Opinion Ruralités
06H45 - dimanche 25 février 2024

Oreillette, égérie 2024 du Salon International de l’Agriculture : bien plus qu’une vache !

 

Vous aimez le bon camembert de Normandie, le Livarot, le Pont-L’évêque, le Neufchâtel, la crème et le beurre d’Isigny ? Eh bien, c’est grâce à Oreillette et ses 190 000 copines que vous vous régalez !

On se souvient de Haute, la belle aubrac au port altier et aux yeux de braise qui avait illuminé le Salon 2018. Ou d’Ovalie, la salers de 5 ans au pelage laineux et aux cornes conquérantes qui avait porté bonheur au Salon 2023 avant d’être terrassée, avec le XV de France, face à l’Afrique du Sud quelques mois plus tard.

En 2023, Opinion Internationale avait aussi eu un coup de cœur pour Pervenche, qui avait sonné le retour en force des montbéliardes Porte de Versailles après 20 ans d’absence. Une éternité, alors que, sans les montbéliardes, pas de Comté, pas de Morbier, pas de raclettes ! Elle avait frappé fort Pervenche, ramenant dans son Territoire de Belfort natal, auprès de son propriétaire Jean-Michel Talon, le premier prix de la race. Nous avons pris de ses nouvelles : elle se porte à merveille mais ne fera pas le déplacement à Paris cette année. C’est trop d’agitation… Et puis elle n’a plus rien à prouver.

2024, c’est l’année d’Oreillette. Oreillette, une normande de 5 ans, est reconnaissable à sa robe aux 3 couleurs « bringé noir, blond fauve et blanc caille » et à ses lunettes. C’est une excellente laitière : en moyenne, sa production représente 10,5 camemberts par jour !

 

Une race, un territoire, des éleveurs

Si, tous les ans, le Salon de l’Agriculture désigne une égérie, ce n’est pas que pour l’affiche. Chaque choix est chargé de sens et nous rappelle à quel point l’agriculture, en l’occurrence l’élevage, est ancrée dans nos terroirs, à quel point chaque race est issue d’une longue sélection, génération après génération, qui a produit des animaux adaptés à leur territoire et aux besoins de ses habitants.

Une race bovine, et son fleuron qui devient l’image de notre agriculture, une année après l’autre, c’est une histoire, un patrimoine, une évolution. C’est aussi une culture, un territoire et des hommes qui y vivent, qui ont acquis une compétence de pointe dans leur métier d’éleveur, qui est d’abord une passion, mais qui est aussi une activité économique aujourd’hui alourdie de trop de contraintes.

Oreillette est la glorieuse représentante de la race normande, 3e race bovine laitière de France. Elle compte donc 190 000 congénères dans notre pays (on en trouve à peu près autant en Uruguay et plus d’un million en Colombie !), réparties en 6 000 troupeaux qui font vivre autant d’exploitations.

On lui doit donc les 4 fromages AOP de Normandie (le camembert de Normandie, le Livarot, le Pont-L’évêque, le Neufchâtel), ainsi que la crème et le beurre d’Isigny (d’après le site officiel du Salon de l’Agriculture).

Oreillette est née au GAEC Foucault, dirigé par François, 60 ans, qui a repris la ferme après ses parents et s’apprête à la transmettre à sa fille Lucie, 24 ans et salariée du GAEC avec son compagnon. Oreillette a donné naissance à trois veaux, nés à Briouze, une commune située dans le département de l’Orne. Les dix jours qu’elle passera au Salon de l’agriculture promettent d’être les plus agités de son existence. Certainement à cause des nombreux visiteurs, peut-être aussi à cause des agriculteurs eux-mêmes qui ont quelques messages à faire passer. Pas d’inquiétude, selon ses éleveurs, Oreillette est d’un tempérament calme et s’adapte à toutes les situations…

 

Laurent Tranier,

Rédacteur en chef d’Opinion Internationale, chef de rubrique Opinion Ruralités, et fondateur des Éditions Toute Latitude

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