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06H59 - samedi 20 novembre 2021

À la reconquête des Maires de France, Emmanuel Macron entre séduction et David Lisnard, nouveau président de l’AMF

 

Le chef d’Etat a poursuivi, jeudi 18 novembre, son opération de séduction envers les élus en clôturant le 103e Congrès des maires de France à la porte de Versailles de Paris.

 

« J’ai toujours vu les maires au cœur des crises ». Face « à l’augmentation [constatée] de la violence », à l’encontre de la première ligne de la démocratie, Emmanuel Macron a tenu à rappeler, devant l’Association des Maires de France (AMF), la place essentielle qu’occupe les élus locaux au sein de la République. Alors que David Lisnard, maire de Cannes, vient fraîchement d’être élu à la tête de l’AMF, la prise de parole présidentielle intervient à un moment stratégique.

 

Séduire des maires sans l’avoir été

Mercredi 17 novembre déjà, le chef d’Etat avait entamé la réconciliation en recevant plus de 1 000 élus à l’Elysée juste après l’élection de David Lisnard. Seulement, renouer des liens demande du temps, et du temps, Emmanuel Macron en dispose peu. La présidentielle approche. Et chaque jour qui sépare le quasi-candidat du scrutin s’avère précieux. Alors Emmanuel Macron a souhaité faire d’une pierre deux coups avec les maires. Ainsi, dès le lendemain de la réception, le chef d’Etat a remis le couvert en s’adressant à ceux qui sont « au cœur de toutes les tensions de la société » :

« Nous ne devons rien céder […] face au retour et à l’augmentation de la violence. À chaque acte de violence contre celles et ceux qui détiennent une autorité démocratique et légitime, c’est un bout de République qu’on retire. […] La réaction doit être immédiate et la sanction décisive », assure-t-il.

Mais il n’est pas certain que la promesse du chef d’Etat ait séduit. D’autant qu’en choisissant d’élire David Lisnard avec 62,34 % des voix, l’AMF a envoyé un signal fort de réticence face à la main tendue d’Emmanuel Macron. Le maire de Cannes, bien ancré à droite, se veut le garant de « l’ADN indépendant » de l’AMF. Ce qui endigue pour l’instant les perspectives d’une marche commune avec l’exécutif.

David Lisnard trouble-fête de l’exécutif ?

Le maire de Cannes a succédé à François Baroin au siège de l’Association des maires de France mercredi 17 novembre.

Adhérent au même parti que le président sortant, le politicien LR semble peu disposé à dialoguer avec l’exécutif. Une position qui a séduit les votants. Par cette issue du scrutin, les maires ont ainsi fait savoir leur préférence pour « l’indépendance » proposée par David Lisnard, plutôt que la proximité avec l’Elysée, incarné par son opposant Philippe Laurent.

« Je veux dire aux maires qui ont fait un choix différent que je serai aussi à leur service. Notre association est bien celle de tous les maires de France et je serai le garant de cette représentativité comme de l’indépendance de l’AFM », a écrit David Lisnard, dans un communiqué de l’AMF juste après avoir été élu.

De fait, Emmanuel Macron va devoir une nouvelle fois revoir l’appréhension de ses relations avec la première ligne de la démocratie, l’élection intervenant à la fin d’un quinquennat notamment marqué par des tensions entre les élus locaux et l’exécutif.

 

Des débuts hostiles

Sifflé en 2017, puis absent du congrès de l’Association des Maires de France en 2018, Emmanuel Macron revient de loin. Il n’a en effet jamais réussi à parapher un contrat de confiance avec les élus locaux. En raison de son absence d’expérience en tant que maire notamment, mais surtout en raison de l’annulation de 300 millions d’euros de crédits pour les collectivités en 2017.

De fait, dès l’automne 2017, l’ex-patron de l’AMF, François Baroin, avait « alerté solennellement sur le risque de rupture ».

 

Un soutien indéfectible depuis l’arrivée coup sur coup de deux crises

Si les dirigeants de l’AMF n’ont cessé de se montrer Macron-incompatible depuis, les maires ont pour autant revu leur jugement négatif. Notamment parce que le chef d’Etat s’est toujours appuyé sur eux depuis fin 2018. Il les a d’abord écoutés lors du Grand débat national post-crise des « gilets jaunes ». Puis bis repetita plus récemment durant la pandémie.

La réception de mercredi 17 novembre à l’Elysée en est d’ailleurs la preuve. Durant toute la soirée, Emmanuel Macron a enchaîné les selfies et les étreintes avec bon nombre de maires. Le patron de l’Elysée les a également chaleureusement félicités pour leur action pendant la crise sanitaire.

Une réconciliation, au moins de façade, semble ainsi s’opérer avec les maires. À voir désormais si les promesses d’Emmanuel Macron au Congrès des maires seront un nouveau coup de canon dans l’eau. Avec l’élection présidentielle, chacun risque fort de jouer sa participation politique.

 

 

Noé Kolanek