Abraham XXI
19H23 - lundi 6 décembre 2021

Pourquoi la lutte contre le djihadisme islamiste doit être un enjeu de l’élection présidentielle.

 

Faut-il craindre des conséquences en France du retrait des États-Unis d’Afghanistan et de la prise du pouvoir par les talibans ? La France connaîtra-t-elle le même sort au Mali et au Sahel que les États-Unis à l’extrême-Levant ? Sommes-nous à l’abris de nouveaux attentats terroristes d’ici l’élection présidentielle ? De grandes métropoles françaises conquises en 2020 par l’alliance des écologistes et de l’extrême-gauche sont-elles infiltrées par les Frères musulmans, comme de sérieux soupçons pèsent sur la nouvelle municipalité strasbourgeoise dirigée par Jeanne Barseghian ?

Telles sont quelques-unes des questions qui étaient au cœur du 4ème quatrième volet du SERIMT, le « Sommet européen sur la radicalisation islamiste et la menace terroriste », organisé par le think tank Elnet avec la Fondation pour l’Innovation Politique et l’Institut Montaigne. Y ont participé des personnalités comme Marlène Schaippa, Ministre déléguée auprès du Ministre de l’Intérieur chargée de la Citoyenneté, l’ancien Premier ministre Manuel Valls, associé à cette initiative depuis ses débuts, Bernard Cazeneuve, ancien premier ministre, Jean-Louis Bourlanges Président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, Chems-Eddine Hafiz, Recteur de la Grande Mosquée de Paris.

Côté renseignement, Patrick Calvar, ex-Directeur de la DGSI, Christophe Gomart, ex-Directeur des renseignements militaires, le magistrat-instructeur et actuel coordonnateur du pôle anti-terroriste, David de Pas, en charge avec d’autres juges anti-terroristes du procès du 13 novembre 2015, tous pourtant accoutumés à la discrétion, ont pris la parole. L’évènement a aussi réuni les plus éminents experts d’Europe, dont la très remarquée Fadila Maaroufi, directrice de l’Observatoire des fondamentalismes à Bruxelles, et du monde arabo-musulman, car le terrorisme islamiste est aujourd’hui leur ennemi commun. Notre ennemi commun.

Les conclusions – provisoires – de cette journée d’échanges peuvent se résumer ainsi :

Comme s’en est confié à Opinion internationale David Khalfa, Directeur des programmes du Sommet européen, ce sommet n’est pas un conciliabule d’experts. Leur savoir, leur expertise, n’a de sens que si elle est partagée avec l’ensemble de la société civile, les dirigeants politiques et religieux, les entreprises et le monde associatif, les médias et à travers eux, les citoyens. David Khalfa insiste sur l’importance d’aborder le djihadisme et l’idéologie islamiste de manière objective et lucide, comme un problème grave, à traiter concrètement, et non comme un prétexte à querelles et divisions. C’est qu’en France trop de décideurs, notamment dans la sphère politique, ont mis du temps, trop de temps, à comprendre ou admettre qu’il était vain de combattre le djihadisme sans éradiquer l’idéologie qui le nourrit. Ce serait comme si l’on avait réduit le IIIe Reich à la Wehrmacht, l’armée allemande, en s’accommodant de l’idéologie nazie au nom de la liberté d’expression et de pensée.

Aujourd’hui, même certains États qui ont joué avec le feu, comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, dont Emmanuel Macron revient d’un voyage express (sans oublier son crochet par Doha) ont compris que le monstre qu’ils ont sinon engendré, du moins laissé se développer, allait finir par les croquer. D’autres, comme les États-Unis qui avait financé Al-Qaïda pour lutter contre la présence soviétique en Afghanistan, ou Israël, dont certains dirigeants virent dans l’expansion du Hamas un moyen de déstabiliser le Fatah, dont est issue l’Autorité palestinienne, ont eu droit au retour de boomerang.

L’islamisme radical n’est pas une religion, mais une idéologie mortifère, totalitaire et moyenâgeuse. Elle est au XXIe siècle ce que le stalinisme et le nazisme furent au XXe. Sa double matrice idéologique, c’est à la fois la confrérie des Frères musulmans et les salafistes de toutes nuances. Les premiers sont plus politiques et pratiquent avec plus de génie mortifère la taqiya, stratégie de dissimulation et d’infiltration des institutions privées et publiques, et de victimisation des musulmans européens. Leur but : amener les musulmans européens à haïr « leur » pays, même lorsqu’ils en sont ressortissants et qu’ils y sont nés. Il n’existe aucun moyen de s’en accommoder, ni de raisonner des fanatiques. À cet égard, les initiatives de « déradicalisation » se sont presque toutes soldées par un échec cuisant.

On le sait, l’Europe, trop longtemps naïve, n’a pas été épargnée par le terrorisme islamiste, en particulier la France, avec une série d’attaques meurtrières, tantôt de masse, comme le 15 novembre 2015 à Paris, ou le 14 juillet 2016 à Nice, tantôt individuelles, comme les assassinats barbares perpétrés par Mohamed Merah ou la décapitation de l’enseignant Samuel Paty. Le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo en 2014 avait créé un traumatisme particulier dans la population française, car au-delà du drame humain, c’était le mode de vie des Français, leurs valeurs, leur liberté, leur laïcité qui furent attaqués dans la plus grande horreur. Pendant que ce Sommet se tenait à l’Assemblée nationale, le procès des auteurs présumés des attentats sanglants du 13 novembre 2015, le plus grand procès de l’histoire judiciaire française, se poursuivait non loin de là au Palais de Justice.

 

Isoler les islamistes de la communauté musulmane

Si l’éducation reste un outil indispensable au sevrage des jeunes esprits sur le long terme, ce qui pose la question de l’enseignement de la laïcité ou, hors de France, de la sécularisation, force est de constater qu’aucun pays n’a obtenu le moindre résultat avec une politique « d’accommodements raisonnables », qui a toujours été interprétée par les islamistes comme une marque de faiblesse.

Pire, comme nous le confiait Arié Bensemhoun, Directeur exécutif d’ELNET France, l’Europe est devenue le nouveau sanctuaire de l’islamisme, parce qu’il sait exploiter le droit et la liberté d’expression qui n’existe que dans des pays démocratiques. Avec l’augmentation constante du nombre de musulmans en Europe (la plus grande communauté musulmane est en France), et le développement d’un islam fantasmé duquel tentent de s’affranchir les populations des pays arabo-musulmans, les islamistes voient en l’Europe une terre de conquête, dont la France est, comme l’avais dit l’écrivain algérien Boualem Sansal, le talon d’Achille.

Le Conseil de l’Europe et la Commission européenne n’ont pas hésité ces dernières années à accorder des subventions considérables à des associations clairement islamistes dans la mouvance des Frères musulmans. La caricature de ces connivences coupables, sous couvert de liberté, a été la campagne du Conseil de l’Europe pour la liberté de porter le hidjab que nous avons dénoncée et que Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue, dans Le Point, repris par Marianne, avait révélé le 3 novembre dernier.

Comme l’a révélé  Franc-tireur, Helena Dalli, Commissaire européenne à l’égalité de l’Union Européenne, a aussi reçu, la FEMYSO, branche jeunesse du lobby européen issu des frères musulmans

Pire, depuis 2007, la Commission européenne aurait mobilisé 34 millions d’euros pour l’Islamic relief worldwide, considérée comme partenaire humanitaire et pourtant déclarée terroriste par les Etats-Unis, les Emirats Arabes Unis et Israël.

La taqiya, les stratégies d’infiltration de la société européenne par les Frères musulmans sont clairement à l’œuvre.

Il faut aussi sérieusement se demander si les fondamentalistes, les fanatiques, les obscurantistes de toutes natures et de toutes époques n’ont jamais compris d’autre langage que celui de la fermeté, et si nécessaire de la force. La Russie en était consciente, lorsqu’elle fut confrontée au terrorisme tchétchène, tout comme les États-Unis après le 11 septembre 2001. Israël l’a compris et surtout subi en amont, ce qui n’empêche pas aujourd’hui un nombre croissant de pays du monde arabo-musulman de s’en rapprocher, confrontés qu’ils sont à l’islamisme radical et à l’impérialisme iranien.

Isoler les islamistes de la communauté musulmane, telle devrait être la priorité des autorités françaises et des responsables du culte musulman, comme nous y invite, dans une interview accordée à Opinion Internationale que nous publierons dans la semaine, Yoram Schweitzer, Directeur du programme « Terrorisme et Conflit de faible intensité » à l’Institute for National Security Studies (INSS) et qui est intervenu au SERIMT.

 

Affronter le terreau culturel

Cependant, si l’État, surtout de tradition laïque, ne peut empêcher chacun de penser ce qu’il veut, s’il se concentre forcément davantage sur le contrôle, l’anticipation, et la lutte contre des actes criminels, il n’en demeure pas moins que l’état de l’opinion publique dans la communauté musulmane pèse lourdement : c’est l’Institut Montaigne, co-organisateur de cette conférence de Paris qui publia il y a cinq ans déjà une étude montrant que 50% des jeunes musulmans en France considèrent la Charia comme supérieure aux lois de la République. Un terreau fertile pour la radicalisation ! On aimerait bien que le même Institut publie l’édition 2022 de cette étude.

Il n’est plus permis de proclamer que parce que l’islam n’est pas l’islamisme, il faut fermer les yeux sur la progression incessante, surtout depuis les attaques du 11 septembre 2001, de la haine de l’Occident et de son mode de vie, ou d’en attribuer la seule responsabilité aux difficultés sociales auxquelles sont ou seraient confrontées les personnes issues de l’immigration, ou à la discrimination dont la principale cause est le séparatisme, et non le racisme à l’égard des musulmans. Inversement, la confusion que font certains entre islam et islamisme relève du négationnisme historique, car avant que les Frères musulmans et autres salafistes ne tissent leur toile sur les sociétés égyptienne, iranienne, turque ou malienne, un processus de sécularisation, du moins d’émancipation, était à l’œuvre.

Bien entendu, les peuples attendent d’abord des États qu’ils leur garantissent la sécurité. D’où l’indispensable lutte contre le terrorisme islamiste, en tant que projet criminel. Cela demande une adaptation des outils, notamment numériques du fait de la cyberguerre, et de la stratégie, en particulier après la prise de contrôle de l’Afghanistan par les Talibans, pays qui pourrait redevenir une place forte et un terrain d’entrainement pour les djihadistes, avant qu’ils portent le feu dans le monde occidental tout comme dans le monde arabo-musulman.

Djihadisme 4.0, conséquences internationales du retour des Talibans à Kaboul, taqiya et moyen de la combattre, rôle trouble de l’islamo-gauchisme et de l’indigénisme… Les réflexions stratégiques, les connaissances universitaires ne suffisent plus. A quelques encablures de l’élection présidentielle, le temps de l’action est venu. La macronie a mis quatre ans pour en prendre la pleine mesure.

Dommage à ce titre que les nouveaux ténors des Républicains n’aient point accompagné la députée LR Sandra Boëlle présente à ce Forum : avec l’investiture de Valérie Pécresse pour la course à l’Élysée, avec le duo qu’elle forme avec l’intraitable Eric Ciotti, la droite républicaine pourrait bien être aux manettes de la lutte anti-djihadiste en mai prochain.

Le 27 mars prochain, à deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, tous les ténors de la politique française pourront donc se retrouver pour la 5ème édition de ce Sommet indispensable.

 

Michel Taube

Conclusions (provisoires) du 4ème sommet SMERIT

Au sommet, l’idée d’impliquer beaucoup plus les Africains dans les opérations du Sahel a fait consensus. L’exemple de la réussite en Mauritanie a été mis en lumière, tandis que les intervenants réitéraient leur volonté d’implication des pays africains dans la lutte contre le terrorisme. Pour les experts, la France ne quittera pas de sitôt le Tchad et le Burkina Faso, car cela ne sera pas dans l’intérêt national. La France est une alliée de poids dans la région, ce pourquoi elle doit s’y investir avec l’Europe.

La mutation du terrorisme a également été abordée au cours de la conférence, pour laquelle les avis ont été divergents. Le spécialiste du terrorisme Yoram Schweitzer a eu le dernier mot sur le sujet. Il a rappelé que les groupes terroristes ont en moyenne dix ans d’existence, et la chose à combattre avant les groupes et les individus est l’idéologie. Celle-ci survit aux groupes et continuera d’en produire tant qu’elle aura de l’influence, elle est la véritable menace.

Le Recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, s’est exprimé sur la problématique « islamisme, maladie de l’Islam ? » Il a clamé qu’il ne voulait plus qu’on instrumentalise les musulmans, que ce soit de la part des terroristes que des pouvoirs publics. Il a voulu appuyer sur la distinction entre islam et islamisme, et rappelé que le Coran devait être contextualisé. « Il faut arrêter de se référencer au texte coranique d’il y a 14 siècles », a-t-il proclamé. « Aujourd’hui, la place de la femme dans la société musulmane est égale à celle de l’homme », ce que seuls les extrémistes ne respectent pas. « Leur fonds de commerce, c’est de victimiser la communauté musulmane. Extraire la composante musulmane de la communauté nationale, c’est faire le jeu des islamistes. »

En fin de compte, le sommet s’est entendu pour affirmer que l’islamisme d’aujourd’hui est multiforme, s’est rajeuni et féminisé. Pour David De Pas, coordonnateur du pôle anti-terroriste du Tribunal judiciaire de Paris, le point commun entre les terroristes, c’est le nihilisme. On peut anticiper les passages à l’acte grâce à l’incrimination d’ « association de malfaiteurs en vue de », ce qui casse judiciairement ces groupes. Le juge l’assure, « notre meilleure arme, c’est notre appareil judiciaire. C’est aussi en luttant contre l’impunité que l’on viendra à bout des terroristes islamistes. »

Maud Baheng Daizey

Directeur de la publication

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بعد الدعم الذي قدمته لجنة حقوق الإنسان التابعة للأمم المتحدة في 21 سبتمبر 2023 إلى السيد عمر حرفوش، رجل الأعمال والإعلامي والناشط اللبناني، أعلن قضاة أرض الأرز عدم صلاحيتهم لمحاكمته وألغوا بعد…
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