Edito
07H47 - jeudi 1 septembre 2022

La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, s’attaque à la culture et ferme les musées 2 jours par semaine. L’édito de Michel Taube

 

Voici maintenant deux ans que les écolos sont au pouvoir dans une dizaine de grandes* Villes de France : les habitants, les entreprises, les touristes de Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Besançon, Tours, Annecy, Poitiers et, depuis déjà une mandature, la Grenoble du trop célèbre Eric Piolle, commencer à sérieusement déguster et payer au prix fort le taux d’abstention record (Covid et confinement obligent) qui avait porté au pouvoir ces ayatollah d’une fausse écologie et d’une vraie bobo-woke-attitude.

Il y avait la folie du tout-vélo ! Voici la folie anti-culturelle !

Les musées seront donc fermés deux jours par semaine (en plus d’une heure entre 13h et 14h) à partir de la rentrée à Strasbourg !

C’est l’excellente Tribune de l’Art qui révélait l’information le 3 août dernier après avoir été alertée par un de ses lecteurs, un enseignant. L’article souligne l’énormité symbolique qu’aura la mesure : « aucun musée d’aucune grande ville en France, en Europe ou en Amérique du Nord (et probablement pas non plus dans les autres pays du monde, mais nous les connaissons moins bien) ne ferme deux jours par semaine. Et certainement pas dans une ville touristique comme Strasbourg. »

La municipalité de Strasbourg a tardé à donner la moindre explication à cette décision. En a-t-elle honte ?

Il a fallu attendre les protestations de quelques politiques (Fabienne Keller, députée européenne et ancienne maire de Strasbourg (2001-2008), et Bruno Studer, député de la 3ème circonscription de Strasbourg, ont lancé une pétition. pour contester ce projet) pour que la maire Jeanne Barseghian s’explique et invoque des problèmes budgétaires et de ressources humaines (il y a trop de vacataires car les fonctionnaires sont trop souvent absents, allons donc !).

Dans une ville comme Strasbourg ? Que les services municipaux redoublent donc d’efforts et d’imagination pour recruter des candidats gardiens de musées ! Une politique attractive de RH, vous connaissez ?

Non, la raison est certainement plus profonde. D’une part, les investissements massifs pour passer au tout-vélo (avec un plan vélo complètement démesuré de 100 millions d’€  sur 5 ans) obligent à des coupes sombres dans d’autres budgets, même essentiels comme la culture. Ce n’est pas de la politique, c’est de l’auto-destruction.

 

La maire Barseghian n’aimerait-elle pas cette culture ?

Ensuite, vu le patrimoine culturel de la ville de Strasbourg, qui va de l’art classique médiéval et folklorique (pas très woke, tout cela !) à l’humour et au libertinage les plus raffinés avec le grand Tomi Ungerer (c’est connu, les écolos, les purs, les durs, manquent souvent d’humour), nous craignons que les nouveaux édiles de la ville de Strasbourg ne se promenassent point souvent dans les musées strasbourgeois et se sont peut-être dits : « allez, les jeunes Strasbourgeois, on va les éveiller à une autre culture, plus verte, plus woke, plus accessible. »

Les écolos n’aimeraient donc pas la culture française ? Quand elle n’est ni woke ni transgenrée, on pouvait le craindre !

Cette décision est une honte pour la ville de Gutenberg, pour la capitale européenne des droits de l’homme et de l’Union Européenne. Elle contrevient à l’exigence de grandeur culturelle que la France tente encore d’assumer, quels que soient les pouvoirs qui se succèdent : du prix unique du livre sous Jack Lang au pass culturel sous Emmanuel Macron, l’exception culturelle française a toujours fait notre fierté.

Cette politique a un prix, c’est sûr. Mais elle rapporte aussi des avantages incommensurables. Selon Rue 89 Strasbourg, « Bertrand Gillig, président de la Société des Amis et des Arts des musées de Strasbourg (Saams) s’inquiétait déjà de la difficulté d’accueil des 550 000 visiteurs annuels avec des horaires restreints. »

La ministre de la culture, Madame Rima Abdul Malak, doit d’urgence intervenir, quitte à aller au bras-de-fer !

Car la partie n’est pas jouée ! Un prochain comité d’hygiène, de sécurité et de condition de travail (CHSCT) des agents de la ville de Strasbourg se tiendra le 15 septembre et doit entériner les mesures sociales entraînées par cette décision très politique. La CGT a même déposé un préavis de grève pour la journée du samedi 17 septembre, en pleines Journées européennes du patrimoine.

Le grand, l’immense Tomi Ungerer qui, en son temps, nous avait offert une belle illustration pour soutenir notre combat contre la peine de mort, doit mal dormir dans sa tombe et aura une larme devant le dépit de celui qui, voulant rendre visite à son musée le lundi et le mercredi, y trouvera porte close !

« La culture est notre langue commune en Europe, elle est le reflet de nos valeurs partagées », écrivent Fabienne Keller et Bruno Studer qui

La réalité écolo de Strasbourg est différente : « non Madame Barseghian, nous n’avons pas les mêmes valeurs ! »

 

Michel Taube

 

*Plus de 100.000 habitants (sauf Poitiers).

Directeur de la publication