Outre-Mer
06H21 - jeudi 16 décembre 2021

Échec des négociations en Guadeloupe : Où donc est l’Etat ?

 

La Guadeloupe s’enlise dans un dialogue de sourd et de nouveaux blocages sont annoncés pour ces jours-ci.

Il ne suffit pas d’ouvrir des « ateliers » de négociations sans la présence des représentants de l’Etat entre élus du Département et de la Région et le Collectif des Syndicats, pourtant bien consolidés et donc solidaires, qui avaient posé un préalable ingérable sur le règlement de la situation des personnes suspendues pour des questions de désobéissance sanitaire, et encore moins de ceux ayant mis à mal l’ordre public.

Finalement la rencontre a tourné court, faisant naître une sorte de complicité entre ces élus et le Collectif déçu, même si les syndicats revendiquaient tout de même l’obligation des discussions sur l’essentiel : les retards sociaux accumulés par les Guadeloupéens, le retard dans les équipements, notamment liés à la Santé, le niveau de vie des départements.

Les élus se sentant « lâchés » par les dirigeants de l’Etat ont préféré spectaculairement refuser d’entamer des discussions, faute d’avoir avoir en face d’eux les représentants compétents. Certaines décisions ne peuvent être prises par des élus locaux.

En conséquence, le Collectif, ne lâchant rien, renforce sa mobilisation et, avec colère,  appelle ses militants et même sympathisants à durcir la position sur le terrain : au nom du Collectif, Jean Marie Nomertin, CGTG, prévoit une Manifestation ce jeudi 16 décembre devant le Tribunal pour soutenir des manifestants coupables de violences, un Meeting également le même jour à 18h à Pointe-à-Pitre, une marche samedi 18 décembre dans certaines communes, et même des projets de grève dans certains établissements commerciaux, des Banques entre Noël et la fin d’année.

Et on va laisser faire cela ? Sans que le gouvernement ne réagisse vite pour prendre en compte toutes ces revendications, dont la plupart sont certes justifiées ? En effet, trouve-t-on digne de notre pays de laisser des départements disposer de l’eau seulement 2 jours sur 5 ? Est il normal que des scolaires soient privés d’école « un mois et demi par an » , faute d’approvisionnement en eau dans les écoles ? Et ce n’est qu’un exemple. Les hôpitaux sont ils seulement en état de fonctionnement à plein, même s’il n’ y avait pas de Covid ?

Il y a urgence à déclencher ce fameux « Grenelle des Outre-mer » au plus haut niveau et avec toutes les parties concernées et que nous appelions de nos vœux dans les colonnes d’Opinion Internationale. Faut-il que ce soit M. Jean-Luc Mélenchon, bien accueilli hier soir en Guadeloupe avec deux députés de la France Insoumise, dont Mme Mathilde Panot, qui résume avec discernement d’ailleurs les besoins urgents que l’Etat doit traiter.

Mais qu’attend-on pour comprendre que les avis exprimés sont aussi ceux de la grande majorité des Guadeloupéens qui pour autant ne cautionnent pas le désordre et les violences commises ? A qui le tour ? A la Martinique, à la Guyane, à la Réunion, à Saint Martin , à Mayotte ?

Il y a urgence d’agir et de dialoguer !

 

Alain Dupouy

Chroniqueur Opinion Internationale