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11H00 - lundi 20 décembre 2021

Le permis à points : une virgule politique

 

La politique est en roue libre, même si elle fut interpellée par les Gilets Jaunes aux ronds-points où elle dut freiner.

 

Un des symboles de la mort du politique tient aux lois – appelons-les « mesurettes » – qu’elle invente, non pour améliorer la société, mais pour prélever le plus d’argent possible aux citoyens sans donner l’impression d’augmenter les impôts.

Pour mémoire, autrefois – il y a longtemps – les maîtresses et les maîtres  de l’école primaire, à savoir les instits[1] – donnaient des « bons points » (BP) aux enfants pour les motiver dans leur capacité à apprendre ou comprendre une leçon ou à bien réciter un poème. Au bout d’un certain nombre de bons points ( en général 10 et non 12), l’élève studieux se voyait remettre une image qui le récompensait de son attitude positive en classe ; mais il pouvait aussi utiliser ses bons points pour être libéré d’une punition. Le BP constituait ainsi une source efficace de motivation et de liberté pour l‘enfant scolarisé. Même le cancre souhaitait en obtenir !

Aujourd’hui, il semble que, depuis la fin des années 90, les bons points n’existent plus. En revanche, les mauvais sont apparus sous François Mitterrand, président sous lequel fut abolie la peine de mort, en 1981, et également créé le permis à points, onze ans plus tard en 1992. La gauche croit faire le bien quand elle crée le mal. Pour mémoire, le socialisme fit 100 millions de morts dans le monde sur la base d’une bonne intention ( l’égalité, la fin de la pauvreté, etc.). L’abolition de la peine de mort s’est accompagnée d’une augmentation des suicides en prison ! En termes de notes, le socialisme vaut 0/20. Il ne mérite ni un point ni, of course, une belle image.

 

Il semblerait qu’au XXIe siècle dans ce pays qui s’appelle la France, certains instits donnent encore des images et certains accordent un ou des « privilèges » à certains élèves qui ont bien répondu aux questions ou/et qui se sont révélés exemplaires lors d’un cours. C’est ainsi que le maître ou la maîtresse – tel un Roi ou une Reine! – qui accorde un privilège à un enfant offre, par exemple, à l’élève le privilège de lui recopier la leçon à sa place alors que les autres élèves doivent dans le même temps recopier eux-mêmes ladite leçon que l’instit a écrit au tableau.

Il semblerait également que dans certaines écoles, aujourd’hui, des instits transfèrent le système des permis à points dans le système scolaire. Dans leur classe, l’élève part ainsi avec un capital de points qui diminue en raison de son attitude d’inattention aux cours ou de l’impertinence des réponses qu’il adresse aux questions de ladite maîtresse ou dudit maître. Dit autrement, ces instits transfèrent dans l’école un système inverse à celui qui y régnait autrefois : mais un tel « instit » semble à la mode ; il est ton sur ton avec la soft dictature actuelle qui se présente comme une démocratie.

 

Ainsi, non seulement le permis à points se trouve à l’opposé de l’esprit de récompense qui anima les classes des écoles pendant moins d’un siècle (le XXe siècle, qui marqua des points), mais il fait du XXIe siècle celui qui pique des points (ce début du XXIe siècle ne restera pas une belle époque dans l’Histoire de France qui s’enseignera à l’école ; il passera plutôt pour un nouveau Moyen Âge qui aura fait des « points », des Ponts levis limitant la présence des véhicules dans les centres-villes en raison de ce permis débile qui permet (de rouler) de moins en moins,  puisqu’il cherche à empêcher (de rouler toujours) de plus en plus.

 

Ce début de siècle perd des points. Dans quelques années , il sera à zéro, voire négatif !

Faut-il un gros QI pour comprendre que ce genre de permis a pour but d’interdire plus que d’autoriser ? Pourquoi l’appeler « permis » ? Ne devrait-on pas le redéfinir et le renommer ? Il devient une autorisation de conduire limitée et plutôt que permis il faudrait le rebaptiser « Contrôle de la conduite ».

Est-il souhaitable de voir dans un pays dit « démocratique » des policiers cachés dans des endroits propices (ligne droite limitée à 50km/h) pour prendre de l’argent et des points afin de piéger et de culpabiliser des citoyens normaux, mais pressés, dont le QI est supérieur aux abrutis qui ont inventé un tel permis ( présent dans les pays de l‘Union européenne) ainsi qu’aux policiers qui les arrêtent ? Ne vaudrait-il pas mieux que cette police, au lieu de pomper les citoyens et de les démoraliser, se mette en recherche de terroristes capables de tuer des citoyens qui ont encore leurs 12 points ? L’augmentation du nombre de radars fournira à ces pseudos-démocraties l’occasion de faire une autre économie en recrutant moins de policiers et en regardant fleurir le terrorisme : tel est le quasi-point final de ce permis à points qui suppose que les conducteurs gagneront à être plus cons que ducteurs[2].

Le citoyen postmoderne redevient un serf : sauf qu’au lieu de payer la taille et la gabelle, il file des points sans être rebelle. Le nouveau roturier est là, bouffé par cette dictature des points.

Dernier point : ce permis à point est le symbole et le symptôme de l’effondrement de la démocratie au profit du règne de la comptabilité. Ce pays n’est plus celui de la récom-pense : il est devenu le pays (et donc l’Europe) de la dé-pense ! Notons que le seul candidat à la présidentielle qui propose de supprimer le permis à points se nomme Eric Zemmour, patronyme qui rime avec l’amour là où le permis à points rime avec le moins. Point.. final !

 

Emmanuel Jaffelin,

Philosophe,  conférencier, auteur de l’Eloge de la Gentillesse, et des Célébrations du bonheur et d’une Archéologie du Rond-Point.

 

 

A noter : En Autriche, pays de Mozart (Salzbourg) et de Hitler (Braunau), le permis se limite à 3 points. En Bulgarie, pays de Sylvie Vartan, le permis comprend 39 points. Bonjour, l’homogénéité de l’Europe. Quitte à être européens, soyons Bulgares et, comme le chantait Sylvie : Venez danser tous le locomotion !

[1]Instits a le mérite d’inclure institutrices et instituteurs

[2]– Substantif masculin qui vient du latin ductor qui signifie chef

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