Moyen-Orient
08H50 - mardi 23 février 2021

Covid en Israël : une loupiote au bout du tunnel

 

Après des restrictions sévères, depuis l’instauration d’une quatorzaine obligatoire à l’entrée sur le territoire, jusqu’à la fermeture hermétique (quasiment) de l’espace aérien depuis le 26 janvier – les vols internationaux devraient reprendre le 6 mars -, en passant par trois confinements et de multiples cafouillages de leur gouvernement, tant en matière de gestion que de communication, il semble que les Israéliens peuvent oser commencer à croire à une sortie de la crise. « Il semble », « peuvent oser », « commencer », vous sentez certainement dans ces précautions de langage la prudence qui m’anime. C’est que, à l’occasion de la Covid 19, j’ai appris à mettre au rencard mes plans sur la comète et autres certitudes. Cette crise m’a infligé de douloureux enseignements. Et pas seulement à moi d’ailleurs. En effet, j’ai noté, au cours de mes nombreux échanges virtuels avec mes amis, parents et connaissances, la récurrence inquiétante de cette formule fataliste : « On verra »…

Cependant, force est de reconnaître qu’on aperçoit en Terre sainte une loupiote au bout du tunnel.

Au bout d’un mois et demi de confinement général, la première vague s’avérant relativement clémente – les pays d’Europe déploraient des dizaines de milliers de morts, et Israël moins de trois cents –, les dirigeants du pays décident la réouverture progressive de l’économie. À la fin mai 2020, hormis les salles de spectacles, théâtres et cinémas, tout fonctionne normalement, si l’on omet les règles de distanciation sociale ainsi que le port du masque dans tout espace public. Pourtant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu regrettera a posteriori cette décision qu’il juge hâtive. À peine le déconfinement avait-il commencé que la seconde vague déferlait, surprenant la population par sa violence soudaine.

Critique, à juste titre, à l’égard de la gestion erratique de la crise – tout en ordres, contre-ordres et désordres – par des politiciens coincés entre intérêts économiques et exigences sanitaires, le peuple israélien se montre maintenant dans l’ensemble plus confiant, car rassuré par le succès de la campagne de vaccination, menée tambour battant depuis le 20 décembre.

À ce jour, dans l’État hébreu, qui compte 9 millions d’habitants, plus de 3 millions de personnes sont pleinement vaccinées, dont 80 % des soixante ans et plus. Et plus de 4,4 millions ont reçu la première injection. Les groupes à risque étant désormais protégés, les autorités appellent toute personne de plus de 16 ans à se faire vacciner. Avec pour objectif l’immunité collective, la direction de la santé prévoit de lancer bientôt, dès qu’elle sera autorisée, la vaccination des enfants à partir de l’âge de 6 ans. À la veille de Pourim, une fête célébrée d’ordinaire dans la joie et la convivialité, les responsables sanitaires s’inquiètent. Aussi, les grands rassemblements ont-ils été interdits. Et ceci quelques jours seulement après le début d’un nouveau déconfinement. Les Israéliens, fatigués par une année de restrictions, renonceront-ils sagement à leurs bals costumés ?…

Enfin, la semaine passée, le nombre de communes en zone rouge – aux taux de contamination élevé – est tombé presque de moitié (de 85 à 46), et les nouveaux cas « positifs » ont sensiblement diminué, communiquait mardi le ministère de la Santé, sans pour autant prétendre que la troisième vague est passée. Pas une victoire, mais un espoir.

Ainsi, l’épidémie reculerait en Israël. Cependant, à en croire les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, publiés mercredi, le 17 février, c’est le cas partout dans le monde : le nombre de nouvelles contaminations y aurait, en sept jours, chuté de 16 %. Qu’est-ce à dire ? Israël, cité partout en exemple pour son action anti-Covid, en serait donc au même point que les pays dont les campagnes vaccinales sont un flop ? Les spécialistes ont-ils manqué des inconnues dans l’équation de leurs courbes et prévisions ? Le virus reprend-il la main pour nous envoyer un message ? Du genre : « C’est moi qui décide » ?…

Pour ne pas vous laisser dans la perplexité, je terminerai sur un chiffre qui en fera sourire certains, la fameuse Schadenfreude* : 522 000. C’est le nombre de contraventions distribuées en Israël par la police pour non-respect des directives du ministère de la Santé en une année de pandémie. 522 000 ! Celui de l’Angleterre pendant la même période est de 30 000 seulement – un rapport dix-sept fois moins, pour une population sept fois plus importante.

 

Catherine Fuhg

 

 

 

 

 

 

 

* Petite joie malveillante 

 

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