Police(s)
12H51 - mercredi 20 avril 2016

Flic ou voyou, la fin justifie-t-elle les moyens ?

 

En plein débat sur la dépénalisation du cannabis, voilà qu’une enquête discrète de l’Inspection générale de la police nationale (DGPN) vient jeter le trouble dans la lutte contre le trafic de stupéfiants.

800px-Western_Europe,_France,_Paris,_November_15,_2015

Crédit photo : Mstyslav Chernov, Wikimediua Commobs

Le Parisien – Aujourd’hui en France a révélé ce week-end qu’une enquête de l’Inspection générale de la police nationale (DGPN) avait discrètement été ouverte cet automne après l’arrestation en Belgique d’un des plus actifs informateurs de l’Office central de répression du trafic de stupéfiants (OCTRIS). L’homme âgé d’une quarantaine d’années a permis à la police de mettre la main sur plus de sept tonnes de cannabis, cachées dans un camion en plein XVIe arrondissement de Paris. Selon des sources citées par Le Parisien les murs de l’Octris trembleraient si l’informateur parlait, révélant au grand jour les méthodes des services de police spécialisés dans la lutte et le démantèlement des réseaux de trafics de drogues. En marge de cette histoire et depuis quelques années, les services français chargés de réprimer ces trafics sont éclaboussés par des affaires à répétition, qui jettent le discrédit sur leurs méthodes. Police, gendarmerie ou douanes : aucune institution n’est épargnée.

Guerre des polices

Dans les faits, il existe une panoplie de mesures et de méthodes plus ou moins légales pour frapper un réseau clandestin : infiltration pendant une certaine durée de policiers ou d’agents, livraisons contrôlées, etc. Mais certaines de ces pratiques semblent aujourd’hui contestées, tant par les magistrats que par les avocats qui voient en elles d’importants risques de dérive et de confusion en particulier dans les objectifs recherchés. Certains observateurs vont plus loin regrettant les mélanges de genres. Les informateurs – souvent des trafiquants eux-mêmes – se livrent à de véritables marchandages avec les policiers qu’ils renseignent. L’été dernier, l’un des patrons de la direction centrale de PJ, Frédéric Veaux, ne s’en cachait pas dans Libération : « Les indics, ce n’est pas une science exacte. Ils défendent souvent leurs propres intérêts. » Illustration de ce genre de deals particuliers : un échange d’informations cannabis contre cocaïne via transporteur aérien a même été organisé entre la métropole et les Antilles ! D’autres risques inquiètent encore les détracteurs de ces méthodes policières : celui d’une guerre des polices avec à la clé une course au résultat qui dénaturerait complètement la mission de répression du trafic.

D’après nombre d’observateurs, l’enquête ouverte par l’IGPN aura provoqué un vrai tollé dans les rangs policiers, notamment au sein de la PJ qui semble faire front commun. Quoi qu’il en soit, dans la lutte que mènent les services de police contre le trafic de drogues, il n’est pas toujours possible d’agir autrement qu’avec des méthodes à la limite de la légalité !

Anonymat des policiers : ça commence mal

Lors de la cérémonie d’hommage aux deux fonctionnaires de Magnanville, assassinés à leur domicile, le président Hollande avait promis d’améliorer la protection de l’anonymat des policiers. Deux semaines plus tard, une fâcheuse…
Omri Ezrati