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17H25 - jeudi 10 octobre 2019

Sylvie Goulard recalée, Michelin va fermer son usine de La Roche-sur-Yon, sida, paludisme, tuberculose, Nobel de littérature, l’actualité du 10 octobre en 4 photos

 

Le Parlement européen recale Sylvie Goulard, un cuisant revers pour Macron

Sylvie Goulard lors de son audition au parlement européen le 10 octobre 2019 à Bruxelles – AFP / Kenzo TRIBOUILLARD

 

Les députés européens ont infligé jeudi un revers humiliant au président français Emmanuel Macron, en recalant pour des raisons éthiques sa candidate à la Commission européenne, Sylvie Goulard, sous le coup d’une enquête judiciaire en France.

Emmanuel Macron a rejeté la responsabilité du choix de la candidate française sur la présidente de la nouvelle Commission. « J’ai proposé trois noms à Ursula von der Leyen. Elle m’a dit : je veux travailler avec Sylvie Goulard », a-t-il déclaré après l’annonce de l’échec de la Française, ajoutant avoir besoin d’explications de sa part. Le rejet de cette candidature, à une écrasante majorité de 82 voix contre 29 et une abstention, est également un coup sévère pour Ursula von der Leyen.

Elle l’a en effet choisie malgré les mises en garde sur ses problèmes et lui a confié un énorme portefeuille regroupant le Marché intérieur, l’Industrie, la Défense, l’Espace, le Numérique et la Culture, doté de budgets de plusieurs dizaines de milliards d’euros.

« Le Groupe PPE (Parti Populaire européen) prend très au sérieux l’intégrité de nos institutions et nous ne pouvions donc pas la soutenir », a expliqué Esther de Lange, vice-présidente du Groupe PPE (droite), le plus important du Parlement.

« À Paris comme à Bruxelles, l’éthique doit prévaloir en politique, si nous voulons toutes et tous être de nouveau crédibles aux yeux de la population », ont pour leur part déclaré Michèle Rivasi et David Cormand, les co-présidents de la délégation écologiste française au Parlement.

« Je prends acte de la décision du Parlement européen, dans le respect de la démocratie », a écrit Sylvie Goulard dans un message sur son compte Twitter.

C’est la première fois qu’un candidat présenté par la France pour un poste de commissaire est recalé par le Parlement européen. Les élus avaient refusé en 2004 le candidat présenté par l’Italie.

Le décision d’Emmanuel Macron de désigner Sylvie Goulard avait surpris, car sa candidate est sous le coup d’une enquête qui l’a conduite à démissionner de son poste de ministre des Armées en juin 2014, un mois après sa nomination, avaient confié à l’AFP plusieurs chefs de partis politiques du Parlement.

« C’est l’arrogante transgression de cette évidence qui a fait chuter Sylvie Goulard », a commenté le français Arnaud Danjean, vice-président PPE du Parlement et spécialiste des questions de défense.

Le Parlement européen devait juger si les candidats présentés par les Etats membres ont les compétences requises pour le portefeuille qui leur a été confié par la présidente de la Commission et s’ils offrent toutes les garanties d’intégrité et d’indépendance.

Les élus ont décidé jeudi que Sylvie Goulard n’offrait pas ces garanties à cause des enquêtes menées par la justice française et par l’office anti-fraude de l’UE (Olaf) sur sa participation à un système d’emplois fictifs présumés pour son ancien parti, le MoDem, en rémunérant un assistant parlementaire en France avec les fonds européens accordés aux députés par le Parlement de Strasbourg.

 


 

Michelin va fermer son usine de La Roche-sur-Yon, plus de 600 salariés touchés

Un salarié devant le site Michelin de la Roche-sur-Yon le 10 octobre 2019, après l’annonce de sa prochaine fermeture – AFP / LOIC VENANCE

 

Le couperet est tombé : menacée depuis plusieurs semaines, l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, qui emploie 619 salariés, fermera d’ici fin 2020, a annoncé jeudi le géant français du pneu, une décision vivement contestée par les syndicats d’une entreprise jugée très rentable. Touchée par les difficultés du marché et la concurrence des pneus asiatiques à bas coûts, la marque au Bibendum avait déjà annoncé il y a deux semaines la fermeture d’ici à 2021 de son usine de Bamberg (sud de l’Allemagne), qui emploie 858 salariés pour produire des pneus de voitures.

La direction va proposer « un plan d’accompagnement des salariés » de La Roche avec des mesures de préretraite et des dispositifs de mobilité interne et externe, selon un communiqué du groupe. « Michelin donnera à chaque salarié concerné la possibilité de rester au sein de l’entreprise en France », promet le numéro deux mondial des pneumatiques, s’engageant en outre à lancer « un projet public-privé d’envergure pour donner un nouvel avenir au site » vendéen, qui fabrique des pneus poids lourds depuis 1971.

La décision de fermeture a été annoncée jeudi matin au personnel de l’usine, sur place, par des dirigeants de Michelin. Le ton est monté, certains salariés invectivant les responsables en criant « assassins », « menteurs » ou encore « escrocs », a constaté une journaliste de l’AFP.

« On a joué le jeu pour garder nos emplois. On nous a demandé sans arrêt de changer nos horaires et on l’a fait (…). Et le remerciement, c’est qu’on est licencié », a lancé, amère, Sandrine, 42 ans, dans l’usine depuis 2008.

« Notre objectif, c’est que tous les salariés retrouvent rapidement un emploi », et de « vérifier que l’emploi retrouvé est de qualité », au sein du groupe ou à l’extérieur, notamment sur « un territoire vendéen qui est très dynamique », a assuré  une source proche de la direction.

Par ailleurs, 74 personnes travaillant à l’usine de Cholet (Maine-et-Loire) à la fabrication de « mélanges de gomme » pour La Roche-sur-Yon « sont concernées par le projet de fermeture ». « Au-delà des mesures de préretraite », chacune « se verra proposer un nouveau poste sur le site » de Cholet, a précisé le groupe.

La fermeture de l’usine vendéenne aura aussi des répercussions sur les postes de 13 salariés à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 2 à Vannes et 1 à Poitiers, mais tous pourront rester sur leur site sans modification de contrat de travail, a indiqué à l’AFP la direction des ressources humaines de Michelin France.

 


 

Sida, paludisme, tuberculose : Macron fait le forcing pour boucler les 14 milliards

Emmanuel Macron (C), le styliste Olivier Rousteing (2e-G) et le chanteur d’U2 Bono (G), et le fondateur de Microsoft Bill Gates (D), à la conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme à Lyon, le 9 octobre 2019 – AFP / LUDOVIC MARIN

 

« On n’y est pas » : Emmanuel Macron a mis la pression sur plusieurs gouvernements, jeudi, pour réunir les 14 milliards de dollars nécessaires à la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en annonçant une hausse de 15% de la contribution française. « Je ne laisserai personne sortir de cette pièce ou quitter Lyon tant que les 14 milliards n’auront pas été obtenus », a lancé le président depuis la tribune de la conférence de refinancement du Fonds mondial de lutte contre ces maladies, qui rassemble 700 participants depuis mercredi à Lyon. « Tout à l’heure, nous les aurons », a assuré le chef de l’État en sonnant la mobilisation générale des contributeurs avant la clôture de la conférence jeudi.

Il a tout particulièrement sollicité le Japon, la Norvège et l’Australie, ainsi que les Emirats Arabes Unis, le Qatar et l’Arabie Saoudite, qu’il a appelés à se « réconcilier » diplomatiquement autour d’un effort financier commun en faveur du Fonds.

Le Fonds, créé en 2002, s’est fixé pour ambition d’éradiquer ces trois pandémies infectieuses à l’horizon 2030. Pour atteindre cette somme, contre 12,2 milliards de dollars lors de la dernière conférence, un effort sensible était demandé aux pays les plus riches. Après les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou le Canada, la France, historiquement le deuxième contributeur, a annoncé par la voix de M. Macron une hausse de 15% de sa contribution.

Celle-ci, stable à 1,08 milliard d’euros depuis 2010, devrait donc augmenter de 162 millions d’euros, soit 177,8 millions de dollars au taux de change actuel. De quoi décevoir les ONG. Un collectif de 12 organisations de la société civile, dont Aides, Oxfam, Solidarité sida ou Sidaction, avait réclamé une hausse « d’au moins 25% » pour la France, soit 270 millions, comme l’Allemagne l’a fait par exemple, ou le Canada en accueillant la dernière conférence en 2016.

« La pression que le président a mise sur les autres pays, c’est excellent », estime Florence Thune, directrice générale de Sidaction. « Mais avec une hausse de 15%, il fait le minimum syndical », a-t-elle déclaré.

« Des pays ont augmenté leur contribution ce (jeudi) matin, comme la Norvège, l’Irlande ou la Suisse, mais ça ne va pas suffire », a déploré Friederike Röder, directrice de l’ONG One France.

 


 

Le Nobel de littérature 2018 à Olga Tokarczuk, le prix 2019 à Peter Handke

L’écrivain autrichien Peter Handke, le 22 novembre 2012 à Salzbourg – APA/AFP/Archives / BARBARA GINDL

 

Le prix Nobel de littérature a été décerné jeudi à la Polonaise Olga Tokarczuk pour l’édition 2018, reportée d’un an après un scandale d’agression sexuelle, et à l’Autrichien Peter Handke pour 2019.

15e femme seulement à recevoir le Graal des écrivains depuis sa création en 1901, Olga Tokarczuk est récompensée pour « une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie », a déclaré le secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise, Mats Malm, à Stockholm.

Peter Handke est dinstingué pour une oeuvre qui « forte d’ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l’expérience humaine », a-t-il ajouté.

Tous deux succèdent au palmarès Nobel au romancier britannique d’origine japonaise Kazuo Ishiguro, auteur des « Vestiges du jour », consacré en 2017.

Olga Tokarczuk, 57 ans, est considérée comme la plus douée des romanciers de sa génération en Pologne. Son œuvre, qui compte une douzaine d’opus traduits dans plus de 25 langues, va d’un conte philosophique, « Les Enfants verts » (2016), à un roman policier écologiste engagé et métaphysique « Sur les ossements des morts » (2010), et à un roman historique de 900 pages « Les livres de Jakob (2014) ». Engagée politiquement à gauche, écologiste et végétarienne, l’écrivaine, la tête toujours couverte de dreadlocks, n’hésite pas à critiquer la politique de l’actuel gouvernement conservateur nationaliste de Droit et Justice (PiS).

Peter Handke, 76 ans, qui a publié plus de 80 ouvrages, est un des auteurs de langue allemande les plus lus et les plus joués dans le monde. Il publie son premier roman, « Les frelons », en 1966, avant d’accéder à la notoriété avec « L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty », en 1970, puis « Le malheur indifférent » (1972), bouleversant requiem dédié à sa mère. Le Nobel de littérature ? « Il faudrait enfin le supprimer. C’est une fausse canonisation » qui « n’apporte rien au lecteur », a-t-il un jour déclaré. Toutefois selon l’académie qui l’a appelé jeudi, il s’est dit très heureux et a assuré qu’il viendrait chercher son prix en Suède.

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