Edito
15H45 - lundi 16 mars 2020

Où sont donc les masques ? L’édito de Michel Taube

 

 

Certains faits sont-ils masqués ? En tout cas, ce sont les personnes qui devraient l’être. Ce matin, un médecin se présente avec un masque et des gants sur le plateau de Jean-Marc Morandini, sur Cnews, expliquant que même à 1,5 mètre de distance, il pourrait recevoir des postillons de son vis-à-vis. Ce discours ne cadre pas avec le message officiel : un mètre de distance serait suffisant (ce que personne ou presque ne respecte) et les masques serviraient uniquement à éviter que l’on contamine les autres. En Chine, où l’épidémie semble avoir été endiguée, le port du masque était obligatoire pour toute la population, en zone de contamination.

Emmanuel Macron écoute son Conseil scientifique, quand bien-même ses avis seraient contraires à ceux de nombreux autres spécialistes français ou étrangers. Sans doute le Conseil scientifique des années 1980 avait rassuré le Président François Mitterrand en lui disant que le nuage radioactif échappé de la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl contournerait la France. On ne rassure pas la population en lui mentant. Au contraire, c’est ce type de mascarade qui peut générer la panique.

Dans le monde entier, tous les personnels soignants sont équipés de masques pour se protéger (et pas seulement pour protéger leurs patients, comme on a voulu nous le faire croire en France). Mais même pour les professionnels de santé, les équipements, dont les masques, sont en nombre insuffisant. Ici, on nous a raconté que porter un masque ne servait à rien contre le coronavirus. Normal, car on n’en a quasiment pas. Va-t-il falloir compter sur la solidarité de la Chine pour en avoir ?

Les personnes qui circulent dans le métro devraient obligatoirement porter un masque ou s’en faire remettre un. Ne pas le faire, c’est de la non assistance à personne en danger ! Et pourtant, on entend encore certains professionnels de santé raconter sur les plateaux de télévision que ces fameux masques ne doivent être destinés qu’à eux. Qu’ils soient prioritaires, cela se conçoit. Que le masque ne soit efficace – et donc utile – que pour eux l’est bien moins.

On peine aussi à comprendre comment la sixième puissance économique mondiale n’est pas en mesure de faire tourner toutes ses usines jours et nuits pour fabriquer en urgence des masques pour toute la population. Encore un loupé de notre administration. Mais les Le Pen, Mélenchon et autre Jacob ne peuvent que se taire et raser les murs. Ils ont fait des pieds et des mains pour maintenir les élections municipales (avant de faire bloc pour reporter le second tour). Ils en partagent la responsabilité avec l’exécutif et le fumeux Comité scientifique. 

Mais il est déjà tard. Nous avons perdu tellement de temps, mettant en péril d’innombrables vies. Nous sommes entrés dans une situation de guerre, qui peut faire des dizaines (certains scientifiques sérieux parlent de centaines) de milliers de morts (taux de contamination X taux de mortalité), rien qu’en France. Ce chiffre est si effrayant que personne n’ose l’énoncer. La fake news, ce n’est pas de dire que ce risque existe, mais de le nier en accusant ceux qui l’évoquent de diffuser la peur. Les virologues étrangers ne sont pas des demi-experts ou des faux sachant. On préfère se dire qu’à ce jour, le Covid19 n’a tué que 127 personnes, des «vieux» surtout, et qu’il faut bien continuer à vivre… En France, nous sommes décidément bien plus intelligents que les autres.

 

Michel Taube

Directeur de la publication