Le mouvement anti-pass a occupé l’été dans une sorte de Mai 68 sanitaire où certains Français ont clamé qu’il était « interdit d’interdire », les pavés en moins.
Les paris étaient ouverts sur l’essoufflement rapide du mouvement, mais le caractère polymorphe de celui-ci agglomérant les contestations et les contestataires fait durer la gronde, au point même qu’il est désormais difficile d’y définir un profil type du manifestant.
Bien que cette ire populaire n’ait pas un visage commun, on lui reconnait néanmoins un leitmotiv commun réclamant à plein poumons la démission d’Emmanuel Macron.
Sans doute, est-ce précisément parce que l’alibi sanitaire cache un mal politique bien plus profond que perdure ce mouvement, et ce, malgré un pass-sanitaire largement appliqué, et une vaccination massive rendant le rapport de force sans appel.
Néanmoins, l’amplification du mouvement semble peu probable, car comme le disait si justement Victor Hugo : « Souvent la foule trahit le peuple » et c’est précisément le cas.
En effet, les anti-pass, tout comme les Gilets Jaunes venus se mêler aux cortèges, voient leur part d’ombre ternir le débat, comme toujours l’effet de masse désinhibant les bas instincts, ici et là des slogans antisémites s’affichent en guise de revendication, ici et là les vaccinés sont bousculés, et comme toujours, la longévité du mouvement se transformera en radicalité.
En attendant son pourrissement inéluctable, cette contestation interroge sur la sensibilité du pays.
Comment une nation peut-elle se diviser en permanence et s’affronter idéologiquement au point d’en devenir irréconciliable, jusqu’à ne plus vouloir de quotidien commun ?
Dans les faits, le pass-sanitaire n’est autre qu’un accélérateur de particules de la défragmentation sociale, la fracture de la société palpable, irrémédiable vient de se concrétiser dans cette crise sanitaire, ce sont désormais deux France qui s’opposent, non plus dans les mots, dans leur antagonisme, dans leur rancœur et incompréhension, mais dans le partage même de l’espace public au nom d’un hygiénisme hypocrite.
Quoi qu’il en soit, cette contestation pseudo sanitaire est symptomatique d’un profond malaise social, d’une défiance envers le pouvoir, c’est une crise démocratique latente qui s’exprime ici dans la dictature de l’émotion.
Cette opposition de rue de principe est certainement le plus grand variant au-delà de cette pandémie, elle mute selon les contextes, mais ne s’éteint jamais, croire que l’essoufflement du mouvement éradiquera le mal français est une folie qui ne consiste qu’à retarder l’échéance d’une envie de soulèvement populaire refoulé.
Ella Kelian
Communicante & Conseillère Politique