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07H26 - jeudi 19 janvier 2017

Imagine 2017 : « Pour un nouvel état d’esprit européen », par Sylvie Goulard

 
La députée européenne Sylvie Goulard. © Photo Union Européenne

La députée européenne Sylvie Goulard. © Photo Union Européenne

Comme chaque janvier, il est coutume d’adresser à ses connaissances et à ses proches ses « meilleurs vœux » : santé, succès, bonheur sont escomptés pour la nouvelle année. L’envie de tourner la page, avec l’espoir d’un avenir plus radieux, rend cette tradition touchante. Un instant, chacun s’autorise à sortir de la routine, des soucis, voire du pessimisme ambiant. Pourtant, l’avenir n’est écrit nulle part. Et bien malin celui qui, en ces temps troublés, peut prétendre le prédire.

C’est mon cas, je l’admets humblement. Dans le même temps, il est absolument nécessaire de sortir d’un sentiment de déprime collective qui a marqué la fin de notre année 2016, tout particulièrement en France.

L’amertume ne mène nulle part. Une France de la déprime dans une Europe qui se défait, voilà un programme qui n’est guère attirant. Ces dernières années, l’Union européenne (UE) a perdu la confiance d’une grande partie de ses citoyens ; le Brexit, approuvé en juin dernier par 51,9% des Britanniques, en est une illustration. Et ce n’est pas étonnant. L’Europe d’aujourd’hui n’est pas celle imaginée par les Pères fondateurs, qui avaient une vision ambitieuse, un projet concret au service d’un idéal. 

Le rebond doit tout d’abord commencer par la prise de conscience de la gravité de la situation. À première vue, il n’y a pas de quoi se remonter le moral. En matière de menaces, il y a même l’embarras du choix ; en novembre dernier M. Trump, dont les propos sur le climat, la Russie et la Chine comme la vision de la société sont particulièrement troublants, est élu à la présidence des États-Unis ; autour de l’Europe, les zones instables alternent avec des régimes autoritaires, de la Russie à l’Afrique du Nord en passant par la Turquie ; des attentats meurtriers ont frappé l’Europe en 2016 à plusieurs reprises, notamment à Nice, en Normandie, à Berlin, répandant, au sein des populations, la peur et la tentation du repli sécuritaire.

Tous ces bouleversements devraient toutefois nous inciter à mesurer notre chance, nous, les enfants gâtés de l’Occident et de l’Europe pacifiée, d’avoir pu jusqu’à ce jour chasser la peur de nos vies. Malgré tous les défauts, toutes les carences de l’UE, nous devrions y réfléchir à deux fois avant de la jeter aux orties.

Comment aujourd’hui l’UE peut-elle concrètement se ressaisir ? La question de savoir si nous disposons des bonnes institutions européennes est, je crois, moins importante que celle de retrouver un nouvel « état d’esprit européen »

Cet état d’esprit européen, positif et conscient des enjeux, pragmatique aussi, dépend de nos dirigeants mais également de chacun de nous. 

Il se traduit premièrement dans nos attitudes quotidiennes : au travail, dans l’éducation de nos enfants, dans nos choix de consommation et de mobilité, dans nos engagements au sein de la société civile et surtout dans nos devoirs citoyens.

En effet, l’année 2017 sera celle de plusieurs élections nationales. En mars prochain, les Néerlandais éliront leurs nouveaux Représentants, à l’issue de laquelle devra être constitué un nouveau gouvernement. D’après les sondages, le Parti pour la Liberté (Partij voor de Vrijheid), mené par l’eurosceptique Geert Wilders, obtiendrait l’un des meilleurs scores. En mai, les Français seront à leur tour appelés aux urnes dans un scrutin où le Front National peut marquer des points. En septembre l’Alternativ für Deutschland sera en embuscade lors des élections fédérales en Allemagne. 

Ainsi, nous aurons tous le devoir de voter en citoyen européen. Les résultats seront décisifs aussi bien pour les Etats membres que pour l’UE elle-même. Le risque de voir un nouvel État membre quitter l’Union et le projet européen se disloquer est hélas à prendre au sérieux. 

Encore faut-il que cet état d’esprit européen soit porté et soutenu par des politiques ayant un véritable souci de l’intérêt général européen, aiguillonnés par des citoyens exigeants. Trop peu nombreux sont les politiques qui proposent un projet prenant sérieusement en compte l’interdépendance européenne et internationale, ni prennent leur devoir de responsabilité et de pédagogie vis-à-vis des citoyens au sérieux. Mais trop passifs sont aussi souvent les électeurs qui ne sanctionnent pas leur désinvolture. Ainsi, lors de la primaire des Républicains, il n’a guère été question de l’Europe, alors même que c’était l’un des thèmes prévus pour le deuxième débat  télévisé. D’autres encore fustigent l’Europe et l’accusent de tous les maux pour mieux masquer les failles et carences nationales.   

Mon vœu pour 2017 est que chacun fasse un examen critique des 25 années écoulées. Quelles sont, non pas les erreurs des autres – de Bruxelles, de Berlin ou des technocrates – mais les failles et les erreurs nationales ? Le but devrait être, à l’occasion de ces élections, de redéfinir un projet positif, tourné vers l’avenir, susceptible de parler aux jeunes.

Les défis qui les intéressent sont nombreux : protection de l’environnement, et notamment maintien des objectifs climatiques, développement du numérique, égalité entre les hommes et les femmes y compris dans l’accès aux postes clés, économie partagée, lutte contre la pauvreté etc. Nous devons nous remettre au travail avec nos partenaires européens, surtout avec notre voisin d’outre-Rhin, pour prendre ces enjeux à bras le corps.

L’Europe a fait de grandes choses et peut encore en faire. En comparaison avec d’autres parties du monde, ce continent possède des atouts sérieux : il compte une population éduquée, soignée, déjà engagée dans des coopérations transfrontalières, mobile. Son patrimoine est exceptionnel, ses talents aussi.

L’Europe en 2017 sera ce que nous en ferons ; elle mérite davantage que des plaintes ou des bonnes résolutions vite rangées au placard.

Sylvie Goulard est députée européenne ADLE, Vice-Présidente et membre fondateur de United Europe

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