Territoires en France
09H41 - jeudi 17 juin 2021

Louis-Samuel Pilcer : jeune, Polytechnicien et candidat aux départementales et régionales

 

Louis-Samuel Pilcer, vous êtes candidat aux élections départementales en Seine et Marne et aux Régionales en Ile-de-France. Pourquoi cette candidature ?

J’ai 25 ans et de nombreux jeunes de ma génération sont en situation d’extrême précarité. J’ai des amis, des jeunes que j’accompagne en tant qu’enseignant, qui se retrouvent dans une situation très difficile à cause de la crise. Parce qu’ils ont perdu leur petit boulot suite au confinement, parce qu’ils peinent à trouver un travail après leurs études, parce que la République n’est pas là pour les aider.

C’est encore plus saillant chez moi, à Melun, où une personne sur 4 vit sous le seuil de pauvreté. On ne peut pas rester les bras croisés. Je m’engage en politique pour défendre la jeunesse et son avenir.

Les élections départementales et régionales sont importantes pour construire une Seine-et-Marne et une France plus solidaires. La région est pilote en matière de développement économique, et nous portons avec Audrey Pulvar des mesures fortes pour lutter contre le chômage en Ile-de-France notamment en investissant un milliard d’euros dans des projets qui contribuent à la transition écologique et qui créent de l’emploi. Au département nous souhaitons investir dans l’insertion des bénéficiaires du RSA, améliorer le pouvoir d’achat des familles via un chèque jeune parent et la gratuité des cantines scolaires pour les plus modestes.



Vous êtes jeune Polytechnicien. Deux questions… Tout d’abord, déplorez-vous le faible nombre de polytechniciens qui font de la politique par rapport, par exemple, aux énarques ?

Oui ! Plusieurs de mes amis polytechniciens sont engagés en politique, à gauche comme à droite, mais ça n’est pas la norme. On les compte sur les doigts d’une main.

Les énarques sont formés pour être des administrateurs, des bons gestionnaires. C’est une école du conservatisme : l’énarque doit gérer l’existant en améliorant à la marge l’efficacité de telle ou telle politique, son rôle n’est pas de transformer le pays ou de proposer des idées neuves. Sauf quelques exceptions, les nombreux énarques politisés appliquent ces principes en politique. Cela donne de plus ou moins bons gestionnaires sans vision pour la France, comme François Hollande et Emmanuel Macron. L’École Polytechnique, quant à elle, forme des ingénieurs. On y apprend à identifier des problèmes et à apporter des solutions concrètes. Je pense que la France serait mieux gouvernée si nous avions plus d’ingénieurs en politique.

De nombreux étudiants rejoignent le service public après l’École Polytechnique – c’est mon cas – mais beaucoup restent cantonnés dans un rôle d’expert technique. Et je peux les comprendre, c’est beaucoup plus confortable. Convaincre un conseiller ministériel est relativement simple. Convaincre 50.000 électeurs que mes propositions vont changer leur quotidien est beaucoup plus difficile, j’en fais l’épreuve en ce moment.

J’espère que mon engagement donnera une forme d’exemple aux jeunes ingénieurs. La politique n’est pas une voie facile mais il faut s’engager si on veut redresser notre pays. C’est un devoir civique.



Votre profil n’aurait-il pas sa place davantage à La République en Marche plutôt qu’au Parti Socialiste ?

Je suis candidat pour défendre des valeurs d’égalité et de justice sociale. Après quatre ans au pouvoir, il est clair que ce combat n’est pas celui de la République en Marche. Les inégalités ont explosé et les aspirations légitimes des Gilets Jaunes, alors qu’elles étaient partagées par 80% du pays, ont été durement réprimées. Rien n’a été fait pour répondre à la crise climatique malgré le travail colossal réalisé par la Convention Citoyenne pour le Climat : moins de 10% de leurs propositions ont été reprises par l’exécutif. Nous en subirons tôt ou tard les conséquences.

M’engager au Parti Socialiste n’est pas un choix facile. La gauche est en pleine reconstruction et nous n’arriverons probablement pas aux responsabilités avant une dizaine d’années. Pour reconstruire la France, nous devons définir une nouvelle offre politique de gauche qui réponde aux aspirations des classes populaires. Je pense que le Parti Socialiste jouera un rôle central dans la recomposition des prochaines années.



Ça veut dire quoi être socialiste aux élections départementales et régionales ?

La droite, LR comme LREM, pense que les missions de service public qui sont de la responsabilité de la Région et du département coûtent trop cher. Elle cherche la réduction des dépenses publiques et le désendettement coûte que coûte.

Au département de Seine-et-Marne, la majorité de droite a supprimé des politiques importantes pour réduire les coûts, notamment une aide financière appelée « Bébé Bonus » qui permettait à des dizaines de milliers de familles de financer une solution de garde d’enfant. Au niveau de la Région, Valérie Pécresse, en bonne mère de famille, a été jusqu’à profiter de la crise sanitaire pour réaliser 500 M€ d’économies en 2020.

Face à ces reculs successifs que propose la droite, je pense qu’être socialiste c’est considérer qu’il est encore possible de changer les choses. Avec Audrey Pulvar, nous proposons de rendre les transports en commun gratuits en Ile-de-France. C’est une mesure ambitieuse qui améliorera la qualité de vie de millions de personnes et qui permettra de répondre efficacement à l’urgence climatique. Au niveau du département, je défendrai l’ouverture de nouvelles crèches financées par le conseil départemental sur le canton de Melun. Nous souhaitons également rénover les logements sociaux des quartiers nord de la ville, laissés dans un état lamentable par la droite, pour améliorer la sécurité et la qualité de vie des habitants de notre ville.

 

Les élections départementales sont quasiment absentes des débats nationaux. Comment expliquez-vous ce méfait ?

Les élections départementales ont lieu cette année à la même date que les élections régionales, qui sont mieux couvertes par les médias nationaux. Mais les élections régionales elles-mêmes ne sont pas au cœur de l’attention des médias, les débats nationaux sont encore focalisés sur la crise sanitaire qui préoccupe beaucoup les Français.

Les citoyens que je rencontre en porte-à-porte ou sur les marchés ignorent pour la plupart l’existence du conseil départemental et ses missions. Je pense que l’organisation administrative est devenue illisible et qu’on gagnerait à supprimer certains échelons. C’est dommage, car les élections départementales impliquent un vrai choix de société en matière de solidarité et d’accompagnement des plus modestes.



Que diriez-vous à un jeune tenté de s’abstenir dimanche ?

Que le résultat du scrutin de dimanche aura des conséquences concrètes sur son quotidien. Avec Audrey Pulvar, les jeunes Franciliens auront accès dès septembre 2021 à des transports en commun gratuits et de meilleure qualité. En six ans, nous permettrons la transition de l’Ile-de-France vers une économie dé-carbonée et nous mettrons en place les formations et accompagnements nécessaires pour mettre fin au chômage des jeunes dans notre région.

Enfin, qu’aller voter – même pour voter blanc – est un devoir civique. L’abstention nourrit les extrêmes et la défiance dans notre démocratie. Je comprends les milliers de jeunes qui ne souhaitent pas aller voter parce qu’ils ne sont pas satisfaits par l’offre politique. Mais l’abstention n’est jamais la bonne solution. Comme dit l’adage, si vous ne vous occupez pas de la politique, c’est la politique qui s’occupera de vous. Les résultats que réalisera l’extrême-droite dimanche partout en France seront la conséquence directe de l’abstention, notamment des jeunes. Le barrage au Rassemblement National doit se jouer dès le premier tour.



Propos recueillis par Michel Taube

 

 

 

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