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09H16 - mercredi 19 avril 2023

La dignité et le respect de la vie à la mort : et la représentativité politique dans tout cela ? La chronique belge de Didier Jacques

 

Deux certitudes nous étreignent durant toute notre vie : on naît, on meurt. Et pourtant, nous n’avons de cesse de l’oublier. S’associent à cet oubli semble-t-il la dignité et le respect durant cette belle aventure qu’est la vie.

Envers et contre tout, Mahatmat Ghandi, le sage de la non-violence refusant l’oppression, promouvant des valeurs encore vivaces aujourd’hui, faisait preuve de courage silencieux et de dignité en toute circonstance. « Colère et intolérance sont les ennemis d’une bonne compréhension », disait-il.

Kant, le maître des lieux, prône le respect de la loi tout autant que le respect de la personne qui pour lui ne font qu’un. La dignité humaine est une valeur absolue.

Mandela, le revenant du juste et du mauvais moment, champion de l’humanité malgré lui, prétendait ne jamais perdre. Sans gagner il apprenait.

Célébrée au Palais de Chaillot en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme consacre la liberté, l’égalité et la dignité. Des idéaux bien sûr mais néanmoins. Où en est-on dans tout cela ? Avons-nous évolué un tantinet ? Dignité ou respect, respect ou dignité ? Cela autorise-t-il tout comportement extrême ?

Outre-Quiévrain se maintient quelque peu au-dessus des invectives et des vilipendes, une crise d’apoplexie n’étant jamais à exclure sur un plateau télévisé. Nous avons aussi inventé le kern réunissant les quelques Ministres capables de s’occuper des sujets plus sérieux, pas de commentaires.

Et patatras dans la Patrie des Droits de l’Homme, injures, abandons de postes en pleine Assemblée Nationale qui devient au sens propre et figuré une salle de jeux et de débats personnels, les retraites en étant l’excuse dont tous devraient se préoccuper – non du quoi mais du comment.

Le SMIC par exemple, cette ambition utopique, s’est invité dans le débat sur les retraites alors qu’est tant critiqué le salaire minimum en Allemagne apparemment indigne ; le SMIC n’étant pas une ambition en soi, en tout cas je l’espère, on est en droit de s’interroger sur sa validité à la retraite, qui plus est avec un caractère plafonné à 1.200€ brut mensuel (essayez) et une taxation égale à celle du travail. Nous nous souvenons sans doute tous que la taxation des revenus n’existe qu’une fois, une bonne blague belge probablement.

La dignité de vivre exclut-elle la dignité de travailler, de s’épanouir dans ce travail et de bénéficier monétairement de la sueur de son front ? Pourquoi d’ailleurs cette aversion systématique à la réussite et à l’argent, sauf s’il s’agit de subsides en tout genre ? La dignité de mûrir sans être qualifié de vieux – on est toujours le jeune et le vieux de quelqu’un – implique l’expérience et le modèle transmis de génération en génération sans être décrié. Peut-être la mémoire nous fait-elle défaut car même si à un certain moment nous nous sommes rebellés vis-à-vis des anciens, l’insulte voire le dédain et le dictat ne se sont jamais invités voire institutionalisés comme aujourd’hui. La dignité de vieillir, car oui cela nous arrive à tous, avec la capacité de conserver ses facultés, son toit, son bien-être, la proximité de sa famille et de ses proches.

Déjà il y a des décades, la Sécurité Sociale ne couvrait que peu ou prou le coût d’un EHPAD. Aujourd’hui, un ORPEA (Ouverture, Respect, Présence – excusez du peu) est devenu inaccessible pour la plupart, sans compter avec cette fameuse retraite plafonnée au SMIC. La mutuelle semble aussi caduque puisque trop chère donc de plus en plus abandonnée.

Soyons honnêtes, l’Etat s’attend à ce que la génération actuelle, qui vaille que vaille supporte déjà ses enfants, finance aussi ses parents. Adéquation difficile s’il en est. Le dire serait honnête.

Dès lors, l’Assemblée Nationale et l’ensemble de la classe politique et médiatique française, comme dans beaucoup de pays, se sont trompés de débat.

Il s’agissait ici de la nécessité absolue d’une réforme en profondeur réconciliant dans la dignité et le respect, l’inéluctable, la valeur du travail, la liberté de chacun de travailler, de se mouvoir et d’entreprendre, la création de valeur dont le principal vecteur est le revenu, le mirage que représentent la foire aux subsides et les déclarations non supportées par des évidences macro-économiques solides et démontrées.

Alors nous serons égaux et libres, y inclus les politiciens – qu’ils ne l’oublient pas !

Et puis zut flûte, je retourne à mes mots croisés, les échecs c’est trop dur.

 

Didier Jacques

Francophone et francophile, Didier a parcouru le monde avec curiosité et enthousiasme, à la fois pour son métier et pour son plaisir. Sa formation d’ingénieur à Liège (Belgique) a été complémentée par un MBA Finance à l’Université de Chicago dont l’approche basée sur faits est largement reconnue. Comme pour tous les Belges, la France et ses valeurs sont un baromètre culturel et socioéconomique observé plus qu’attentivement.