Article paru le 24 janvier 2023
Le Conseil des Affaires Étrangères de l’Union Européenne, composé des ministres des affaires étrangères des 27, réuni à Bruxelles lundi 23 janvier 2023, n’a pas pour le moment donné suite à l’inscription du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique d’Iran (IRGC) sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne, et ce, malgré les dizaines de milliers de citoyens européens qui se sont déplacés à Strasbourg la semaine dernière pour appuyer la résolution qui demandait une telle mesure, votée très largement par le Parlement Européen le 19 janvier dernier.
Les Etats-Unis et le Canada ont pourtant déjà mis l’IRGC sur la liste des organisations terroristes depuis plusieurs années. Le Royaume-Uni et l’Australie envisagent d’en faire autant.
Cette mesure est indispensable alors que le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique est aujourd’hui le fer de lance de la répression sanglante à laquelle la population iranienne fait face depuis des décennies mais plus particulièrement depuis le déclenchement de la révolution Femme Vie Liberté et l’assassinat de Mahsa Amini le 16 septembre 2022.
Les sanctions prises le 23 janvier par l’UE contre 37 nouveaux dirigeants iraniens (dont le ministre iranien des Sports et de la jeunesse Seyed Hamid Sajjadi Hazaveh pour « les pressions exercées sur les athlètes ») sont une mascarade au regard des 10.000 personnes visées par les sanctions prises par le Canada. En comparaison, les trois trains de sanctions pris par l’Union Européenne depuis mi-septembre n’ont permis de sanctionner à ce jour que soixante personnes impliquées dans ces graves violations des droits de l’homme.
Cette réunion de l’UE à Bruxelles, de même que la cérémonie et le Conseil des ministres franco-allemands tenus le 22 janvier à Paris qui n’ont même pas évoqué l’Iran, resteront comme des occasions manquées de mettre la pression sur le régime des mollahs.
Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, a déclaré le 23 janvier, pour justifier cet « attentisme » européen : « c’est quelque chose qui ne peut être décidé sans un tribunal. Une décision de justice est nécessaire ». Et d’ajouter : « Cela doit être fait lorsqu’un tribunal d’un État membre émet une déclaration juridique, une condamnation concrète. »
L’inscription sur la liste des organisations terroristes peut être proposée par tout Etat membre de l’Union Européenne. C’est pourquoi nous demandons notamment à la France – dont des médias libres et indépendants sont menacés par Téhéran – à l’Italie et l’Allemagne qui, avec Paris, ont eu le courage de convoquer leurs ambassadeurs et chargés d’affaires respectifs, et à tous les pays épris de liberté et soucieux d’entendre la voix des citoyens exprimée par le Parlement Européen, de prendre leurs responsabilités et d’annoncer au plus vite le lancement du processus d’inscription des Gardiens de la Révolution sur la liste des organisations terroristes de l’UE, entre autres mesures dissuasives qui pourraient être prises à l’instar de ce que la communauté internationale a su imposer à la Russie de Poutine.
Le peuple iranien a besoin de l’aide de la communauté internationale : combien faudra-t-il d’exécutions, de condamnations à mort, combien de milliers d’arrestations arbitraires supplémentaires pour que les dirigeants politiques et économiques en Europe et dans le monde, comprennent que le succès de la Révolution Femme Vie Liberté dépend notamment de la mise au ban des nations du régime des mollahs ?
Signataires :
Michel TAUBE
Engareh ALIREZAÏ, chef de rubrique « Iran, c’est une Révolution »
Association ACFIM – Association Culturelle Franco Iranienne de Montpellier
Association FICAME – Festival indépendant cinéma et des arts du monde Exilé (Salon-de-Provence)
Association Soulèvement National Iranien (Toulouse)
Collectif Femme Azadi
Collectif Femme, Vie, Liberté – Gironde
Collectif Femme Vie Liberté – Lyon
Collectif femme, vie, liberté – Montpellier
Collectif Femme Vie Liberté – Nice
Collectif Iran Aix-Marseille
Collectif Neda d’Iran
Collectif de Solidarité avec le peuple Iranien (Strasbourg)
Queers and feminists for Iran liberation
Notre Voix Pour l’Iran (Lille)
ALIREZAÏ Mohsen, médecin
BENHAMOU Christelle, agrégée de Mathématiques
BOISSON Daniel, ingénieur
DJALALI Omid, Normalien, agrégé de philosophie
DJAVAHERY Javad, auteur
DRAN Dominique, Cadre de Banque
ELBESHLAWY Yasser, retraité
FARES Samer, ingénieur agroalimentaire
FARES Sara, Média Marketing
FARSI Sepideh, cinéaste
GASSER Monika, artiste plasticienne
GUILLET Ingrid, institutrice
HAYEK Imad, Directeur de projet, BTP
HAZEGHI Kouroche, retraité
JAVDAN Hamidreza, acteur
LOTFALIZAFEH Hessein , chef d’entreprise
MAZARI Parissa, ingénieur en informatique
MIRSHAHI Massoud, M.D, Ph. D, Professor
MOALLEMI Shima, Enseignement supérieur
NELIS Nathalie, Directrice des Ressources Humaines
NOROUZIAN Giti, artiste et professeur d’université
SCHENKER Eric, artiste
SHAKERI Morteza, chef d’entreprise
TAYEB Alireza, chef d’entreprise
TEXIER Farima, photographe indépendante
YECHE Aurélie, Pharmacienne
ZIA FATHY Farzaneh, cheffe d’entreprise