Edito
11H51 - vendredi 17 juin 2022

Marché de Nupes, mélenchonisation des esprits, Trump français : les Français en veulent-ils vraiment ? L’édito de Michel Taube

 

Emmanuel Macron perdrait-il la baraka ? Après l’extraordinaire concours de circonstances qui conduisit le marcheur sprinteur à l’Élysée en 2017, les planètes se sont alignées une seconde fois en 2022 : la Covid puis Poutine, mais aussi l’absence de cataclysme climatique (ça viendra) et d’attentat islamiste spectaculaire (bis) à quelques semaines des présidentielles, et le tour (de passe-passe) fut joué.

Mais la guerre en Ukraine a fait exploser l’inflation, un retour brutal et dévastateur pour les Français les plus défavorisés. Depuis l’élection présidentielle, les Français apprécient le décalage entre d’une part un chef de l’Etat qui brille par sa lenteur et son inaction, comme si aucune urgence face auxquelles souffrent les Français n’était plus urgente, et la dynamique enclenchée par l’union des gauches.

Résultat : ceux qui promettent la lune (on va raser gratis, sauf pour les riches qu’on va tondre) ont la cote. La gauche, écolo comprise (pourquoi d’ailleurs, l’écologie devrait-elle être de gauche ?) est à l’agonie, et Jean-Luc Mélenchon, une des dernières grandes gueules (la seule ?) de notre scène politique par trop technocratique, a capté ses concurrents de gauche sous forme de circonscriptions législatives comme la lune tourne autour de la terre.

Le PS, la gauche sociale-démocrate qui croyait en l’Europe, Yannick Jadot désormais marginalisé parmi des verts qui ne sont plus pastèques, mais rouge et verts, celui de l’islam politique et de son burkini, à l’intérieur comme à l’extérieur, le PCF qui semblait avoir compris que l’immigration massive est l’ennemi du prolétariat, tous sont aujourd’hui des toutous de Mélenchon qui les traitera avec le mépris qu’ils méritent.

Seule exception : Fabien Roussel a la subtilité de ne pas s’afficher avec les ténors de la Nupes tout en sauvant les finances et une représentation nationale minimale de son parti. Les voix de la gauche modérée, macronie incluse, devraient lui permettre de battre son rival RN dimanche.

Mais les Français vont-ils vraiment faire de la NUPES le premier mouvement politique de France (à égalité avec la macronie et les lepénistes) et rendre possible sa victoire aux législatives ?

Oublié l’autoritarisme de Mélenchon (« la république, c’est moi »). Oubliée sa haine des « riches » (en réalité de celui qui a plus que son voisin et accessoirement plus que 4.000 € par mois), une espèce qu’on ne tond qu’une fois. Oubliée sa haine de la police qu’il veut désarmer, moralement, juridiquement, techniquement, alors que plus de 80 % des Français, décidément enclins à la schizophrénie, disent en avoir une bonne opinion. Oubliés ce Mélenchon et ses sbires qui manifestaient avec des islamistes braillant Allah Akbar dans les rues de Paris en 2019 sous prétexte d’islamophobie. Oublié ce discours consistant à vouloir combattre le djihadisme tout en se faisant collabo de l’idéologie qui ose faire du voile et du burkini un étendard de la liberté. Oublié que Mélenchon veuille abroger la pourtant modeste loi contre le séparatisme votée trop tardivement dans le premier quinquennat Macron.

Oubliée aussi la mystification économique : la France ne bat pas monnaie et l’Union européenne ne financera jamais les délires néomarxistes de Maximo Mélenchon, grand admirateur du Venezuela de Maduro (qui vient d’intensifier sa romance avec l’Iran). Nous recommandons la lecture du portrait d’un candidat de la Nupes, Rodrigo Arenas, qui se réclame davantage d’Allende que de Chavez.

Oubliée enfin la retraite à 60 ans, alors que partout en Europe, on en est déjà autour de 65 ans et que l’idée que le travail tuerait (comme la police) est encore un mensonge. Mis à part les métiers pénibles qui tendent à décliner grâce au progrès technologique, et qui justifient un départ anticipé à la retraite, celle-ci s’avère souvent être un naufrage, surtout lorsqu’elle rime avec inactivité ou oisiveté, et surtout pour les hommes (tiens les ultra-féministes devraient s’en réjouir).

Le mensonge est consubstantiel à la politique. Mais le « marché de Nupes » que nous dénonçons depuis quelques semaines est un peu gros ! La « mélenchonisation des esprits », que met en lumière Yves Thréard dans Le Figaro, est en marche !

Mélenchon est le Trump français et « notre » Trump est de gauche ! Incroyable mais vrai !

Avec sa gauche « nupsée », honteuse et soumise, Jean-Luc Mélenchon, dont nous sommes intimement convaincus qu’il se prépare déjà (comme Marine Le Pen d’ailleurs) à se présenter à l’élection présidentielle en 2027, ne peut nous offrir ce monde meilleur, plus juste et égalitaire qu’il veut nous vendre. Soit il sera le Tsipras français, soit il ruinera la France.

Il ne reste que 48h pour en prendre conscience.

 

Michel Taube

Directeur de la publication