Edito
12H43 - samedi 9 janvier 2021

Et s’il n’y avait pas le Covid, de quoi parlerions-nous ? L’édito de Michel Taube

 

Imaginez que nous vivions dans un monde où le masque chirurgical est réservé aux chirurgiens, un monde où le début du mois de janvier est consacré à la digestion des excès des réveillons de Noël et de Nouvel An, pour mieux affronter ceux de la galette des Rois, aux interminables cérémonies de vœux… et aux bonnes résolutions sans suite. 

Évidemment, il n’y aurait pas que cela. Il n’y eut jamais que cela. Surtout en France. Même dans ce pays où l’on vit mieux que presque partout ailleurs sur terre, où les pauvres sont globalement moins pauvres qu’ailleurs, les miséreux moins miséreux et les riches aussi riches, on peut très bien commencer l’année par des grèves et des manifs, et râler contre tout. Ou contre rien. Pourvu que l’on râle. 

Il y a la France et il y a le monde. Ce monde dont on se fiche, en général, sauf si c’est vraiment très très gros. Et puis surtout, il y a la météo : le sujet favori de Français hors catastrophe ou Mondial de football. 

Sans le Covid, avant même de se dire bonjour, on se dirait « qu’est-ce que ça caille ! ». Eh oui, le froid en hiver, cela est devenu anormal. Quelque chose ne tourne décidément pas rond dans ce monde. Froid en hiver, on aura tout vu !

Quoi d’autre au menu des préoccupations des Français, s’il n’y avait pas ce p… de Covid ? 

L’affaire Olivier Duhamel, sans doute. Fait divers ? Non, fait de société ! Encore une affaire de pédophilie doublée d’inceste dans cette gauche caviar qui bâtit et profita à l’envi de l’idéologie dominante des années post 68, avec une accélération après l’avènement de François Mitterrand en 1981, dont nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire de la mort. Ce qui est insupportable, c’est que ces individus sont les rois de la leçon de morale, qu’il s’agisse de mœurs ou de politique internationale (vive les dictateurs… de gauche).

Comme le président de la République s’est rendu cette semaine en personne dans une Caisse d’Allocations Familiales pour inaugurer la réforme des pensions alimentaires, les cassandres diraient qu’il espère que les centaines de milliers de créanciers alimentaires, des femmes pour la plupart, s’en souviendront en mai 2022. Selon l’Élysée, 30 à 40 % des 700.000 pensions seraient « mal payées ». Désormais, à la demande du parent créancier ou du parent débiteur, la pension sera versée à la CAF qui la reversera au bénéficiaire. Et si le débiteur ne paye pas, la CAF se retournera contre lui et versera tout de même la pension au créancier… après un certain temps durant lequel la personne isolée se contentera de l’allocation de soutien familial de 116 €. La pension, c’est comme la Sécu. L’État paye ! La facture sera présentée au contribuable : 85 millions en 2021 et 122 millions en 2022. 

Côté international, on nous toucherait un mot de la victoire des démocrates aux Etats-Unis et de leur prise de contrôle du Sénat des États-Unis après leur double victoire en Géorgie. Pour le meilleur ou pour le pire, Joe Biden aura les mains libres pour appliquer son programme. Et Donald Trump boira le calice jusqu’à la lie. L’Europe, mais aussi la Chine ou même l’Iran pavoisent. La désillusion pourrait n’en être que plus grande, car Biden ou Trump, ce sera toujours America first. 

Et puis, on nous causerait sans doute un peu du Brexit, qui n’est d’ailleurs pas de la politique étrangère. L’analyse dominante est qu’on s’est bien fait avoir par les Anglais. Ce devait être un séisme outre-Manche et voilà que les Grands Bretons récoltent le beurre et l’argent du beurre : accès libre au marché unique, mais fin de la liberté de circulation et d’installation des Européens au Royaume-Uni, plus de soumission au droit de l’Union Européenne et à sa Cour de justice, frontière maintenue en France (à nous les migrants)… Certes, il demeurera, en théorie du moins, quelques contraintes fiscales et environnementales imposées au Royaume-Uni, mais le sentiment général est tout de même que quitter l’UE peut être une fort bonne opération. Avec deux bémols tout de même : de nombreux pays, comme ceux de l’est de l’Europe, pourtant très nationalistes, bénéficient des largesses de l’Union. Et surtout, les États ayant adopté l’Euro prendraient un risque énorme en revenant aux monnaies nationales.

Enfin, sans le Covid, nous pourrions nous féliciter de la réconciliation entre les frères ennemis, Qatar d’un côté et Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahrein et Egypte de l’autre. Si on étend cet événement majeur dans la région aux Accord d’Abraham et à la paix entre Israël et de nombreux pays arabes (double victoire de l’administration Trump), dont notre presque voisin, le Maroc, il serait possible d’entrer franchement dans cette année 2021 avec optimisme et enthousiasme.

Bon… Nous ne sommes pas dans un monde où une pandémie est un thème de science-fiction. Donc, dès demain, nous reviendrons, comme tout le monde, au sujet quasi unique (en attendant toutefois les prochaines irruptions du terrorisme islamique) : le Covid-19.

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication