Talents citoyens
12H19 - jeudi 16 juin 2011

Entretien avec Arnaud Mourot, Directeur général d’Ashoka – France, Belgique et Suisse.

 

 

A l’occasion du lancement de « l’Ashoka changemakers week » qui s’ouvre aujourd’hui à Paris, rencontre avec Arnaud Mourot, Directeur général d’Ashoka France, Belgique et Suisse.

 

Comment les citoyens qui participeront aux 3 jours d’évènements à Paris peuvent-ils devenir « Acteurs de changement » ?

L’idée de ces trois jours est de pouvoir donner aux gens des clés pour comprendre, de montrer que l’entrepreneuriat social n’est pas réservé à une élite, qu’il est accessible à chacun. Il n’y a pas d’écoles, pas de critères pour être entrepreneur social, c’est d’abord un choix conscient, une nécessité de s’engager et de le faire à fond. Ces trois jours permettront aux gens de s’informer, de découvrir des méthodes, de rencontrer des entrepreneurs qui ont choisi l’innovation, comme La Ruche, qui est un incubateur d’entrepreneurs sociaux. Après, à chacun de prendre ses responsabilités pour aller voir plus loin.

Comment l’entrepreneuriat social peut-il démontrer sa capacité à créer de la valeur et attirer des investissements ?

C’est le challenge le plus important aujourd’hui, d’arriver à mesurer et à valoriser l’impact social des entrepreneurs sociaux. On a longtemps considéré que s’engager par générosité était un critère suffisant. C’est un postulat qui est faux. Faire la preuve de l’impact social, c’est un moyen d’éviter des coûts aux entreprises et aux collectivités en démontrant que l’entreprise sociale peut résoudre des problèmes sociaux et environnementaux en amont. Pour arriver à prouver cela, il y a un réel travail d’harmonisation des méthodes d’évaluation de l’impact à mener. Le rassemblement des 1200 entrepreneurs sociaux sur le campus d’HEC permettra de mutualiser les modèles et de diffuser les bonnes pratiques identifiées par Ashoka.

Pour attirer des investisseurs, il faut qu’on soit capable de mesurer efficacement cet impact pour savoir réellement ce qu’on veut financer. « L’impact investing » (Investissement socialement responsable) va à l’encontre du postulat qui prévalait jusqu’à maintenant d’apporter simplement des ressources financières à des projets sans savoir réellement comment l’argent sera investi. C’est ce type d’investissement responsable qui se développe de plus en plus et qu’il faut encourager.

L’urgence est aujourd’hui d’accroitre le nombre d’acteurs de changements et pour cela il faut décloisonner les sphères, privées, publiques, pour que l’ensemble des acteurs puissent s’investir sur des problèmes complexes comme par exemple l’éducation. On aurait tendance à penser que c’est un objet qui concerne essentiellement l’État et les collectivités mais les compagnies d’assurance par exemple peuvent y voir un intérêt. Investir dans l’éducation et promouvoir la citoyenneté, c’est une façon de prévenir la délinquance et les coûts d’assurance liés.

La responsabilité sociale des entreprises semble parfois se limiter à une façade de communication. Comment changer les mentalités pour que le monde du business investisse et se mette réellement au service de l’économie sociale ?

Je suis plutôt un optimiste à voir le verre à moitié plein. Il y a de plus en plus d’entreprises qui s’intéressent à l’économie sociale et quelles que soient leurs motivations, il faut encourager ce phénomène et le considérer comme un premier pas. Il y a un réel enjeu de collaboration et il faut accompagner la démarche de ces structures, faire confiance aux individus, car de plus en plus de collaborateurs à l’intérieur des entreprises souhaitent véritablement donner un impact social à leur action. Notre responsabilité est d’élever les standards, de les tirer vers le haut.

L’entrepreneuriat social peut-il servir de socle à une alternative globale au système capitaliste ?

L’objectif premier de l’entrepreneuriat social est de produire des solutions pour résoudre un problème de société. En aucun cas, on ne peut se poser en donneurs de leçons. Il faut faire évoluer le capitalisme et même apprendre du modèle dominant pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Il y a un certain capitalisme financier, spéculatif qu’il faut rejeter mais la liberté d’entreprendre est indispensable. On n’est pas dans un débat « entrepreneuriat social » versus « capitalisme ». Le capitalisme, c’est d’abord un outil qu’il faut savoir faire évoluer pour lui redonner un impact social positif.

Vous avez fondé Sport Sans Frontières. Aujourd’hui, comment peut on faire évoluer le monde sportif pour faire du sport un objet d’entreprise sociale ?

Selon moi, le sport n’a pas de valeurs intrinsèques. L’histoire le montre (l’instrumentalisation du sport par les nazis pour enrôler les jeunes, etc…). Le sport, c’est une activité humaine qui peut facilement prêter à des dérives. Quand il est utilisé comme outil au service d’un projet pédagogique, il constitue un langage universel qui permet de créer des relations de fraternité, d’amitié entre les gens. Il amène les individus à se dépasser, à prendre confiance en soi, à gérer les échecs… Comme n’importe quel outil, son utilisation dépend de la main dans laquelle il se trouve. Il y a un vrai risque d’instrumentalisation du sport, d’abrutissement des masses, de spectacle. Mais il a un vrai potentiel de cohésion sociale à un coût quasiment nul. Par exemple, l’initiative Siel Bleu, lancé par Jean Michel Ricard et soutenue par Ashoka, propose de la prévention santé pour les seniors. En plus de recréer du lien social là où il n’y en avait plus, ils font gagner à la collectivité des millions d’euros et sont aujourd’hui en mesure d’apporter la preuve scientifique de l’impact social de leur action. Ce genre de projet est réalisable quand on a une vision très claire de là où l’on veut aller. Il y a énormément de choses à faire grâce au maillage formidable du tissu sportif en France mais il faut aller plus loin que de simples opérations de communication ponctuelles dans les quartiers et réussir à convaincre les responsables politiques d’investir durablement pour faire du sport un réel instrument de développement social.

 

Propos recueillis par Edouard Mouette

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