Edito
05H49 - samedi 19 septembre 2020

Cessons de stigmatiser l’islam ! La deuxième solution contre l’islamisme. L’édito de Michel Taube

 

Imaginez que vous soyez chrétien dans un pays bouddhiste démocratique et sécularisé, où une minorité de chrétiens radicaux tente de convaincre leurs coreligionnaires parfaitement intégrés qu’ils sont victimes de christianophobie. Tous les jours, dans ce pays d’ailleurs, les médias et les politiques s’interrogent sur la compatibilité du christianisme avec la démocratie. On entend que le christianisme est violent, misogyne, rétrograde. Ne vous sentiriez-vous pas stigmatisé ?

L’islam n’est pas l’islamisme. Le musulman n’est pas l’islamiste. L’islam radical, qui est politique, est l’équivalent de l’islamisme. Il n’a pas été inventé un terme équivalent à « islamiste » pour les autres religions, car elles n’ont pas généré à l’époque contemporaine, du moins sous nos latitudes (on ne pourrait en dire autant des ouïgours en Chine, victimes de discriminations intolérables), un courant hostile, agressif et prosélyte d’une ampleur comparable à l’islam radical politique, tel que prôné par les Frères musulmans ou les salafistes. Ces derniers sont les Inquisiteurs d’une période passée du christianisme… C’était au Moyen-Age.

Certes, l’islam se distingue des autres grandes religions, en tout cas des deux autres religions monothéistes, par l’absence de sécularisation, de séparation nette entre « l’Église » et l’État, entre les textes religieux et l’organisation de la vie politique et sociale. Il est, par essence, théocratique, comme l’ont longtemps été le judaïsme et le christianisme, dont le texte fondateur est la bien nommée « Table de la loi » et ses « dix commandements ».

L’Islam n’a pas encore fait révolution sécularisatrice. La réaction de nombreux musulmans, pourtant républicains et laïques (la pratique religieuse et la laïcité ne sont pas antinomiques) après les attentats de Charlie Hebdo en 2015 en donne une tragique illustration : ils condamnaient les attentats MAIS AUSSI le blasphème, comme si la sécularisation des esprits n’était pas encore acquise.

Pourtant, il est fondamental, si nous voulons gagner le combat contre l’obscurantisme, d’aider les musulmans de France à se séculariser pleinement et, en même temps, à se détacher sans la moindre ambigüité de cet islamisme dont ils seront et sont déjà les premières victimes. C’est ce que nous appelions dans un édito récent sur le futur projet de loi contre les séparatismes, l’assimilation, comme première solution pour raffermir le principe de laïcité en France.

La sémantique a son importance car les mots ont un sens. Longtemps, on a refusé de désigner l’islamisme, et on peine encore à le faire, puisqu’une prochaine loi visera à combattre « les » séparatismes, alors que l’islamisme est le seul qui mette véritablement en danger la République, eu égard à son ampleur. Certes, des Eglises évangéliques conquièrent de nombreux adeptes sur des préceptes hostiles à la modernité mais elles ne prônent pas la violence contre la société et les « infidèles ».

L’adversaire ou l’ennemi n’est pas l’islam, mais l’islamisme, auquel il est inutile d’accoler l’adverbe « radical ». Pour gagner la bataille contre les séparatismes, il faudra que les musulmans de France soient les premiers à faire la guerre à l’islamisme. La guerre de l’Islam contre l’islamisme, voilà une arme de destruction massive pour abattre nos ennemis.

Qu’en pensent les dirigeants des corps constitués de la communauté musulmane de France ?

 

Michel Taube

 

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