Afriques (2)
07H50 - mercredi 27 avril 2011

Présidentielles 2012 au Sénégal : la der d’une génération ?

 

Le 26 février 2012, les Sénégalais seront appelés à élire leur président de la République. Deux candidatures ont, pour le moment, été déclarées. Celle, d’une part, de l’actuel président de la République, Abdoulaye Wade, qui veut briguer un troisième mandat. Et celle, d’autre part du secrétaire général de l’Alliance pour la République (APR), Macky Sall, transfuge du parti d’Abdoulaye Wade, qui ne veut pas d’une candidature unique de l’opposition regroupée.

De plus en plus, on parle aussi d’une possible candidature d’Ibrahima Fall, ancien secrétaire général adjoint aux Droits de l’Homme des Nations Unies. Un mouvement dénommé Groupe d’initiatives solidaires et citoyennes l’encourage fortement à se déclarer candidat. S’engagera-t-il? Difficile de le savoir, puisque lui-même ne s’est pas encore exprimé sur ce sujet, mais en 2007 déjà l’on avait agité sa candidature qui avait fini en eau de boudin. S’il en vient à se présenter, son handicap résidera à coup sûr dans l’absence d’un parti politique structuré derrière lui. Or, au Sénégal, il est difficile pour un candidat qui n’est pas porté par un parti politique d’envergure de remporter des élections présidentielles. Le fiasco de Mame Adama Guèye, ancien président du Barreau de Dakar,  aux élections présidentielles de 2007 n’en est qu’un exemple parmi d’autres.

Si la candidature d’Ibrahim Fall ne présente point de problème quant à sa constitutionnalité, il n’en est guère de même pour celle du président Wade. En effet certains constitutionnalistes et hommes politiques sénégalais contestent le fondement juridique de sa démarche. Le président aurait selon eux épuisé les possibilités de se représenter au regard de la loi fondamentale n’autorisant que deux mandats consécutifs non renouvelables. A cet argument les partisans du président Wade répondent que cette disposition n’a été adoptée qu’en 2001, et ne concerne donc pas leur candidat, élu sur la base de la Constitution de 1962. La bataille fait rage entre les deux camps. Au moment opportun, la Cour suprême va être saisie pour trancher.

En attendant, l’opposition se cherche un candidat unique ou un candidat de l’unité. Elle préfère parler de candidat de l’unité pour mettre en avant l’équipe qui soutiendra une telle candidature. Mais les opposants au régime de Wade buttent sur le leader qui doit être choisi pour conduire mener l’aventure jusqu’aux élections présidentielles de 2012. Cela se jouera certainement entre le leader de l’Alliance des Forces de progrès (Afp), Moustapha Niasse, et celui du Parti socialiste sénégalais (PS), Ousmane Tanor Dieng. Le premier fut Premier ministre et ministre des Affaires Etrangères du président Abdou Diouf, mais aussi Premier ministre du président Wade auquel il avait apporté un soutien décisif lors des élections présidentielles de 2010, en appelant ses partisans à voter pour ce dernier. Le second fut  le secrétaire général de la présidence de la République d’Abdou Diouf chargé des affaires présidentielles, avant que la défaite électorale de 2000 ne renvoie le parti socialiste sénégalais dans l’opposition. Son parti en avait à l’époque clairement souffert, en lambeaux suite à la démission de la plupart des responsables partis rejoindre le vainqueur. Ousmane Tanor Dieng a donc connu une véritable traversée du désert, mais a su reconstruire un parti qui se positionne aujourd’hui comme l’un des principales forces de l’opposition sénégalaise.

Qui des deux sera choisi ? Les leaders des autres partis de l’opposition travaillent en coulisse pour parvenir à un consensus, tandis que l’échéance approche à grand pas. Il n’est pourtant pas si évident de trouver un terrain d’entente entre ces deux hommes qui jouent leur va-tout dans ces élections. S’ils perdent ces élections, eu égard à leur âge, c’est la retraite politique qui les attend. En effet Moustapha Niasse n’aura pas moins de 73 ans en 2012. S’il n’est pas candidat ou perd les élections, il devra attendre 2019 pour pouvoir se présenter à nouveau, et aura alors 80 ans. Ainsi l’on voit mal comment il pourrait briguer un mandat après avoir lui-même fustigé la candidature de Wade, 86 ans,  en raison de son âge avancé. Quant à Ousmane Tanor Dieng, il sera âgé de 65 ans en 2012, et de 72 en 2019. C’est dire que ces élections constituent une dernière chance pour ces deux personnalités politiques sénégalaises.

Au-delà la question de l’âge, se joue aussi une bataille de succession. On prête au président Wade, trop âgé, l’idée de placer à sa place son fils, Karim Wade, qui occupe déjà quatre ministères réunis en un seul. Mais on en reparlera…

Les élections présidentielles de 2012 au Sénégal constituent bel et bien un baroud d’honneur pour une toute une génération politique, notamment celle de l’opposition.

Moustapha BARRY

Moustapha Niasse / Ousmane Tanor Dieng

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