Coronafiction
06H45 - jeudi 16 avril 2020

Coronafiction. Episode (6)

 

Découvrez les épisodes de la Coronafiction d’Encélade, romancier transgressif :

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Episode (2)

Episode (3)

Episode (4)

Episode (5)

La moto rejoignit la route. La carcasse calcinée d’une voiture était abandonnée sous un pont. Martin s’arrêta, se saisit du fusil à canon court qu’il cala sur les sacoches et observa les lieux avec attention.

-Qu’est-ce que tu vois, lui demanda Hector ?

-Rien pour l’instant… C’est peut-être une embuscade. Les pillards ne sont pas toujours dangereux mais peuvent nous piquer la moto et je ne voudrais pas en descendre un.

-Tu veux qu’on passe par les champs l’interrogea Hector ?

 -Tu connais un chemin ?

-C’est par là répondit Hector en désignant la campagne sur sa gauche.

Martin remit les gaz, accéléra, la moto franchit un fossé, roula dans un pré, dévasta les plantations d’un vaste potager redevenu sauvage, creusant des ornières dans le sol, faisant gicler des mottes de terre et se retrouva face au champ de maïs qui avaient séché sur pied. En y pénétrant, Martin ralentit l’allure. Feuilles et  épis leur fouettaient le visage et se déchiraient à leur passage.

Hector songea à Frankenstein à l’oreille coupée qui devait traîner quelque part dans les parages. Ils arrivèrent au bord d’une route à quatre voies. Martin arrêta la moto, regarda aux alentours et traversa la route pour rejoindre la lisière d’un bois.

-A présent on va où, demanda-t-il à Hector ?

Hector lui indiqua un chemin dans les sous-bois.

Martin s’y engagea à vive allure puis ralentit en raison des chiens qui y vagabondaient. En apercevant le zèbre blessé, il  arrêta la moto.

-Qu’est-ce que c’est que cet animal demanda-t-il à  Hector ?

-Il a dû s’échapper d’un zoo…

-Mais il semble blessé ?

Hector n’osa pas lui avouer qu’il en était à l’origine.

Martin chassa à coups de botte les chiens qui s’étaient approchés de la moto, remit les gaz et bientôt ils se  retrouvèrent devant l’entrée du  passage piéton souterrain.

Martin arrêta la Norton et se tourna vers Hector :

-On y va ?

-Ok.

La moto pénétra dans le souterrain. Une ombre passa dans le faisceau du phare allumé. Hector eut peur mais il se dit qu’il ne pourrait rien lui arriver avec ce garçon plein de force et d’énergie.

Tout en avançant, Martin arma le fusil à canon court. A la sortie du souterrain, ils furent accueillis par des jets de pierres et de parpaings dont l’un déséquilibra la moto qui se coucha sur le côté. Martin se releva, aida Hector à se remettre sur ses pieds et tira un coup de feu en l’air. Les  types restèrent un instant pétrifiés. Il devaient être une demi-douzaine, jeunes, tous vêtus de survêtements flambant neufs aux couleurs vives, jaunes, rouges, vertes, chaussés de converses derniers modèles, la tête coiffée d’écouteurs, tout cela vraisemblablement volé. Mais déjà l’un d’eux soulevait un parpaing. Avant qu’il ait pu le jeter, Martin tira. Une tache de sang s’élargit au centre du buste du type qui vacilla et s’effondra. Les autres reculèrent. Martin redressa la moto. Un pit-bull jaillit qui saisit l’une de ses bottes dans ses mâchoires. Il l’abattit à bout touchant. Ils repartirent sous les hurlements de la meute.

Quelques minutes plus tard, Hector montait les étages quatre à quatre suivi par Martin, sacoches sur  l’épaule. Elles furent vite remplies de conserves et de vêtements de rechange. Hector voulut sortir du congélateur le poisson et la viande.

-Inutile. On file dit Martin !

-Attends dit Hector. Je prends l’ordinateur.

-D’accord, dépêche toi.

 

Lucie et moi nous nous étions assis dans le second ULM.

-Tu veux que j’allume l’écran me dit-elle ?

-D’accord.

La carte de l’Europe apparut recentrée sur la France, tachetée de points de couleur avec en marge  plein de chiffres, tout comme sur l’écran de l’ordinateur dans l’autre ULM.

-Je connais dis-je à Lucie.

-Je vais te montrer autre  chose.

Elle cliqua sur l’application Skipe et entra un mot de passe.

Apparut  à l’écran une femme d’une quarantaine d’années, au buste fort, vêtue de noir, un collier de pierres bleues au cou, des cheveux noirs remontés en chignon, des yeux sombres soulignés d’un trait de crayon, une cigarette entre les lèvres dont la fumée lui faisait cligner des yeux, une bouteille de whisky dans une main.

-Salut ma puce dit-elle à Lucie. C’est ton amoureux qui est à côté de toi ?

Le rouge nous monta aux joues.

-Qui est-ce, dis-je à Lucie ?

-Muriel. Elle est super gentille. Elle vit dans un endroit comme le nôtre situé dans le sud de la France.

-Comment vas-tu, poursuivit la femme?

-Maman est morte.

-Ma pauvre puce dit Muriel !

 

Dans le même temps, Hector et Martin étaient repartis, évitant le passage souterrain.

-Par où on va dit Martin ?

-On aurait pu aller par là dit Hector en montrant un grand parc arboré, mais il est entouré de murs. On risque de ne pas pouvoir en sortir.

Ils furent contraints d’emprunter la route où se trouvait la carcasse calcinée de la voiture sous le pont.

Il restait à espérer que des pillards n’y seraient pas.

Martin n’aimait pas rouler à découvert sur ces routes où les mauvaises rencontres étaient fréquentes.

En vue du pont, il s’arrêta. Il suffisait qu’un pillard s’y trouve et projette des pierres à leur passage et ils ne regagneraient peut être jamais l’aérodrome.

-Tu sais te servir d’une arme demanda Martin à Hector ?

-Oui.

Martin lui tendit l’arme au canon court et lui dit :

-Tu vises le  haut du pont. Si tu vois quelqu’un, tu tires en sa direction.

-Ok.

La Norton avançait lentement. Hector regardait attentivement. Ils s’engagèrent sous le pont laissant à  gauche la voiture incendiée et au moment d’en ressortir, un corps tomba à côté de la moto. Martin accéléra sur quelques mètres et fit faire demi-tour à la moto.

Bien qu’il eût les yeux ouverts, le corps au sol ne bougeait pas.

-Il doit avoir la colonne fracturée dit Martin.

Hector voulut  s’approcher du  blessé.

-Laisse dit Martin. On ne peut rien pour lui !

Sur le pont trois hommes se battaient. L’un d’eux, la tête ceinte d’une bande blanche frappait les deux autres à l’aide de ce qui devait être un manche de pioche.

-C’est Frankenstein dit Hector.

-Tu le connais lui demanda Martin ?

-Ouais.

-Passe moi le fusil lui dit Martin.

Il tira un coup en l’air. Les hommes arrêtèrent de se battre et regardèrent en sa direction.

-Frankenstein, hurla Hector !

-C’est toi ?

Les deux autres hommes se sentant en infériorité décampèrent.

Frankenstein descendit du pont par un remblais adjacent et rejoignit Martin et Hector.

-Salut dit-il.

-Je te présente Martin.

-Vous vivez où demanda celui-ci ?

-Dans la ferme. Et vous ?

-Sur l’aérodrome…

-Merci du coup de main. Je vais me barricader dans ma ferme.

-A plus dit Hector !

Frankenstein repartit par les champs.

Martin interrogea Hector.

-Tu l’as connu comment ?

Hector lui raconta l’histoire.

-Il faudra qu’on aille le voir.

La moto reprit sa route jusqu’à l’aérodrome.

 

Toujours assis à coté de Lucie, nous poursuivions notre conversation avec Muriel. C’est vrai qu’elle était drôle mais elle devait être un peu saoule.

-Elle raconte n’importe quoi dis-je à Lucie.

-Tu as raison.

-A plus tard dit-elle à Muriel en quittant la communication.

Au moment où nous descendions de l’ULM, nous entendîmes le vrombissement du moteur de la Norton. Jean apparut à la porte du hangar et Lucie courut vers son frère qui descendait de la moto.

Celui-ci la prit dans ses bras puis déposa les sacoches sur le sol.

-Rangez tout ça les enfants nous dit-il.

Hector, Lucie et moi allâmes dans le hangar pour ranger les provisions sur les étagères en métal.

Dehors les adultes échangeaient à voix haute.

-On a entendu des coups de feu… Rien de grave j’espère disait Paul?

-Si… va falloir faire gaffe. Demain on ira chercher Frankenstein. Son aide ne sera pas de trop.

-Frankenstein ?

-Un copain d’Hector et de Paul. Les pillards sont de plus en plus agressifs poursuivit Martin.

-Ce soir, on vérifiera la clôture et l’on verra si l’on ne peut pas l’électrifier ou poser des alarmes dit Jean. Je crains qu’il ne faille abandonner cet endroit. Dès demain on se préparera.

-D’accord répondit Martin.

Quitter cet endroit me dis-je en moi-même ? Pour aller où ? Mais pour une raison incompréhensible je ne ressentais aucune inquiétude.

 

Encélade

 

 

 

 

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