Santé / Covid
09H59 - mardi 25 septembre 2018

E santé et assistants médicaux : la double révolution du Plan santé contre les déserts médicaux.

 

 

Les professionnels de santé ont globalement accueilli favorablement le plan annoncé par Emmanuel Macron, avec quelques annonces fortes comme la fin du numerus clausus qui portera ses fruits dans dix – douze ans.

L’un des défis majeurs depuis des décennies, ce sont les déserts médicaux qui ne cessent de s’étendre malgré les incitations financières au bénéfice des médecins. Innovation : quatre mille postes d’assistants médicaux vont être créés, au grand dam des infirmiers qui y voient une nouvelle concurrence low cost. Les premiers servis seront les cabinets groupés situés dans des zones sous-médicalisées, les fameux déserts sus évoqués. Si ces assistants permettent de décharger le médecin de tâches accessoires, comme la prise de tension ou l’aide au déshabillage d’une personne invalide ou âgée, il faut craindre que ce temps gagné ne sera pas nécessairement offert au patient. Il permettra aussi au médecin d’augmenter le nombre de consultations, et donc sa rémunération.

Il est salutaire que le chef de l’Etat ait pris acte de l’échec des politiques incitatives, non pas pour les abandonner brutalement ou pour revenir sur la sacro-sainte liberté d’installation des médecins, mais pour prioriser une réponse innovante et universelle aux déserts médicaux, avec la création de ce nouveau métier d’assistant médical.

 

La e santé contre les déserts médicaux

Mais il est une seconde innovation qui permettrait de lutter contre les déserts médicaux : la e santé, au premier chef la téléconsultation avec l’aide, lorsque cela s’avère nécessaire, d’un assistant médical ou d’un infirmier, répondant ainsi aux craintes de déshumanisation de la médecine. S’y ajoute le recours à l’intelligence artificielle, qui s’introduit également dans les cabinets médicaux et les hôpitaux. D’ailleurs, lorsque le médecin s’en remet à ces nouveaux outils, ne devient-il pas lui-même l’assistant médical de l’intelligence artificielle ? La question se veut provocante,   mais elle se posera dans des termes analogues aux magistrats et à d’innombrables métiers en profonde mutation.

Puisqu’il faut choisir entre le possible et le souhaitable, vaut-il mieux une téléconsultation encadrée par un assistant médical et relayée par une intelligence artificielle, ou rien ? Car pour le moment, force est de déplorer que la réalité n’est parfois pas loin du rien, quand il faut des jours pour obtenir un rendez-vous chez un généraliste, des mois chez certains spécialistes et des dizaines de kilomètres pour se rendre aux urgences.

Il est salvateur que l’État n’abandonne pas les territoires, car la pénurie de médecins pourrait n’être qu’un symptôme d’une désertification bien plus large. Mais le constat des échecs passés et le pragmatisme ne conduisent-ils pas de se demander si l’argent public ne devrait pas être massivement investi dans des cabines de téléconsultation, des stations de télémédecine mobiles ne coûtant qu’une dizaine de milliers d’euros et pouvant être transportées jusqu’au chevet du patient, des outils de mesure ne nécessitant pas de prélèvement par prise de sang voire même dans des infrastructures de téléchirurgie ?

La réforme annoncée par le président de la République n’a pas  oublié la santé numérique. Dans un discours prononcé le 29 mars 2018, Emmanuel Macron avait déjà engagé la France sur la voie de l’intelligence artificielle, dans le cadre d’un plan de 3 milliards d’euros, qui accorde une part majeure à la santé.

Il appartient maintenant aux acteurs publics et privés de relayer cet engagement politique. Aux concepteurs de logiciels et aux fabricants de matériel de e santé de démontrer qu’ils peuvent apporter une réponse efficace et économique aux déserts médicaux et à l’amélioration globale du système de santé.

 

Raymond Taube

Directeur de l’IDP – Institut de Droit Pratique

Directeur de l'IDP - Institut de Droit Pratique

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