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11H05 - vendredi 2 septembre 2016

Choquée par l’assassinat d’un des siens, la communauté asiatique veut vivre en paix

 

Le mardi 2 août, 27 touristes asiatiques se faisaient détrousser près de Roissy. Cinq jours plus tard, Zhang Chaolin, couturier d’origine chinoise de 49 ans était agressé par trois hommes à Aubervilliers. Le 12 août dernier, il succombait à ses blessures.

Ces deux agressions témoignent de la violence, tant verbale que physique, que la communauté asiatique, touriste ou résidente en France, subit au quotidien. S’il n’est pas dans la mentalité de la communauté asiatique de se plaindre ou de faire entendre ses revendications, le décès du couturier a provoqué un rassemblement le 21 août à Aubervilliers. Près de 2000 personnes y ont participé.
La mobilisation ne s’arrête pas là. Le comité de soutien à la famille du défunt organise ce dimanche une manifestation à Paris de la place de la République à la place de la Nation. Plus de 10.000 personnes sont attendues. Jacques Hua, porte-parole de la manifestation espère, lui, 40.000 à 60.000 manifestants et se félicite déjà de cette grande première.

Des promesses transformées en mesures ?

Selon Jacques Hua, les agressions au faciès se sont banalisées depuis vingt ans. Si au niveau local, des acteurs du secteur associatif ont tenté d’alerter les pouvoirs en place, peu de mesures ont été prises en comparaison du nombre de promesses données. A Aubervilliers, 30 agressions envers la communauté asiatique ont été recensées en 2015 contre 107 pour une année 2016 qui n’est même pas encore terminée. Les agressions ont donc triplé en un an. Une situation difficile à gérer pour les membres de la communauté asiatique, pourtant fiers d’être Français.
Une fierté pourtant entachée par l’insécurité. Depuis plusieurs années, les Albertivillariens réclament l’augmentation des effectifs de police dans les rues, un système de vidéosurveillance et une aide aux associations locales pour leur donner les moyens de faire de la prévention. Si toutes les doléances n’ont pas été honorées, le commissariat d’Aubervilliers compte dans ses effectifs un traducteur pour faciliter le dépôt de plainte. Une mesure que Jacques Hua et le collectif voudraient voir appliquer dans les commissariats des 8e et 17e arrondissements, lieux de vol des touristes asiatiques.

Jacques Hua, issu de la deuxième génération des immigrés asiatiques, mise beaucoup sur la prévention pour contrer l’insécurité. En ces jours de rentrée scolaire, il reconnaît que les parents asiatiques choisissent les écoles dans lesquelles ils inscrivent leurs enfants. La violence verbale commence dès le plus jeune âge avec des « Vas manger du riz », des « Sale Chinois » qui sont trop fréquents !

La prévention doit donc commencer dès le plus jeune âge, à la cantine par exemple avec la découverte des saveurs d’Asie ou encore dans les programmes scolaires pour aider les enfants à comprendre l’immigration asiatique en France.

Pour Jacques Hua, la communication et le partage des cultures sont une partie de la solution. La reconnaissance du racisme anti-chinois en est une autre. Or à ce jour ces propos racistes ne sont pas condamnés et ne sont pas retenus comme circonstances aggravantes des vols avec violence.

Un rassemblement historique est attendu dimanche

Jacques Hua reconnaît qu’il n’est pas dans la nature de la communauté asiatique de manifester. Pourtant, dimanche 4 septembre, le collectif Sécurité pour tous a toutes ses chances de rassembler du monde, 64 associations asiatiques composant ce collectif. Des associations de toutes sortes ont passé le mot d’ordre à leurs adhérents.

Place de la République, on n’attend pas que des citoyens d’origine chinoise. Parce que la situation est grave, certaines personnalités politiques ont d’ores et déjà confirmé leur présence : les maires du 13e et du 19e arrondissement de Paris, mais aussi d’Aubervilliers ou encore de communes du Val de Marne (94) et de la Seine-et-Marne (77) sont annoncés. Tous les préfets des départements concernés seront là ainsi que Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France. Des humoristes et des comédiens apporteront également leur soutien à la mobilisation, tout comme SOS Racisme, la Ligue des Droits de l’Homme ou encore la Licra.

Si les soutiens affluent, Jacques Hua regrette que M. Chaolin ait dû payer de sa vie, la prise de conscience d’une situation de violence qui ne cesse de s’amplifier.

 

Stéphanie Petit

Journaliste