Se servir du sport pour véhiculer un message en troquant la lance contre la batte. C’est le pari tenté en 2007 au Kenya par Saidimu Ole Ngais et consorts. Leur liberté d’expression ? Le cricket, comme pour rappeler que ce pays de presque 45 millions d’habitants fut colonie britannique jusqu’en 1963, mais aussi un message d’espoir pour l’ethnie massaïe, l’une des plus touchées par les mutilations Pour Saidimu, le combat a commencé dès 1981 au sein même de sa famille lorsqu’il assista, à l’âge de six ans, à l’excision et au mariage forcé de sa sœur aînée Nareu. En 1989, Nkirees subit le même sort, suivie en 1992 par Naramatu, une autre de ses sœurs. « Mon père a dit un jour à Naramatu qu’elle devenait une adolescente, et qu’il était temps pour elle d’être excisée et mariée [Ndlr : de force]. » « Son mari est venu avec des vaches, et nous en avions besoin pour payer mon école secondaire, c’est à partir de ce moment que j’ai su que c’était mal, mais je n’avais pas le bon langage pour m’opposer à ça. » Après trois années d’études en santé publique, il sort diplômé en 1999 et devient coordinateur au sein de l’Organisation pour la survie des initiatives des groupes indigènes de Laïkipia, une région située au nord du Kenya. Cette mission lui permet d’aller de village en village pour sensibiliser les populations sur le thème de l’excision et des mariages forcés. Une vocation qui prendra encore plus de sens après son voyage en 2001en Suède, où il voit des femmes vivre en toute indépendance. Mais en 2003, le passé le rattrape : Saidimu envoie une lettre de protestation pour alerter les autorités et sa famille. Il tente ainsi d’éviter l’excision et le mariage forcé de sa nièce Teteyia et de Eunice, sa sœur cadette. Envoyé de Stockholm vers Nanyuki, d’où est originaire la famille Ngais, le courrier ne sauve pas Teteyia. Pis encore, elle lui crée des ennemis à vie, « les mêmes personnes qui menacent aujourd’hui mes petits frères, Capitaine Sonyanga et Christopher Lesikito Ole Ngais, notre directeur de programme », présise Saidimu. « Le plus important est d’écrire de manière exacte notre histoire » Mais, comme il aime le marteler, « cette lettre est importante car elle montre que les campagnes anti-MGF n’ont pas commencé avec le cricket, mais ont été propulsées par le cricket. Ce qui aide à écrire notre histoire exacte. » Une histoire qui a commencé entre hommes, les vingt-sept réunis au départ pour former les Maasai Cricket Warriors (ils sont dix-sept aujourd’hui) mais qui pourrait bientôt prendre une nouvelle orientation. « Les MGF ne traumatisent pas seulement les filles mais aussi les garçons, et c’est pourquoi il est très important de mener des campagnes de lutte qui incluent filles et garçons », explique Saidimu. Nous utilisons notamment Eunice (qu’il a adoptée) comme projet pilote pour fonder un Maasai Cricket ladies avec nos nièces qui ont son âge et sont aussi brillantes qu’elle à l’école. » Mais, ajoute-t-il, « la criminalisation des MGF doit être accompagnée d’autres mesures, comme donner psychologiquement plus de pouvoirs aux femmes, ainsi qu’aux filles et garçons, afin qu’il puissent détecter et rapporter des cas de MGF. Quand des frères se dressent aux côtés de leurs sœurs, il devient compliqué pour les tenants de la vieille école de briser cette union, les pères peuvent alors écouter leurs fils et les mères savent que leurs fils ont raison. » Le quadragénaire sait de quoi il parle : son père et sa mère, après des années de pratique, ont cessé d’exciser, après avoir été convaincus par lui.
Maasai Crikcets Warriors – Crédit photo : Saidimu[/caption]
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