Edito
12H02 - mardi 12 avril 2022

Anti contre anti, rejet contre rejet, haine contre haine, système contre antisystème, Macron contre Le Pen. L’édito de Michel Taube

 

En principe, on choisit au premier tour et élimine au second. Mais la dictature des sondages a encouragé le vote utile immédiat. Tous les candidats, même Éric Zemmour et Valérie Pécresse que l’on voyait au second tour, voire à l’Élysée il n’y a pas si longtemps, en ont payé le prix fort. Ce fut aussi le cas de Yannick Jadot, qui n’a pas encore compris que l’écologie doit être écologique, et non de gauche, a fortiori d’extrême gauche comme le sont presque tous les cadres de son parti, le condamnant au statut groupusculaire : dimanche soir sur les plateaux de télévision, Sandrine Rousseau rougeoyait à la défaite cuisante de son rival.

Dès le soir du premier tour, des échauffourées ont éclaté dans plusieurs villes, en particulier à Rennes et Lyon. Une certaine extrême gauche ne supporte pas la défaite de son candidat, ni de vivre dans une France où le libéralisme maastrichtien n’a comme opposition que le nationalisme, pourtant de gauche puisqu’économiquement Marine Le Pen n’a jamais été aussi proche de Jean-Luc Mélenchon. Leur méthode : raser gratis et tondre les riches.

Au lendemain du premier tour, les réseaux sociaux suintaient de haine, celle d’Emmanuel Macron en particulier, portée par les extrêmes droite et gauche. Le sortant, au piètre bilan sur les questions régaliennes et la défense de la laïcité (dernier épisode : l’acceptation du hidjab dans le sport), met certes de l’huile sur le feu, en jouant du « moi ou l’extrême droite ».

Ce sera donc « Tous contre Macron » vs « Tous contre Le Pen ». À moins que les candidats ne parviennent à nous enchanter par leur programme d’entre deux tours, sortant de leur chapeau magique la formule que nous n’avons pas encore entendue. Un recul de Macron sur l’âge de la retraite à 65 ans ? Le refus de Marine Le Pen de s’afficher avec Zemmour ?

Sur le plan identitaire et sécuritaire, le décalage entre les discours et les actes est tel qu’Emmanuel Macron ne pourra s’acheter une crédibilité en quinze jours. De même, Marine Le Pen risque de buter une fois de plus sur les incohérences voire les béances de son programme économique et l’effet dévastateur qu’aurait son élection sur le rang de la France en Europe et dans le monde.

Anti contre anti, rejet contre rejet, haine contre haine, système contre antisystème, Macron contre Le Pen, sous les yeux d’une gauche plus extrême et radicale que jamais. Les Français ont besoin d’apaisement et de cohésion pour affronter un avenir immédiat incertain et périlleux.

De Macron et Le Pen, c’est peut-être celui qui saura le mieux leur redonner confiance et espoir qui l’emportera.

 

Michel Taube

Directeur de la publication