Police(s)
15H44 - mercredi 23 mars 2016

Les citoyens réapprennent à aimer leur police

 

L’image de la police n’aura jamais été aussi bonne dans l’opinion publique qu’à la fin de l’année 2015 marquée par les attentats de Paris. Une étude de l’Insee-ONDRP le confirme.

Lieu de l'assassinat du policier, Ahmed Merabet en janvier 2015 - Crédit photo : Henri Docquin

Lieu de l’assassinat du policier, Ahmed Merabet en janvier 2015 – Crédit photo : Henri Docquin

Suite à l’attentat de Charlie Hebdo, la manifestation citoyenne dans les rues de Paris avait marqué les esprits. Les escadrons de gendarmerie et les compagnies de CRS étaient… applaudis par la foule qui scandait à pleins poumons un surréaliste : « Merci la police ». Dans les rues de Paris, des badauds enlaçaient des policiers, embrassaient des gendarmes. Pierrick, gendarme mobile stationné dans la Drôme se souvient de ces scènes : « Nous étions postés près de la caserne des pompiers de l’avenue Parmentier le 11 janvier. Les gens nous souriaient, certains nous ont même apporté des fleurs et des chocolats pour nous encourager, nous remercier de ce que nous faisions pour eux. C’était hallucinant, une semaine avant, nous avions encore en tête des images de gens qui nous crachaient dessus ! » Julien est policier dans une BAC parisienne.

Il était lui aussi en service le 11 janvier et avait vécu de près la traque des frères Kouachi quelques jours plus tôt : « Cet élan de sympathie pour nos collègues, cela nous a fait chaud au cœur. On se disait enfin qu’on ne faisait pas notre boulot pour rien. De voir tous ces gens, jeunes, vieux, de France ou d’ailleurs, venir nous saluer et nous soutenir, ça nous a regonflé le moral ! »

10 points de plus

L’enquête de l’Insee-ONDRP a confirmé le constat de la rue. Elle a permis de mesurer à environ 59 % la proportion des personnes de 14 ans et plus disant, « à propos de l’action en général de la police ou de la gendarmerie nationale dans la société française actuelle », qu’elle était « satisfaisante » ou « très satisfaisante ». Cette part s’est élevée de plus de 10 points en un an. Elle s’était établie à 48,2 % en 2014, affichant à l’époque une grande stabilité par rapport aux années 2012 et 2013 (48,1 %).

Pour l’Observatoire de la délinquance, cette hausse s’inscrit dans un contexte particulier faisant suite aux attentats commis à Paris en janvier 2015. On observera lors des enquêtes à venir si les effets de contexte sont plus ou moins durables, sachant qu’une nouvelle série d’attaques a eu lieu en novembre 2015. Pour l’ONDRP, « la forte augmentation ayant concerné l’ensemble des personnes de 14 ans et plus, quels que soient leur profil, leur expérience de victimation ou leur ressenti, les différences d’opinion qu’on mesurait par le passé demeurent lors de l’enquête en 2015 : les 14 à 45 ans, les personnes se disant victimes ou encore celles se sentant en insécurité dans leur quartier figurent parmi celles dont la satisfaction pour l’action de la police et de la gendarmerie nationales s’affiche à des niveaux relativement inférieurs. »

 

Bousculade de candidats au concours de gardiens de la paix

De plus, ces dernières semaines, le nombre de candidats inscrits au concours de gardiens de la paix a renforcé l’idée que nos forces de police et de gendarmerie avaient la cote auprès de la population. Avec presque 36 000 candidats inscrits au concours d’entrée, jamais la police n’avait attiré autant de nouvelles vocations. Pour mémoire, le dernier concours de gardiens de la paix n’avait rassemblé « que » 24 000 candidats. Il sera intéressant d’observer l’an prochain si 2016 sera un aussi bon cru que 2015 et si le contexte de l’état d’urgence aura un impact ou non sur l’image de notre police.

Anonymat des policiers : ça commence mal

Lors de la cérémonie d’hommage aux deux fonctionnaires de Magnanville, assassinés à leur domicile, le président Hollande avait promis d’améliorer la protection de l’anonymat des policiers. Deux semaines plus tard, une fâcheuse…
Omri Ezrati