mnemty, association de lutte contre le racisme en Tunisie. Elle ne s’est pas privée pendant toute l’émission de dénoncer la Tunisie comme pays esclavagiste, historiquement et encore aujourd’hui.

Mais pourquoi n’avoir pas donné la parole à un ministre ou à un leader d’opinion tunisien qui aurait pu mettre de l’huile (d’olive bien sûr) dans les rouages de cette émission bien trop pimentée pour être savoureuse ?

On le sait, le président Kaïs Saïed est une sorte de Trump tunisien et ses propos présentés par Alain Foka comme du grand Zemmour ne seraient-ils pas plutôt à mettre sur le compte de deux facteurs qui auraient pu être exposés dans l’émission :

– l’âge et de la tentation de despotisme qui animent un chef d’Etat de plus en plus seul : le pouvoir vient encore hier soir de faire arrêter à son domicile le leader des islamistes Rached Ghannouchi, ce qui risque de mettre le feu aux poudres (même si la Tunisie, depuis les soubresauts entraînés par le printemps arabe et la chute du régime Ben Ali, a bien besoin d’un régime politique rationalisé, ce que la révision récente de la Constitution a tenté d’instaurer, et renforcé sur ses bases laïques inédites dans le monde arabo-musulman ;

-le contexte de pression migratoire exacerbé sur la Tunisie, déjà fortement affaiblie économiquement, explique largement les tensions épisodiques qui marquent l’accueil des noirs africains au Maghreb, anti-chambre de leur aventure méditerranéenne vers l’Europe. D’ailleurs, tout à la fin de l’émission, la seule Tunisienne du plateau a finalement confessé ce par quoi il eut fallu commencer :« il y a eu un énorme problème aux frontières et nous avons vu récemment plus de frères et des sœurs sub-sahariennes que d’habitude. Par exemple, il n’y avait pas auparavant de mendicité dans la rue mais nous avons vu la montée de la mendicité de sub-sahariens anglophones ».

D’ailleurs pas plus tôt qu’hier l’Italie, voisine de la Tunisie, vient de déclarer l’état d’urgence face à une vague migratoire sans précédent : RFI taxera certainement demain matin les Italiens de peuple raciste !

Si ces propos racistes ont suscité quelques vagues de violence dans le pays, ce ne fut pas au point de mettre à feu et à sang toutes les communautés noires vivant en Tunisie. Pour bien connaître la Tunisie et les Tunisiens, ils ne sont pas racistes comme le prétend Alain Foka et il faudrait que des Tunisiens puissent le dire sur les antennes de RFI ! Au lieu de faire du Kaïs Saïed à l’envers, Alain Foka ferait mieux de leur donner la parole.

Ajoutons qu’il est insupportable, comme cela transparaît tout au fil de l’émission, qu’Alain Foka, comme trop d’émissions de RFI, réduise les auditeurs et les invités à leur couleur de peau. Ce piège du racialisme dans lequel on voudrait nous enfermer, c’est précisément cela le wokisme : nous sommes réduits, enfermés, renvoyés et prisonniers de notre couleur de peau !

Généraliser des propos racistes tenus par un homme à tout un peuple, c’est décider sciemment de dresser les uns contre les autres pour faire de l’audience facile.

En ces temps de vague mondiale mêlant crise économique et populisme exacerbé, est-ce à un média de service public de jouer les pompiers pyromanes sur les braises du racisme ravivé entre les peuples ? Est-ce à RFI de nourrir ces tensions ?

Est-ce à nos impôts de le payer ?

Michel Taube

Directeur de la publication

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