Santé / Covid
10H48 - mercredi 14 octobre 2020

Pourquoi la France ne veut-elle pas de chiens renifleurs du Covid-19 ? L’édito de Michel Taube

 

Le Covid-19 étant un coronavirus parmi de nombreux autres, il est une profession qui connaît bien ces virus et qui, dès le déclenchement de la crise sanitaire, a proposé de son aide au gouvernement français : les vétérinaires. La réponse de l’Etat fut évasive et au final ils n’ont pas été associés à la politique de santé publique.

Dommage d’autant que les abattoirs sont parmi les principaux foyers de clusters géants partout dans le monde. Des recherches pointues auraient dû être déclenchées dans cette voie pour tenter de comprendre ce virus.

Il n’en demeure pas moins qu’ill existe une méthode de dépistage donnant un résultat instantané, avec une exactitude d’au moins 95 %, sans avoir à trifouiller dans vos narines : le chien renifleur.

Un essai de quatre mois vient de débuter à l’aéroport d’Helsinki avec dix chiens formés par la start-up finlandaise Wise Nose Academy, chargés de détecter la contamination de voyageurs venant de l’étranger. La méthode est respectueuse de la dignité des personnes, qui ne sont pas directement reniflées par les chiens, comme cela peut se faire en matière de lutte contre le trafic de drogues. Au contraire, les passagers sont invités à recueillir un peu de sueur sur un bras au moyen d’un tissu en papier jetable qui est ensuite reniflé par les chiens. Les cas positifs sont ensuite pris en charge par les autorités sanitaires, ce qui permet notamment leur isolement.

En Finlande, le gouvernement fait confiance à ses start-up. En France, il n’écoute que son administration ou les institutions qui en dépendent. Alors que des chiens renifleurs de Covid-19 sont entrainés en Corse depuis le mois d’avril dans le cadre du programme Nosaïs, l’Académie de médecine veut « compléter l’évaluation scientifique ». C’est absurde ! Nous étions précurseurs au printemps et à la traîne à l’automne. En Finlande, la validation de l’essai se fait sur le terrain, à l’aéroport, ce qui est la conséquence d’un taux de détection dont on sait déjà qu’il est très proche de celui du test PCR, comme en atteste même une étude française.

Mais que faut-il donc pour satisfaire l’Académie de médecine ? Un taux de 100 %, qui n’est d’ailleurs pas atteint par le test PCR ? Selon la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Helsinki, la fiabilité du dépistage canin serait très proche de ce taux de 100 %, même sur des personnes asymptomatiques. La truffe du chien serait en définitive supérieure à celle des réactifs de laboratoire, d’autant plus qu’une infime quantité de sueur lui suffit pour établir son diagnostic. Quand on sait que dans le meilleur de cas, il faut en France 48 heures pour obtenir le résultat du test PCR, que ce délai atteint souvent 8 à 10 jours, sa fiabilité tend vers zéro ! On gaspille une fois de plus l’argent public sans protéger la population, car entre le test et le résultat, personne ne peut accepter de s’isoler toute une semaine.

Pour les chiens renifleurs comme pour les tests salivaires (et avant les masques, les respirateurs…), la bureaucratie et les avis frileux ou contradictoires de scientifiques qui ne peuvent accepter qu’une innovation n’ait reçu leur onction sacrée préalable sont autant de boulets qui entravent la lutte contre l’épidémie. Veut-on vraiment n’avoir le choix qu’entre l’effondrement économique et social (le confinement), et le bilan humain catastrophique suite à la saturation du système de santé ?

Déployer des chiens renifleurs dans les lieux stratégiques, en commençant par les aéroports, devrait être une priorité absolue, d’autant plus que nous avons les compétences pour les former et que plusieurs animaux n’attendent que d’exercer leurs talents. Notre pays est encore plus malade de sa bureaucratie que du Covid-19. Il n’est pas nécessaire de recourir à des chiens renifleurs ou à des tests de laboratoire pour en avoir le cœur net. 

 

Michel Taube

 

 

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