Je vous propose chers amis, de partir à une chasse au trésor…Une chasse au trésor un peu particulière, un trésor qui nous protège et que nous devons protéger, un trésor que nous avons le devoir de chérir, un trésor qui nous permet d’être libres, un trésor qui est le nôtre depuis 117 ans, un trésor qui nous émancipe, un trésor d’une richesse inestimable que nous célébrons, tous les ans, le 9 décembre.
Je suis certaine que vous avez trouvé ! Il s’agit bien de laïcité ! Comme vous le savez, le vote de la loi de Séparation de l’Église et de l’État, rapportée brillamment en 1905 par Aristide Briand, repose sur trois principes:
1) La liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public,
2) La séparation des institutions publiques et des organisations religieuses,
3) L’égalité de tous devant la loi quelles que soient ses croyances ou ses convictions.
En d’autres termes, la laïcité s’assure que chaque citoyen, dès lors qu’il respecte les droits et valeurs de la République, puisse librement choisir de pratiquer sa religion sans être discriminé par l’État. Parce qu’elle prône l’universalisme des droits, la République nous permet de vivre en paix les uns avec les autres. Pourtant, la nouvelle tendance identitaire considère la laïcité comme un vilain mot, voire comme du racisme. Assimiler la laïcité à du racisme est non seulement absurde mais c’est un non-sens.
Un non-sens car, grâce à notre droit fondé sur ce principe consacré par l’article 1er de notre Constitution de 1958, les minorités ne peuvent être soumises ni à l’arbitraire, ni à l’injustice. Ces minorités ne peuvent être des sous-citoyens, comme dans tant d’autres pays du monde. Un non-sens car l’universalisme issu des Lumières est à l’origine de l’abolition de l’esclavage, de la défense des droits des femmes et des enfants.
En réalité, la laïcité est haïe par les fondamentalistes non parce qu’elle opprime mais parce qu’elle protège en offrant le privilège de l’indifférence religieuse.
Ce qui est inquiétant est que ce soit la gauche, grande défenseuse à l’origine de la loi de 1905, qui renie à ce point ses principes fondateurs en portant aujourd’hui le combat inverse, afin de flatter son électorat. Ce reniement a commencé dans les années 1990 et plus spécifiquement avec l’affaire des foulards de Creil en 1989. A cette époque les choses étaient, somme toute, assez simples : l’ennemi à combattre était l’extrême-droite, combat qui regroupait l’antiracisme et l’antifascisme.
Puis, les choses se sont compliquées : l’apparition de l’intégrisme religieux au sein de l’Islam a fait exploser l’antiracisme. Entre la lutte contre le racisme et la lutte contre le fascisme, certains, à gauche, ont laissé tomber l’antifascisme au profit du seul antiracisme car il n’était pas concevable d’être issu de l’immigration, c’est-à-dire d’être soi-même victime de racisme, tout en étant un fasciste religieux.
La gauche a donc laissé s’installer une confusion entre la persécution des croyants, évidemment condamnable et la critique d’un dogme profondément phallocrate, homophobe, antisémite, misogyne, belliciste. Or, la satire, la contestation d’un dogme, fut-il religieux, relève de la liberté de penser, donc de la laïcité. C’est donc cette confusion qui a conduit à assimiler la critique religieuse et donc la laïcité à du racisme.
C’est pourquoi le nouveau fascisme a le visage de la tolérance, du féminisme, de l’antiracisme, du respect de l’Autre et de l’Humanisme. C’est pourquoi, en s’érigeant en Morale, il neutralise la pensée par la diabolisation en chamboulant toutes les notions et toutes nos valeurs.
C’est pourquoi nous avons le devoir de défendre toujours le principe de laïcité en se rappelant que la France n’est pas une couleur, une race, une religion, un sexe, mais une Nation unique faite de différences qui nous enrichissent. En se rappelant que les luttes doivent se mener pour tous et au nom de tous ; en se rappelant que ce qui compte n’est pas notre naissance mais nos actions; que le clivage fondamental n’est pas entre musulmans et non-musulmans, entre religieux et non religieux, mais entre les défenseurs de l’Universalisme et les défenseurs du Totalitarisme. En se rappelant enfin qu’en République le citoyen libéré de ses signes distinctifs est libre. Libre de penser, libre de rêver, libre d’entreprendre, libre de s’émanciper, libre de s’exprimer, libre d’être lui-même. Cette liberté s’appelle laïcité et c’est notre Trésor national.
Caroline Yadan,
Députée (Renaissance) de la 3ème circonscription de Paris, membre du Laboratoire de la République
Caroline Yadan est intervenue le 13 avril 2023 lors du Débat transpartisan “Laïcité et Constitution” organisé par Geoffroy Boulard, Maire du 17ème arrondissement de Paris, et Patrick Pilcer, en tant que Secrétaire Général de la Fédération de Paris du Parti Radical.