Edito
18H01 - mardi 28 septembre 2021

Qui veut une finale Macron-Zemmour ? L’édito de Michel Taube

 

Même Pascal Praud a lâché le morceau sur CNEWS. Le prochain sondage Louis Harris ferait état d’une percée fulgurante d’Éric Zemmour : il dépasserait Valérie Pécresse, talonnerait Xavier Bertrand et Marine Le Pen s’effondrerait.

Qui veut donc d’une finale Zemmour – Macron en avril 2022 ?

Le terme « finale » est employé à dessein. Le débat Zemmour-Mélenchon a marqué, sinon le coup d’envoi, du moins un singulier coup d’accélérateur de la campagne présidentielle. C’est un peu comme si la coupe du monde de foot avait commencé. Huit mois de compétition qui se terminera par un combat à mort. Du foot, de la boxe ou du MMA (combat ultra violent dans une cage).

Longtemps, la droite et la gauche, c’était bonnet blanc et blanc bonnet. Un coup pour toi, un coup pour moi. L’extrême droite appelait cela l’UMPS. Mais c’est toujours mieux que gaucho-facho, la majorité des électeurs de l’islamogauchiste Mélenchon votant Le Pen au second tour (pour Zemmour maintenant ?).

Emmanuel Macron a dynamité le paysage politique en 2017 : gauche réduite à l’extrême gauche, droite éclatée, extrême droite qui se ridiculise lors du débat télévisé… Dégagisme Acte 1.

Acte 2 : pour 2022, la partition semblait écrite… Macron-Le Pen dans un rapport 55-45 %. Mais la fille n’est pas le père. Jean-Marie Le Pen, raciste antisémite assumé, savait causer. Comme Macron, il était brillant en rhétorique.

Et puis Zorro Zemmour est arrivé. Lui, la parlotte, il connaît, et en plus, il est cultivé, au point de croire et de faire que tout est dans l’Histoire, une erreur fondamentale, car le futur est en accélération exponentielle : mutation démographique teintée d’islamisme (sur ce plan, les chiffres et les faits donnent raison à Zemmour), réchauffement climatique, accroissement des inégalités sur terre (plus qu’en France), tensions internationales et course aux armements, développement de l’intelligence artificielle qui va bouleverser nos modes de vie et peut-être rendre inutile l’Homme productif (donc le travail)… L’Histoire nous donne toujours des leçons, mais elle n’est qu’une science politique, certes importante, mais une science qui ne peut sonder la vérité ni le destin de l’Homme.

La bataille pour le second tour se jouera-t-elle entre Xavier Bertrand, qui semble s’imposer à droite, et Éric Zemmour ? Sauf bien sûr si l’effet Zemmour n’est qu’une bulle qui éclatera dès qu’il sera plus franchement amené sur d’autres terrains que l’identité et l’immigration. Mais Zemmour n’est pas Bigard. Il est éminemment politique, même s’il n’est pas (encore) politicien. Il dira vouloir se contenter d’être le président en phase avec la Constitution, dont l’article 20 laisse au gouvernement, dirigé par le Premier ministre, la charge de déterminer et de conduire la politique de la nation. Il expliquera qu’il veut fixer le cap et laisser le gouvernail au Premier ministre. Une fois élu, ce serait sans doute autre chose !

La droite républicaine devrait désigner son candidat le 4 décembre. C’est bien trop tard, trop pour rester dans la course et contrer le phénomène Zemmour. Le discours des LR et assimilés macroniens a beau se zemmouriser, les Français peinent à croire aux promesses de ceux qui ont déjà exercé le pouvoir.

En 2017, voter Macron, c’était une manière de dire m…. au « système », tout en restant dans ce système, et donc sans prendre de risques inconsidérés. Que fera le président Zemmour lorsque le directeur du Trésor lui expliquera que quitter l’UE et remettre en cause les traités pourrait entraîner la France dans un abyme financier ? Fera-t-il du Macron (ou du Hollande, du Sarkozy…), car nécessité fait loi ? Ou reviendra-t-il au franc et bâtera-t-il donc monnaie à Chamalières ? Si les banlieues islamisées se révoltent et les attentats se multiplient, décrètera-t-il l’État de siège pour envoyer l’armée ? S’appropriera-t-il les pleins pouvoirs au titre de l’article 16 de la Constitution ?

Zemmour, s’il pose les bonnes questions, n’est-ce pas au fond l’aventure ? Il méprise Marine Le Pen, mais s’affiche avec Marion Maréchal, autre incarnation de la droite identitaire, qui n’imagine l’Europe que blanche et chrétienne (pas tout à fait le profil de Zemmour !).

Curieusement, les Français assimilent moins Éric Zemmour à l’extrême droite qu’ils ne le font de Marine Le Pen. Longtemps, on pouvait déduire des enquêtes d’opinion que nos concitoyens voulaient du Le Pen sans Le Pen : la défense de la civilisation européenne face à l’expansion de l’islam (un petit air de croisade !), mais sans la connotation extrême droitiste. Il y avait donc un boulevard pour la droite classique. Mais elle est toujours embourbée sur un sentier perdu.

Si la droite continue à être la plus bête du monde (qu’elle tienne son congrès le week-end du 1er novembre et choisisse son champion avant la candidature officielle de Zemmour), sinon ce dernier se parera des allures de Zorro.

Et la bulle Zemmour explosera peut-être, mais dans les semaines qui suivent sa possible élection à la présidence de la République.

Michel Taube

Directeur de la publication