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09H47 - mercredi 21 avril 2021

« Mettons l’intelligence artificielle au service de l’égalité femmes – hommes » : le combat de Cristina Lunghi et d’Arborus

 

Ce mercredi 21 avril 2021 au ministère français de l’Économie à Bercy, la Charte internationale pour une Intelligence Artificielle inclusive fêtera son premier anniversaire au cours d’un événement.

 À l’origine de cette Charte, Cristina Lunghi, présidente de l’association Arborus qu’elle a fondée en 1995 pour la promotion des femmes dans la prise de décision. Ce premier anniversaire est organisé sous le haut patronage du secrétaire d’État à la transition numérique Cédric O, Élisabeth Moreno, ministre de la République française chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, de Delphine O, Ambassadrice et Secrétaire Générale du Forum Génération Égalité (prochaine Conférence mondiale de l’ONU sur les femmes qui doit se tenir cet été en France), et de Nicole Ameline – membre du CEDAW-ONU.

En vingt-cinq ans de travail à la tête de son association, Cristina Lunghi a développé une expertise unique en termes d’égalité des chances à l’embauche et dans le travail, et en a fait profiter de nombreuses entreprises en France, puis à l’étranger. Elle a aussi contribué à la mise en place du Label égalité en France, pour Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l’Égalité, sous Jacques Chirac. Un label dont groupes et sociétés apprécient aujourd’hui de pouvoir se réclamer. Plus tard encore, elle a lancé la certification internationale GEEIS, Gender Equality European & International Standard qui intègre une méthodologie adaptée à toutes les entreprises – quels que soient leur taille, leurs secteur et pays d’activité –, qui les accompagne dans le changement, leur permettant de déconstruire les stéréotypes, d’établir de la mixité à tous les niveaux et dans tous les métiers, et d’instaurer l’égalité.

Lorsque nous l’appelons, elle nous informe de la demande d’adhésion, le matin même, d’un 42e pays, le Portugal, à la charte internationale. Une victoire dont elle se réjouit.

Nous l’avons interrogée sur ses motivations premières, ainsi que sur l’évolution et l’essor de son activité depuis son lancement.

 

Opinion internationale : Vous vous êtes engagée pour l’égalité femmes hommes en entreprise bien avant la loi Copé Zimmermann. Pourquoi avoir choisi ce combat ?

Cristina Lunghi : J’avais conscience de vivre dans un système de domination masculine qui avait montré ses limites. Un rééquilibrage en la matière m’est apparu essentiel pour que le monde aille mieux, pour que l’humanité ait une chance d’avenir. C’était une démarche positive. Pas une déclaration d’hostilité. Or on peut constater que la situation s’est dégradée en vingt-cinq ans. L’insécurité, qu’elle soit géopolitique ou climatique, s’est aggravée. Pour moi, les inégalités entre sexes, catégories sociales, pays, sont à l’origine des dysfonctionnements de nos sociétés. Et elles se sont encore creusées ces dernières années. L’égalité est plus que jamais une nécessité. Ce n’est pas un petit sujet. L’égalité ne se trouve pas par hasard entre la liberté et la fraternité, dans la devise de notre république. Elle est le pilier de l’édifice. Sans égalité, il n’y a ni liberté ni fraternité qui tienne.

 

Mais pourquoi se concentrer sur l’entreprise ?

Parce que le monde de l’entreprise est pragmatique. Il est régi par la notion de profit. Aussi, sa vision est stratégique. Le monde de l’entreprise a compris combien l’égalité lui est profitable. J’ai donc pu, dans ce contexte, développé des outils méthodologiques très professionnels, pragmatiques, complets, faciles à mettre en place, quoi qu’extrêmement exigeants, qui fournissent un tableau de bord aux entreprises parfaitement adapté à leurs besoins.

 

En quoi l’intelligence artificielle a-t-elle un rôle à jouer en matière d’égalité ?

Avec le groupe Orange, leader de ce marché en Europe et en Afrique, nous avons pris conscience que l’intelligence artificielle pouvait générer de la discrimination. Par exemple, lorsqu’un grand groupe recrute, il reçoit des milliers de CV. Il n’est pas possible de les traiter manuellement. Donc on fait appel à un algorithme. Sauf que les algorithmes fonctionnent avec les données qu’il a reçues. Si à certains postes les hommes jeunes sont majoritaires, l’algorithme aura tendance à automatiquement éliminer les femmes et les personnes d’un certain âge. Son choix sera donc biaisé. Discriminatoire. Pareil avec les serveurs vocaux qui reconnaissent mieux les voix d’hommes que de femmes. Donc, il faut retravailler les algorithmes. Il y a un virage essentiel ici à ne pas manquer.

 

Et cette cérémonie sur l’An I de la Charte, en temps de crise sanitaire, de quoi aura-t-elle l’air ?

C’est un événement digital. Pour ma part, je serai à Bercy, en tant que maîtresse de cérémonie. Il y aura beaucoup de vidéos, de madame Moreno, entre autres, des témoignages d’entreprises. L’idée est de célébrer ce qui a été réalisé en cette première année, de communiquer, communiquer le plus possible, pour sensibiliser un large public à cette problématique. Nous avons besoin de mobiliser. En effet, au regard de l’immensité du terrain à gagner, les avancées de cette année, bien qu’importantes, ne représentent qu’un petit pas.

 

Propos recueillis par Catherine Fuhg

 

 

 

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